Le reggaeman Bibish Mola fait partie des artistes qui soutenait Faure Gnassingbé. Son engagement pour la réélection du rejeton d’Eyadema a été total en 2015. Mais aujourd’hui, il lui demande de quitter le pouvoir. Voici ses raisons.
Volte-face
Il a fallu un peu plus de deux ans, après la dernière présidentielle, pour que l’artiste reggae BibishMola se rende compte qu’il a fait le mauvais choix, qu’en principe, ses compatriotes ont besoin de l’alternance et que Faure Gnassingbé qui est dans son troisième mandat de cinq ans après un règne de 38 ans de son père (1967-2005) doit quitter le pouvoir. C’est sur thisisafrica.me/fr qu’il assume sa volte-face.
Celui qui dit se définit « comme un Africain d’origine togolaise » estime aujourd’hui que c’est « une erreur d’avoir cru, comme beaucoup de Togolais, au programme de société qui n’était qu’une illusion que nous avait vendu Faure en 2015 ». Il précise qu’il n’est plus du côté du pouvoir cinquantenaire et admet avoir fait une erreur en soutenant le président sortant lors de la dernière élection présidentielle.
Radical…
Si certains disent qu’il est devenu radical contre le pouvoir qu’il défendait avant, lui, il répond qu’il s’agit du « discours de tout un peuple qui a radicalement changé ». Et d’ajouter qu’à titre personnel, il ne peut ne pas défendre la cause du peuple. BibishMola assume réclamer le départ du pouvoir de Faure Gnassingbé. « Et je n’arrêterai pas avant de le voir quitter la présidence. D’ailleurs je le disais même avant 2015. Et après Faure, je continuerai par dénoncer toute mauvaise gouvernance », martèle-t-il.
En couple avec une proche de celui qui aspire faire un bail à vie sur le Togo, l’artiste révèle que son engagement aux côtés des opprimés lui vaut « des menaces directes et indirectes ». « En parlant de menace, je vous donne un seul exemple d’un militaire en mission au Mali que je connais bien sur facebook qui m’a ouvertement dit ceci (OK oncle, je reviens pour te dire que je te suis depuis le Mali, mesure bien tes mots, pour ne pas être surpris. Je suis désolé) dans un commentaire de ma vidéo le 23 aout 2017. Vous pouvez encore aller voir sur facebook. J’ai aussi eu des appels anonymes me disant de refaire une vidéo pour présenter des excuses publiques à Faure, sinon pas la peine de revenir au pays (Il est actuellement en Europe, NDLR)», révèle-t-il.
La voix des sans voix dit avoir perdu des amis dans son engagement contre Faure mais également retrouvé d’autres. Il insiste en outre sur le fait que « C’est dans la rue que nous devons pacifiquement nous exprimer, c’est simple et légal. Et si le président fait semblant de ne pas nous entendre et nous méprise, alors nous serons obligés de commencer la désobéissance civile ».
Il compte revenir au pays et participer aux manifestations réclamant prioritairement le retour à la Constitution de 1992 et rappelle « que dans une guerre, tout le monde ne va pas au front au même moment ». Son message pour Faure Gnassingbé reste qu’ « Il y a une vie après la présidence ».