Connu pour sa modération malgré son franc parler, les deux dernières sorties du président du CAR (Comité d’Action pour le Renouveau) Me Dodji APEVON a étonné plus d’uns, d’autant plus que le contexte actuel n’est pas aux tensions politiques habituelles. D’où l’interrogation sur la lecture politique à faire de cette radicalisation soudaine ?
Interrogé chez nos confrères de Kanal FM il y a quelques jours sur les enjeux des élections locales, le député de Lomé a ni plus ni moins appelé les Togolais à la révolte si celles-ci n’ont pas lieu dans les meilleurs délais. Peu habitués à des positions aussi radicales de la part de l’avocat, plusieurs observateurs se sont interrogés sur le but poursuivi. Pour beaucoup, ce fut une sortie de route à laquelle il ne fallait guère prêter d’attention particulière : « l’actualité étant un peu plate après les fêtes de fin d’année et en attendant de se lancer dans les joutes pré électorales dans quelques mois, Me APEVON voulait faire son beau et occuper l’espace médiatique » commente un cadre du bureau du parti.
Pourtant, il vient de récidiver ; pas dans les mêmes termes ni sur le même sujet mais avec autant de verve et de radicalisme. Prenant opportunité de la hausse du prix des produits pétroliers, le natif de Vo appelle à des manifestations pour faire reculer le gouvernement ; devançant ainsi les différentes associations du secteur comme celle des transporteurs ou encore celle des consommateurs. Mieux, il court-circuite aussi bien le CST (Collectif Sauvons le Togo) que l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement) davantage coutumiers de ce genre d’appels et volontiers manifestant.
Et c’est sans doute là qu’il faille chercher les raisons de ces sorties quelques peu inhabituelles de Me APEVON : la concurrence avec ces deux organisations. A l’heure où se jouent déjà les pokers menteurs entre les leaders en vue de la prochaine présidentielle, sur fond de vrai-faux débat sur la candidature unique et les états-généraux de l’opposition, le premier responsable du CAR ne veut pas laisser le terrain du radicalisme à Zeus AJAVON et à ses amis pour ne pas être marginalisé. Sur tous les sujets, lui et la coalition Arc-En-Ciel veulent faire entendre leurs points de vue et ne plus se laisser à la remorque ni du CST, ni de l’ANC. Ainsi, de l’adoption de la Loi de Finances à la hausse du prix des produits pétroliers, en passant par les déboires de Blaise COMPAORE, le parti des déshérités a pris position par des communiqués et interventions publiques, devançant le CST ou le laissant dans son silence.
Pas sûr cependant que cette stratégie soit suffisante pour passer devant cette organisation ou disputer à Jean-Pierre FABRE, le statut de leader de l’opposition et en bonne posture pour la candidature unique qui, sauf surprise, sera encore une fois l’arlésienne de 2015.