L’opposition togolaise a déclaré mercredi maintenir son appel à manifester la semaine prochaine, malgré une interdiction d’organiser des marches "en semaine", décrétée la veille par le pouvoir.
Quatorze partis politiques ont appelé leurs partisans à marcher contre le pouvoir du président Faure Gnassingbé, "le mercredi 18 et jeudi 19 octobre", a expliqué à l’AFP Eric Dupuy, porte-parole de l’Alliance nationale pour le changement (ANC).
"Celle du mercredi 18 aura pour chute l’esplanade de l’Assemblée nationale et celle du 19 prendra fin devant les bureaux de la Cédéao", l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest, a-t-il indiqué.
M. Dupuy a également fait savoir que l’opposition avait agi dans les règles en informant de la tenue des marches, dans les délais légaux. "Si le pouvoir décide de violer la loi, le peuple ne la respectera pas non plus", conclut-il.
Mardi soir, le ministre de l’Administration territoriale, Payadowa
Boukpessi, avait décrété que désormais, "les marches seront interdites en semaine" mais que les gens pouvaient tenir des meetings sur un lieu fixe. "En week-end, c’est-à-dire les samedis et dimanches, ils peuvent faire leur marche", a-t-il ajouté, assurant que cette mesure était prise pour éviter les "violences" et les "dérives" qui ont eu lieu, selon lui, lors des dernières manifestations de l’opposition.
Celle-ci avait annoncé peu auparavant l’organisation d’une nouvelle marche le mercredi 18 octobre dans le cadre d’une réforme constitutionnelle controversée.
L’opposition est mobilisée depuis près de deux mois, pour demander que le nombre de mandats présidentiels soit limité à deux et la démission du président Faure Gnassinbgé, au pouvoir depuis 2005 et héritier d’une famille à la tête du Togo depuis 50 ans.
Le gouvernement compte organiser un référendum pour faire adopter une
réforme prévoyant notamment cette limitation des mandats présidentiels, mais la mesure n’est pas rétroactive, permettant à M. Gnassingbé de se présenter aux scrutins de 2020 et de 2025.
La semaine dernière, la Cédéao, l’Union africaine et le Bureau régional des Nations unies avaient estimé que le projet de loi constitutionnel proposé par le gouvernement était "une étape importante pour mettre le Togo en conformité
avec les normes démocratiques".
L’opposition rejette ces appels au compromis et a également annoncé son refus de rencontrer la délégation de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) qui devait arriver mardi au Togo pour trois jours.
Les manifestations engagées par l’opposition depuis la mi-août ont fait au moins quatre morts et des dizaines de blessés, notamment dans le nord du pays, nouveau foyer de la contestation populaire.
Des centaines de personnes se sont également réfugiées au Ghana le mois dernier, dénonçant des arrestations arbitraires et des violences de la part des forces de sécurité, ce que le régime dément.
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Faure Gnassingbé désormais seul arbitre pour trancher sur le referendum 2017 Publié le: 9/10/2017 |