Dans la série des réactions suite à la proclamation des résultats provisoires des élections législatives du 25 juillet 2013, l’ambassade des USA au Togo a sorti un communiqué dans lequel, la représentation diplomatique invite « tous les partis politiques à respecter la volonté du peuple togolais » et salue « le travail de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ».
Les termes de ce communiqué nous poussent à nous interroger sur un certain nombre de points.
D’abord concernant la CENI. Même le fou du village sait que cette CENI est déséquilibrée et totalement acquise au pouvoir (14 membres sur 17 sont issus du pouvoir) alors que l’accord politique global, conforté par les accords d’avant l’élection présidentielle de 2010 exige une CENI paritaire entre l’opposition et le pouvoir.
Secondo, les élections proclamées ont été contestées par les deux principaux regroupements de partis politiques de l’opposition, à savoir le CST et la coalition Arc-en-ciel, ceux-là mêmes à qui l’on a fait la cour pour qu’ils participent effectivement à ce scrutin en vue de lui donner un semblant de crédibilité.
Ce qui signifie en clair que les deux parties, pour l’instant, doutent la fiabilité et de la sincérité des résultats présentés par cette CENI.
On peut supposer dans le cas extrême que ces contestations sont celles des mauvais perdants. On peut même imaginer que ce rejet des résultats par les deux regroupements est une fuite en avant qui ne repose sur rien de convainquant.
Mais dans tous les cas, leur contestation a ceci de particulier qu’il met tout observateur de la scène politique togolaise au moins dans le doute par rapport à la vérité des urnes.
Mais alors, en vertu de quoi, une représentation diplomatique dont la neutralité doit être un principe sacrosaint, peut se permettre d’inviter « tous les partis politiques à respecter la volonté du peuple togolais » dès lors que l’on ne connaît pas cette volonté de façon tranchée ?
En réagissant de la sorte sans pour autant situer le peuple togolais sur la traduction effective de sa volonté par la CENI, Robert Whitehead a nécessairement manqué de tact et de diplomatie.
Alors la question suivante vient à point nommée. Quelle est la volonté du peuple que l’ambassade des USA demande aux partis politiques de respecter ? Celle que UNIR dit détenir et dont sa CENI vient de proclamer ou celle au nom de laquelle les deux regroupements se réclament ?
Que Robert Whitehead demande à tous les partis, à la veille de ce scrutin, d’œuvrer pour que la volonté du peuple soit traduite dans les urnes et qu’elle soit respectée par les partis après le scrutin, l’on comprend.
Mais qu’il dise tout de go, pendant que les résultats proclamés à la suite de scrutin sont contestés par une bonne partie des acteurs en jeu, cause problème et donne le regrettable sentiment que Robert Whitehead, qui s’était impliqué pour initier le mini dialogue d’avant ce scrutin a décidé de jeter les pavés dans la marre sans subtilité ni tact.
Si cet ambassadeur a la vérité des urnes, qu’il la mette à la place publique pour situer tous les togolais de sorte que nous tous, nous prenions une position claire. Mais s’il ne l’a pas vraiment, il aura tort d’en rajouter à la confusion dans la tête de tous les togolais par une invite dont on ne comprend pas sincèrement le sens.