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Contre un mandat de trop de Blaise Compaoré et de Faure Gnassingbé au pouvoir
Publié le mercredi 22 janvier 2014  |  Liberté hebdo




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Afrique - Qui veut aller loin ménage sa monture. Cet adage populaire, les Burkinabés semblent l’avoir compris et se font déjà signaler, décidés à envoyer à la retraite Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987 mais qui veut rempiler en 2015. 2015 c’est encore loin, mais ils manifestent déjà pour faire passer le message. A contrario, le peuple togolais avec qui ils partagent le même combat est là, spectateur ; pour se réveiller sans doute au dernier moment alors qu’il sera trop tard.


Les Burkinabés se font déjà signaler

On savait depuis décembre 2013 où Blaise Compaoré a évoqué l’idée d’un référendum pour modifier la Constitution, avouant ainsi ses intentions de rempiler au pouvoir, qu’il n’aurait pas la tâche facile. Et les hostilités sont visiblement lancées depuis ce samedi 18 janvier 2014 par l’opposition.
Ils étaient en effet, malgré le mauvais temps, plusieurs dizaines ou centaines de milliers de Burkinabés à descendre dans la rue, à l’appel de l’opposition, pour dire « non au pouvoir à vie », « non à la modification de l’article 37 », « non au référendum ». « Compaoré doit partir », « Compaoré Game-over », « Libérez Kosyam » (Palais présidentiel du Burkina, Ndlr), criaient-ils. Jeunes, vieux, hommes, femmes, habillés aux couleurs du maillot national ou dans des faso dan fani (la tenue imposée sous la révolution de Thomas Sankara), munis de balais à brosse, de balais végétaux ou de balais de paille, en référence au Balai citoyen, l’une des organisations de la société civile qui a appelé à manifester et qui veut envoyer Compaoré « à la retraite en 2015 ». Des pancartes explicites : « 1987. Je suis né, il était déjà au pouvoir » ou encore « Les cimetières sont pleins de personnes qui se croyaient indispensables »… Voilà un peu le décor ce samedi. Et aux côtés des traditionnels leaders de l’opposition, les dissidents du Congrès pour la démocratie et le progrès (Cdp, parti présidentiel) dont l’ancien maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, l’ex-député et par ailleurs chef traditionnel et ministre du Mogho Naaba (Empereur des Mossi, ethnie majoritaire), Victor Tiendrébeogo, ainsi que l’ancien président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré. Ce dernier est même arrivé sur les lieux du meeting, main dans la main avec Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition, lui-même un cadre du parti au pouvoir dans les années 1990. Ils étaient là pour dénoncer la « mauvaise politique du gouvernement » et la volonté de Compaoré de « s’accrocher au pouvoir».

«La mobilisation de ce matin est historique. Le monde entier sait qu’au Burkina, le peuple s’est mis debout pour dire non au Ssénat et au pouvoir à vie ». « Faire un referendum sur l’article 37, c’est comme faire un référendum pour vérifier que les femmes sont de sexe féminin et les hommes de sexe masculin », a déclaré Zéphirin Diabré au meeting qui eut lieu sur la place publique principale de Ouagadougou, saluant au passage la «gigantesque mobilisation».

Cette journée de protestation a été observée dans les 13 régions que compte le pays où d’autres marches ont eu lieu, notamment à Koudougou (ouest) et à Bobo Dioulasso (Sud). Et ce n’est que le début d’une longue période de contestation qui devra aboutir au retrait de Blaise Compaoré du pouvoir en 2015. « Notre combat ne fait que commencer », ont tenu à signifier les manifestants.


Les Togolais « suivent Adjaho »

On abordait le sujet dans une récente parution, au lendemain des défections tous azimuts autour de Blaise Compaoré. Les peuples burkinabé et togolais sont confrontés au même problème, sont appelés à mener le même combat et dans la même année. Dans les deux pays, ce sont deux dirigeants parvenus au pouvoir dans des conditions sanglantes et qui ne veulent pas vider le plancher au terme de leurs mandats légaux, 2015. Les « Hommes intègres » eux, ils l’ont compris qu’il leur faut se lever tôt pour y réussir. Mais pas leurs camarades togolais qui partagent pourtant le même sort. Ils sont là, spectateurs et attentistes. « Ils regardent Adjaho », dira l’autre, faisant allusion aux films Ibo commentés sur la chaine TV Zion et qui captivent tant l’attention des Loméens.

C’est sans doute l’affaire des opposants. L’opposition burkinabé et les néo-démissionnaires du parti de Blaise Compaoré ont fait leur cette maxime qui dit que qui veut aller loin, ménage sa monture. Ils ont compris que même si 2015 est encore loin – c’est même relatif -, il faudrait enclencher la contestation très tôt. Et ce n’est là que « le début du commencement », pour parler en termes vulgaires. La pression devrait s’accentuer avec le temps, et un an de manifestations pourrait faire changer les choses. Elles auront l’effet d’attirer l’attention du monde entier sur Blaise Compaoré. Mais pour l’instant, l’opposition togolaise est attentiste, ses préoccupations visiblement ailleurs. Elle n’a pas encore commencé à régler ses querelles de clocher afin de parler d’une seule voix et enclencher quoi que ce soit. Et dans cette perspective, on parle de l’organisation des états généraux qu’une certaine frange rejetterait, l’autre se peignant comme la plus sincère – hum. Outre ces querelles existentielles, le Collectif « Sauvons le Togo » et la Coalition Arc-en-ciel ont la tête ailleurs.

Sur le plan politique et électoral, l’échéance la plus proche est sans doute les locales que le pouvoir Faure Gnassingbé n’est pas pressé d’organiser malgré les appels de l’Union européenne, des évêques du Togo et de la société civile. Le Cst et sa consœur de la Coalition réclament aussi son organisation, sans vraiment s’y investir. En février prochain, l’attention des leaders du Collectif « Sauvons le Togo » sera requise par l’affaire des incendies, notamment l’instruction de la plainte déposée par le patron de Centro, Bassayi Kpatcha. La Justice ayant reporté le procès à février 2014. De reports en reports et avec certainement d’autres coups tordus, les inculpés seront trimballés de gauche à droite sur de longs mois, et ainsi distraits sur les véritables questions d’enjeux dont les réformes institutionnelles et constitutionnelles et la problématique de la présidentielle de 2015. Le temps de se réveiller, il serait déjà trop tard.

Même si les locales sont réputées plus importantes pour l’enracinement de la démocratie à la base, doit-on pour autant les privilégier à la présidentielle (de 2015) qui est d’un enjeu incommensurable pour le pouvoir Faure Gnassingbé mais aussi pour l’avenir de la démocratie au Togo ? 2015, c’est encore peut-être loin, mais ne serait-il pas sage de lancer dès à présent les hostilités pour requérir les réformes et la non représentation de Faure Gnassingbé, plutôt que de le faire au dernier moment ? Toute initiative dans ce sens est sans doute du ressort de l’opposition, mais quid du peuple togolais ? Est-il prêt à répondre aux appels ou est-il « fatigué de la politique » et dans la logique de « tout ce qui m’importe, c’est de trouver de quoi manger » ? La question est légitime lorsqu’on se rend compte que même sur les questions d’ordre social, les Togolais sont indifférents et apathiques ; comme devant la dernière hausse des prix des produits pétroliers. Le débat est en tout cas lancé.

Tino Kossi

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