En politique comme en toute chose, il y a toujours un temps pour tout. Le combat politique au Togo a été des plus rudes ces derniers mois du fait du projet électoral initié et conduit de bout en bout par le pouvoir de Faure Gnassingbé.
Les acteurs politiques de l’opposition comme du pouvoir se sont défoncés, autant que faire se peut, pour s’assurer une présence effective dans l’arène politique à travers des argumentaires, des démonstrations, des développements parfois acerbes et discourtois dans un camp comme dans l’autre.
Ce phénomène, en réalité n’est pas spécifique, ni atypique au Togo, c’est un peu l’habitude dans tous les pays au moment des joutes électorales où chaque acteur se trouve le moyen de charmer le peuple pour conquérir son suffrage.
Au Togo, ce combat a été sanctionné dimanche par la proclamation par la CENI, des résultats provisoires supposés être issus des urnes.
Ils ont été aussitôt contestés par les deux grands regroupements politiques de l’opposition, le CST et la coalition arc-en-ciel qui estiment avoir été victimes d’une « mascarade électorale » organisée exprès par le pouvoir de Faure Gnassingbé pour se tailler la part du lion.
C’est de bonne guerre d’autant que la Constitution tout comme le code électoral donne les moyens à tout parti politique de contester les résultats d’une élection dès lors qu’il dispose des éléments palpables pour fonder cette contestation.
Pour l’instant, le pouvoir, par tact ou par stratégie politique, n’a pas encore jugé utile de réagir par rapport aux faits qui lui sont reprochés par les leaders de l’opposition.
Mais le principe est et demeure que les deux regroupements dont la participation a donné du crédit à ce scrutin n’acceptent pas les résultats qui ont été présentés au peuple togolais à l’issue de ce vote.
Voilà donc qui consacre, une fois de plus, le cycle infernal bien connu au Togo, à savoir, élections, contestations, répressions, dialogue…..
Mais alors que faut-il faire pour mettre fin à ce cercle monstrueux qui plonge le pays dans un précipice continu ?
Dans un camp comme dans l’autre, il se pose un besoin évident d’efforts « surhumains » à faire pour dépassionner le débat politique, mais surtout aussi pour donner une part de chance à l’intérêt national, à l’intérêt du peuple.
Dans ce schéma, la responsabilité du camp au pouvoir est grande, d’autant plus grande qu’il lui revient, pour l’essentiel, de donner la preuve qu’il tient ce pouvoir du peuple et qu’il l’exerce dans l’unique et inalliable intérêt du peuple.
Cela suppose, a priori que les tenants du pouvoir sont bien loin, dans leur mental, de faire de l’exercice du pouvoir, une fin en soi, un piédestal de jouissance et de complaisance avec lequel ils narguent et torpillent les adversaires politiques.
Lorsque l’on se retrouve avec un tel état mental, il exerce le pouvoir avec désintéressement, avec raffinement et dignité au point de faire des rendez-vous électoraux des occasions de franchise et d’honnêteté vis-à-vis du peuple souverain.
« Le peuple m’a investi d’une mission pour une période donnée, je suis à la fin de cette mission, j’en rends compte, quitte à ce peuple de me décerner un nouveau mandant ou de le confier à une tierce personne. Dans tous les cas je ne considérai jamais mon départ du pouvoir comme une défaite mais une simple fin naturelle de mission dont je garde les plus beaux souvenirs ».
Voilà la mentalité qui convient le mieux pour un dirigeant digne qui se présente devant son peuple à l’issue de son mandat.
Certes, cet état d’esprit idéal que nous recommandons aux dirigeants et qui est reconnu aux grands hommes de ce monde, n’est pas naturel ou instinctif, il est plutôt le fruit des exercices quotidiens et continus fondés par un désir profond et intime de servir plutôt que d’être servi.
Des grandes âmes comme Nelson Mandela d’Afrique du Sud ou la Reine Elizabeth II d’Angleterre ont vécu et démontrer par leur entrée dans l’histoire et leur immortalité, tout l’intérêt de cet état d’esprit dont nous parlons ici.
Ils ont vécu et dirigé les hommes avec cette foi sublime d’appartenir à une puissance universelle et éternelle dont ils ne sauraient réduire les dimensions avec des considérations primaires et égoïstes propres à la chaire totalement périssable.
Lorsque l’on se retrouve réellement dans cet état d’esprit, il n’a plus en sein, de place pour la haine, la vengeance, la peur du lendemain, l’accumulation des intérêts matériels, l’avidité à la gloire qui ne flattent en réalité que l’égo humain.
Il a juste le temps pour aller à l’essentiel, droit au but, à ce but ultime qui consiste à assurer l’épanouissement et le bien-être individuel et collectif des citoyens dont il a la charge.
Les dirigeants actuels du Togo sont-ils prêts à emprunter cette voie du salut dans l’intérêt bien compris du peuple ? La question reste entièrement posée dès lors qu’ils se sont déjà rendus coupables de multiples préjudices dont ils ont peur de se faire rattraper une fois hors du pouvoir.
Quant à ce qui concerne l’opposition politique au Togo, elle a, naturellement fort à faire pour mériter, d’accéder un jour au pouvoir. « Faites les petites choses de chaque jour comme les grandes, afin de mériter, s’il vous en est donné un jour, de faire les grandes comme les petites » écrivait le philosophe chinois Confucius.
Cette assertion résume tout l’exercice auquel les leaders de l’opposition togolaise doivent s’adonner, des années durant, avant de mériter de grimper l’échelon du pouvoir.
Quel est l’objectif réel des leaders de l’opposition au Togo ? Chercher à tout prix à accéder au pouvoir pour en jouir ou solliciter au peuple son pouvoir pour mieux lui servir ?
Selon que l’on se retrouve dans l’un ou l’autre cas, l’état mental change radicalement et l’attitude vis-à-vis du peuple aussi.
Les opposants au Togo auraient tort de s’imaginer qu’ils peuvent absolument conquérir la confiance du peuple averti pour accéder au trône à partir de simples sempiternelles dénonciations et protestations contre les manquements, les carences et les dérives des dirigeants actuels. Impossible.
La formule magique, la panacée contre les dirigeants défectueux vient fondamentalement des valeurs morales, intellectuelles, spirituelles que l’on leur oppose. Ces valeurs, elles-aussi s’acquièrent au prix des efforts quotidiens de catharsis intérieur, de remise en cause permanente, du dépassement de soi et d’une culture rigoureuse de résultat.
Qui parmi les leaders actuels de l’opposition s’adonne à un tel exercice pour irradier au finish les qualités d’un meneur d’hommes, d’un dirigeant désintéressé et dépassionné, résolument calibré sur les intérêts exclusifs du peuple ?
Difficile pour nous de répondre avec certitude à une telle question. Mais s’il y en a réellement parmi eux qui en ont fait un objectif, l’on doit pouvoir le percevoir de par leur attitude, leurs discours, leur approche politique et humaine.
Ils doivent disposer, au-delà des contestations, des dénonciations et des protestations, d’autres munitions appropriées pour démolir le pouvoir en place et le faire remplacer par une nouvelle équipe mue par un objectif ultime de tirer le Togo et le peuple togolais vers le haut.