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Violence numérique au Togo, merci Cina Lawson
Publié le vendredi 8 septembre 2017  |  Compte Facebook de Gerry Taama


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
1ère édition de l`IT Forum Numérique au Togo
Jeudi 8 septembre 2016. Hôtel Sarakawa. Sous le parrainage de la ministre Cina Lawson de l`Economie numérique du Togo, Cio Mag (support d’information et de veille technologique au service des principaux décideurs du secteur IT en Afrique) a tenu la 1ère édition de l`IT Forum Numérique au Togo, devant un parterre de spécialistes locaux et étrangers.


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On ne le croyait pas possible, et pourtant, tu l'as fait. Nous couper internet. Je te fais ce court message non pas comme un leader politique s'adresserait aune ministre de son pays, mais plutôt comme un jeune qui s'adresse à un autre jeune, tous deux grands consommateurs des nouvelles technologies et de l'internet surtout. Et comme tu le sais, dans ce domaine, on se tutoie, on ne se prend pas la tête.
Donc tu l'as fait. Tu as coupé internet, et même le sms au Togolais. Et ceci depuis trois jours, depuis le 5 septembre 2017.


Le Togo qui laborieusement était en train de redevenir un pays normal, fréquentable, est donc de nouveau rentré dans le Guinness record de ces pays prédateurs de liberté où on coupe internet pour conserver le pouvoir. Des gens qui n'auraient même pas entendu parler des manifestations de l'opposition au Togo (c'est tellement courant) savent désormais qu'il y'a un petit pays d'Afrique où on coupe internet aux populations qui font des revendications politiques. Bravo à la publicité gratuite.

Et ceci pourquoi ? Pour empêcher, selon les dires d'un de tes collègues ministre, que les gens ne diffusent sur les réseaux sociaux des images qui incitent à la violence. J'ai à ce titre, quatre petits avis à te donner.
Le premier, c'est que sauf à bloquer définitivement Internet au Togo, le jour où tu le rétabliras, ces images vont sortir, et en masse. Peut-être être que la haac va faire voter une loi ou avant de publier un image sur whatsapp, il faudrait la soumettre pour approbation. Je voudrais simplement te rappeler que ce n'est pas les images qui font sortir les gens de chez eux. C'est la faim, le chômage, le désespoir. Les images de violence ne sont que la conséquence de la précarité dans laquelle nous vivons. En réalité, il y'a deux types de violence. La première est physique. La destruction des édifices publiques, les morts par balle, les blessés...

Et il y une seconde violence, plus meurtrière, mais à col blanc. Ce sont ces milliers de togolais qui meurent dans nos hôpitaux, faute de soins , ces gens qui s'éteignent subrepticement par désespoir de trouver de travail. A ces deux violence, tu viens d'en ajouter une troisième, la violence numérique. Aujourd'hui, internet et tous les services connexes sont devenus des moyens de travail pour des centaines de milliers de togolais. Et tu as choisis de les mettre violemment au chômage pendant tous ces jours. Violence numérique.
Ma deuxième observation est technique. Comment une grande diplômée comme toi n'as tu pas compris que pour bloquer les réseaux sociaux, il y'a juste deux ou trois services à restreindre, (Face book et whatsapp pour le Togo) et laisser le Web et les services de messagerie (e-mail) fonctionner. Je ne veux pas rentrer dans les détails, mais priver des centaines d'entreprises et de personnes actives de travailler, de communiquer par mail ou Voip et de naviguer sur le Web est une faute technique lourde. Tu veux faire du Togo un hub numérique, quel opérateur ira s'installer dans un pays où la sécurité numérique n'est pas garantie? Imagine un peu Carrefour installer un call center au Togo, et se retrouver à ne pas assurer la SAV durant 4 jours, parce-que les opposants manifestent.

Le troisième observation, est plutôt tactique, c'est que la communication est l'amie de la sécurité. Pour savoir ce que fait l'ennemi, (si tant est que l'opposition soit un ennemi) il faut le laisser communiquer, et trier dans le lot d'informations qui circulent, les éléments qui en feront un renseignement. Il est plus productif de me laisser communiquer et me mettre sur écoute que me bloquer la communication, me contraignant de ce fait et utiliser des méthodes peu traçables. C'est le baba du renseignement. Et pourquoi ne recrutez-vous pas du personnel qualifié pour donner du change sur les réseaux sociaux, au lieux d'empêcher tout le monde de travailler !

La quatrième observation est que ce n'est pas très malin. Les militants d'unir comme les opposants, y compris les 40% de notre population qui s'est refusée de voter à l'élection dernière sont tous lésés par cette mesure peu glorieuse. Si tu voulais priver votre parti des voix de ces personnes, tu ne pouvais pas t'y prendre autrement.

Et tout ceci pourquoi ? Nous avons fait deux jours de manifestations pacifiques. Le chef de l'État, conscient de la gravité de la situation, lance en urgence une procédure de réformes politiques.
Pourtant, ce que le monde entier retiendra, C'est qu'on coupe Internet au Togo pour des raisons politiques.
Mais il y'a tout de même un côté positif à tout ceci. Depuis trois jours, nous sommes nombreux à squatter la frontière ghanéenne. Ma voiture est devenu mon bureau. Les ministères et beaucoup de services publiques ont la connexion, eux. Ce n'est pas comme si l'administration était au service de la population. Mais passons.

En squattant Aflao, j'ai découvert avec une grande joie qu'au Ghana, quand on parle de connexion internet, c'est vraiment quelque chose. A coût de connexion plus réduit, mes emails mettent moins de temps pour partir, malgré mon téléphone kpayo. Nous avons pourtant eu l'indépendance à la même époque avec ce pays là. Mais que diable fiches-tu donc à ce ministère depuis toutes ces années? En dehors de nous couper internet et de nous faire toutes les années des annonces dont on ne voit jamais la couleur.



Gerry, blogueur, entrepreneur, et très remonté.
... suite de l'article sur Autre presse


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