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Togo: Lomé tourne au ralenti, tensions dans plusieurs quartiers de la capitale
Publié le vendredi 8 septembre 2017  |  AFP


© aLome.com par Parfait
La ville de Lomé vue de l`immeuble du CASEF
Lomé, le 22 juin 2015. Vue générale de la capitale togolaise, depuis l`un des principaux immeubles dominant le centre-ville de cette cité: le CASEF


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Lomé - Plusieurs quartiers de la capitale togolaise Lomé restaient barricadés vendredi par la population et des tirs de gaz lacrymogènes ont été observés dans la matinée, après 48 heures de manifestations massives pour des réformes et le départ du président Faure Gnassingbé.

Sur les grands axes de Lomé et dans des quartiers populaires, les commerces
sont restés fermés. Des camions de forces de l’ordre ainsi que des gendarmes
étaient postés aux carrefours, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Dans le quartier de Bè, où des échauffourées avec la police ont duré toute
la nuit selon des habitants, des groupes de jeunes ont dressé des barricades
avec des pierres et des pneus brûlés pour bloquer la circulation.
"Nous voulons qu’il parte (le président). Nous resterons là jusqu’à ce
qu’il parte. Nous sommes fatigués", hurlait un jeune posté dans la rue.
Dans la capitale, de nombreux habitants n’osaient pas sortir de chez eux
par crainte d’éventuelles violences. "Ca a duré toute la nuit", confie un
homme d’une quarantaine d’années devant sa porte. "Ne nous filmez pas, ne
donnez pas notre nom. Ils vont venir pour nous sinon."
De nombreux tirs de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre ont pu être
observés en milieu de matinée, et des colonnes de fumée s’élevaient dans
plusieurs endroits de la capitale.

Les réseaux téléphoniques fonctionnaient encore de manière très sporadiques
vendredi, et Internet était toujours coupé dans le pays.
Mercredi et jeudi, des Togolais sont sortis massivement pour manifester à
Lomé à l’appel d’une coalition de l’opposition (Cap 2015, le Groupe des six et
le Parti National Panafricain - PNP, rejoints par plusieurs partis mineurs).
Des manifestations ont également rassemblé des milliers de personnes dans
plusieurs villes du nord, dont Sokodé, Bassar, Dapaong et Bafilo, selon Aimé
Adi, directeur d’Amnesty International au Togo et des habitants.
A Bafilo, les manifestants ont occupé et bloqué toute circulation jeudi sur
la Nationale 1, principal axe reliant Lomé au nord du pays et au Burkina Faso
voisin, avant d’être dispersés en début de soirée par tirs de gaz lacrymogène.
Le calme était revenu vendredi, selon M. Adi.
Ces rassemblements, d’une ampleur inédite depuis les sanglantes émeutes qui
avaient suivi les élections de 2005, selon plusieurs observateurs, ont été
notamment rendus possibles par l’alliance de l’opposition, qui a longtemps
échoué à parler d’une seule voix.

- ’Trop tard’ -

Le gouvernement, soucieux d’apaiser la situation, a annoncé un projet de
réforme constitutionnelle réclamée depuis plus de dix ans par l’opposition,
validé en conseil des ministres la veille des manifestations.
Le Parlement devrait se réunir le 12 septembre en session extraordinaire,
afin d’examiner le texte, qui prévoit une limitation à deux mandats
présidentiels et un scrutin à deux tours.
Toutefois, le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, avait
laissé entendre mercredi à l’AFP que la limitation des mandats ne serait pas
rétroactive.

"Il n’y a pas de raison législative de le faire (...). Mais nous avons
besoin d’un consensus pour que cette réforme soit acceptée", soit les 4/5e des
votes au Parlement, avait-t-il dit.
Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour
l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, le docteur Ibn Chambas, qui se trouve à Lomé
depuis jeudi, a rencontré le président Faure Gnassingbé ainsi que le leader de
l’opposition, Jean-Pierre Fabre.
M. Chambas a déclaré à la télévision nationale avoir félicité le chef de
l’Etat pour sa main tendue, et encouragé l’opposant "à s’investir dans des
discussions avec le gouvernement pour faire avancer l’agenda des réformes de
manière définitive".

Depuis deux jours, responsables de l’opposition et manifestants réclament
désormais surtout le départ du chef de l’Etat, après 50 ans de main mise de la
même famille sur le pouvoir.
"Il est trop tard", a ainsi déclaré Jean-Pierre Fabre jeudi soir dans la
rue, entouré de milliers de partisans.
Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, le général Gnassingbé
Eyadéma qui est resté près de 40 ans au pouvoir, à la présidentielle de 2005,
avec l’appui de l’armée. De violentes manifestations et une féroce répression
s’en étaient suivies.
Il a ensuite été réélu en 2010 et en 2015, lors de scrutins très contestés
par l’opposition.

spb-cl/jpc

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