Les années 1990 ont marqué le changement dans le pré-carré africain avec comme point de repère le discours de la Baule prononcé par l’ancien Président français, François MITTERAND.
Un peu partout en Afrique, des Chefs d’Etat considérés, à l’époque, comme indéboulonnables, avaient connu des fortunes diverses.
Ce vent de renouveau a connu son coup d’arrêt au Togo lorsque EYADEMA qui bouclait déjà 26 ans au pouvoir, avait résisté à la bourrasque et triomphé de son opposition incapable de pragmatisme.
Et pour cause. Les Togolais que nous sommes, aimons le suivisme, mais nous étions pour la plupart, politiquement incultes et cela nous a joué de vilains tours.
En effet, nous avions vu nos voisins béninois agir ; mais nous avons mal intégré leur savoir-faire politique parce que dans notre pays, nous avons toujours souffert d’un mal incurable qui a pour nom : immédiateté c’est-à-dire ici et maintenant, sans jamais chercher à maitriser les contours de ce que nous avons vu faire.
En 1991, les Togolais avaient organisé, à l’instar de leurs frères du Bénin, la Conférence Nationale que nous avions poussé l’outrecuidance de déclarer souveraine parce que nous avions ciblé un homme qui était dans notre ligne de mire. Cet homme s’appelait GNASSINGBE EYADEMA qui était venu au pouvoir pour avoir rendu service à la France.
En revanche, Mathieu KEREKOU, à l’époque Président du Bénin, était un révolutionnaire vomi qui n’était pas en odeur de sainteté avec la France.
Alors que les Béninois avaient agi dans le respect absolu de KEREKOU, les Togolais avaient fait tout le contraire.
A la Conférence Nationale Souveraine, les Togolais de la diaspora s’étaient accaparés de la parole et avaient fait la pluie et le beau temps au mépris des réalités intrinsèques du terrain. Leur show a été improductif.
EYADEMA avait alors été injurié, humilié, trainé dans la boue, dénigré et qualifié d’illettré et d’ignare bref, traité de tous les noms d’oiseaux et d’animaux. Tout le monde avait alors cru que les venus de France comme on les appelait, allaient briser le cercle vicieux de la dictature implacable et lever la chape de plomb qui broyait les Togolais dans leur âme et conscience. Tous le Togolais avaient cru que les jeux étaient faits et que le pouvoir était désormais dans la rue. Et c’était le défoulement de tous les instants. L’euphorie était à son comble. Chaque retour de Gilchrist OLYMPIO, le leader de l’opposition, était un événement qu’il fallait vivre.
L’opposition avait tous les atouts au sortir de la Conférence Nationale Souveraine. KOFFIGOH était Premier Ministre et goûtait aux délices du pouvoir.
Malheureusement, l’opposition n’avait jamais anticipé et n’avait pas de plan B. La stratégie de nos soi-disant libérateurs c’était le dénigrement, la surenchère, les injures, les insultes gratuites, mensongères, les amalgames bref la démagogie populiste dans sa forme la plus cynique et la plus vile.
Toutes ces incohérences et inadéquations ont permis à EYADEMA qui avait plié mais n’avait pas rompu, de remonter progressivement la pente et de retrouver du poil de la bête.
Il y a lieu de souligner que l’opposition togolaise, hier et aujourd’hui, manque totalement de vision politique. Ses approches sont toujours caractérisées par l’intolérance, l’intransigeance et la démagogie creuse.
En 1990, l’internet n’existait pas. La presse privée aussi était inexistante.
Aujourd’hui, il existe une floraison de moyens de communications qui ont pour noms internet, les réseaux sociaux et tout ce qui s’y rattache.
Une fois encore, les Togolais de la diaspora sont descendus dans l’arène à travers les nouveaux moyens technologiques de communications pour bousculer la donne. On exige pêle-mêle la démission de Faure comme si le régime est à terre. Quand on lit ce qui est publié sur les réseaux sociaux, on comprend aisément que ceux qui ont quitté le Togo il y a 10 ou 15 ans, sont déphasés.
Faure GNASSINGBE n’est nullement dans la même posture que son père en 1990. Il a réalisé, en douze (12) ans, ce que son père n’a pas réussi en 38 ans. Pas même la moitié. Et les preuves sont là.
Mais nous sommes sur un terrain politique. Et le problème se pose en terme de verre à moitié vide et à moitié plein. Les détracteurs ne pensent pas à la même chose que les partisans.
Faure a un bilan honorable à défendre. On ne doit pas le traiter comme un chien. Surtout quelqu’un comme Tikpi ATCHADAM qui n’a jamais dirigé un troupeau, ne doit pas chercher à humilier Faure parce qu’il est le fils de son père.
Certes, on nous répondrait qu’au Togo, il y a l’impunité et l’ethnicisme. Nous sommes d’accord. Mais ces deux phénomènes sont palpables dans beaucoup de pays africains. Nous ne sommes pas les pires.
Faure a été victime du système que son père lui a légué. L’héritage était lourd. Mais ce qu’il a fait est très appréciable. Il lui faut donc du respect. Parce qu’il est humain et tout être humain est fatalement soumis aux pesanteurs qui sont les siennes.
Nous ne faisons pas l’apologie de Faure GNASSINGBE. Mais nous sommes prêts à affronter tous ses détracteurs sur les médias pour débattre sans passion.
Tous ceux qui poussent aujourd’hui Faure à la démission doivent cesser leurs gamineries politiques. Car, Faure, somme toute, ne laisse personne indifférent.
Si Faure démissionnait aujourd’hui, il laissera place à qui ? En application de quelle disposition constitutionnelle puisqu’il n’a pas commis de haute trahison ?
Ou bien seule la volonté de Tikpi ATCHADAM ou de l’attelage hétéroclite des 14 partis de l’opposition dont la plupart sont en perdition, doit l’emporter?
A notre connaissance, l’opposition togolaise avait raté plusieurs occasions historiques faute de réflexions approfondies à chaque moment de l’évolution de notre histoire politique.
Le 05 Octobre 1990, rien n’avait été verrouillé.
Le 05 Février 2005, rien n’avait été prévu.
Si Faure démissionnait, ce sera l’inconnu, l’incertitude et au bout de compte, l’aventure. Car, inévitablement, le pouvoir va rapidement diviser, à la moindre secousse, ceux qui aujourd’hui se présentent comme des alliés. Après le départ de Faure, la lutte pour le pouvoir sera si exacerbée que personne ne pourra prévoir de quoi demain sera fait.
Nous règlerons nos problèmes par le dialogue même si guerre il y a. C’est pourquoi d’ores et déjà, la meilleure approche, c’est de retirer l’exigence de la démission Faure.
Car, à l’impossible, nul n’est tenu. Faure n’est pas seul au pouvoir. Il a des soutiens au sein du peuple. Et pas des moindres. Il faut donc savoir raison garder.