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Les derniers amis africains de la Corée du Nord
Publié le lundi 11 septembre 2017  |  Le Monde Afrique




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Pyongyang exporte ses armes et va jusqu’à former les militaires sur le continent. Loin des regards de la communauté internationale, décrypte notre chroniqueur.


Par Sébastien Le Belzic (chroniqueur Le Monde Afrique, Pékin)


Le dernier essai nucléaire nord-coréen a beau faire rugir la communauté internationale, certains pays d’Afrique continuent malgré tout à commercer avec le régime ermite. Les échanges entre le continent africain et la Corée du Nord auraient atteint près de 200 millions d’euros en 2016.

Dans quelle ville peut-on trouver une avenue Kim Il-sung, l’ancien leader de Corée du Nord et grand-père de l’actuel dirigeant Kim Jung-un ? A Pyongyang bien sûr, mais aussi, plus surprenant, à Kampala. La guerre froide est terminée, mais pas sur le continent, où il reste quelques irréductibles à soutenir encore contre vents et marées – et pour quelques poignées de dollars – la dictature nord-coréenne.


La Corée du Nord s’est ainsi fait une spécialité dans la construction de monuments imposants et au goût parfois douteux sur le continent. La société Mansudae Overseas Project a érigé ses statues dans neuf pays d’Afrique, comme en Namibie, le Mémorial de l’indépendance ou, au Sénégal, le Monument de la renaissance africaine.
Mais les statues ne sont pas la seule source de revenus en Afrique de Pyongyang.



«Activités à caractère clandestin»

"Si certains pays comme le Zimbabwe ou l’Ouganda ont officiellement pris leur distance avec la Corée du Nord, Pyongyang a conservé des liens économiques et militaires avec plusieurs pays africains, nous confirme Samuel Ramani, spécialiste de la Corée du Nord à l’Université d’Oxford. C’est le cas, notamment, de la Namibie, où deux conglomérats militaires nord-coréens opèrent depuis 2016 ; du Nigeria, qui a conservé des accords de coopération avec Pyongyang ; de l’Angola, de la Guinée équatoriale, de l’Erythrée et de l’Ethiopie, où des comptes bancaires du gouvernement nord-coréens sont hébergés et servent à acheter des armes".

Un rapport de l’ONU publié cette année confirme ces relations interdites entre de nombreux pays africains et la Corée du Nord.


Des relations qui concernent essentiellement la vente d’armes nord-coréennes que l’on a même retrouvées utilisées par des casques bleus en Centrafrique ! Un comble.

« Les enquêtes du groupe d’experts ont dévoilé l’existence par le passé d’un commerce d’armes et d’activités de coopération de la République populaire démocratique de Corée en Afrique, y compris des activités à caractère clandestin menées à grande échelle », souligne le rapport de 2017.
Onze pays africains sur cinquante-quatre ne respectent pas les mesures de sanctions votées par les Nations unies. « Pour beaucoup, il s’agit de pays en marge de la communauté internationale et qui ont besoin d’équipements militaires », précise Samuel Ramani.

Les enquêteurs de l’ONU tracent ainsi la livraison d’armes au régime de Joseph Kabila, notamment des pistolets automatiques pour la garde présidentielle. Le président congolais qui s’est pris d’affection pour la Corée du Nord à mesure que les pressions internationales pour qu’il quitte le pouvoir se faisaient plus pressantes. Ainsi, l’interception en août 2016 du Jie-Shun dans le canal de Suez. Ce navire nord-coréen transportait 30 000 rockets PG-7 à destination de RDC. Des armes cachées sous 2 300 tonnes de limonite, un amas d’hydroxydes de fer microcristallin, en violation des résolutions de l’ONU.



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