Togo - C’est dans une ambiance de curiosité et d’écoute attentive des populations à la base que se déroulent les séances régionales d’informations sur le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) entamées depuis mardi à Dapaong (environ 650 km de Lomé).
A Dapaong ou encore à Kara mercredi ou même à Sokodé jeudi, de fortes délégations des communautés à la base se sont mobilisées pour s’informer des raisons de la création du Fonds, ses mécanismes d’intervention et les possibilités pour elles de bénéficier de ce fonds. L’on notait la présence des préfets des différentes régions, les présidents des délégations spéciales, les représentants des différents ministères sectoriels, les groupements et unions de femmes, les représentants des banques et institutions de microfinance. Ces séances sont organisées en prélude au lancement officiel dudit Fonds prévu le 24 janvier prochain à Kara.
Le FNFI a été créé par décret pris en Conseil des ministres en décembre dernier et placé sous tutelle du Ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes. Il a un statut d’Etablissement public à caractère financier avec pour mission de rendre accessibles les services financiers à tous, surtout les plus pauvres, par l’entremise des banques et des Institutions de microfinance- ce que l’on appelle le principe du ‘faire-faire’.
Le Fonds devra renforcer les capacités financières et opérationnelles des institutions de micro-finance et les rendre plus aptes à faire face à la demande des citoyens qui n’ont pas accès au système de microfinance classique. Ce Fonds interviendra essentiellement à travers des appuis institutionnels aux structures de microfinance et aux populations cibles. Les appuis envisagés se feront sous forme de refinancement et de mise en place de lignes de crédit ciblant spécifiquement les couches les plus démunies.
‘’La mise en place du FNFI traduit la volonté de notre pays à réduire considérablement le taux de chômage à travers l’octroi de microcrédit aux couches les plus vulnérables pour l’exercice de leurs activités génératrices de revenus. Ce faisant notre pays s’engage à réduire la pauvreté, premier objectif du millénaire pour le développement’’ a indiqué visiblement soulagé le préfet de la Kozah, Badibawou Bakali, à l’ouverture de la rencontre de Kara.
Le secteur informel nourrit également de grandes ambitions à travers la mise en place de ce fonds.
‘’Mes attentes en tant que producteur de choux, de tomate, de gombo et de piment vert sont véritablement de pouvoir avoir accès au microcrédit une fois que le Fonds National de la Finance Inclusive sera opérationnel’’, a laissé entendre Clément Ouguilé, jeune entrepreneur résidant dans la préfecture de Dankpen à la sortie de la réunion à Kara.
‘’Mes activités de maraichage nécessitent des moyens financiers et donc j’aurai recours aux institutions de microfinance qui seront sélectionnées par le FNFI. Une fois que j’aurai obtenu du microcrédit, je pourrai multiplier par deux, voire trois, l’étendue de mes surfaces cultivables’’, espère Clément.
A quelques pas de lui, nous surprenons un groupe de femmes, membres du groupement +Halaheza+ en pleine conversation.
‘’Après toutes ces informations que nous venons de recevoir, je suis convaincue qu’une fois le FNFI lancé, ce sera du microcrédit pour tous les togolais, et en particulier pour nous femmes âgées et vulnérables. Nous pourrons désormais diversifier nos activités génératrices de revenus et ainsi subvenir aux besoins de nos familles’’ s’est exclamée en esquissant quelques pas de danse Abira Pré, première conseillère du groupement.
Les régions des Plateaux et Maritime seront également couvertes par ces séances d’informations ; ce jusqu’au 20 janvier prochain.
Financé actuellement sur fonds propres de l’Etat, le FNFI compte à terme diversifier ses sources de financement en mobilisant des Partenaires Techniques et Financiers comme la BOAD, la BAD, la BIDC, la Banque Mondiale et le Système des Nations Unies qui ont déjà donné leur adhésion à ce nouvel instrument au service des populations. Son objectif est de toucher en 5 ans, environ deux millions de bénéficiaires en termes de créations d’emplois, des activités génératrices de revenus, des micros, très petites, petites et moyennes entreprises.
Soulignons que le secteur de la microfinance s’est développé rapidement au Togo au cours des dix dernières années avec une clientèle qui est passée de 62 400 bénéficiaires en 1995 à 312 995 en 2004 puis à 1 333 934 au 30 juin 2013. Cependant, ces Systèmes de Financement Décentralisés sont inégalement répartis sur le territoire national, éloignant du coup les populations des services financiers de proximité du fait d’insuffisance de mécanismes d’accès à distance aux services financiers.
Le FNFI devra prendre également en compte les questions de ressources à coûts raisonnables pour les crédits mais aussi la garantie des opérations sur les activités jugées risquées.