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Togo: La France va-t-elle condamner la répression de la dictature?
Publié le mercredi 25 octobre 2017  |  Mediapart


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Dernier panel des Side Events en marge du Sommet extraordinaire de l`UA du 15 octobre
Lomé, le 14 octobre 2016. Site des Side Events. 10ème panel des évènements parallèles aux travaux du Sommet du 15 octobre consacré à la "Coopération interétatique en matière maritime": Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense.


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La France va-t-elle condamner la répression de la dictature? Il y a un devoir moral et politique à soutenir un peuple qui se révolte pour sortir de l'oppression. Car ne pas écouter un peuple qui veut se libérer du joug dictatorial, c'est l'enfoncer dans la désespérance. Le combat pour la liberté est un combat civilisationnel.


Avant-hier au Rwanda, hier au Burkina Faso, aujourd'hui au Togo, la France change de président de la République mais se vautre et s'enlise parfaitement et impassiblement dans les mêmes erreurs en soutenant par un silence coupable et jusqu'au bout les dictateurs qui martyrisent leur peuple. Pendant qu'au Togo une répression sauvage et meurtrière s'abat sur des populations civiles, aucune voix de haut rang ne s'élève pour condamner cette barbarie. Disons-le tout de suite. Quels intérêts la France défend-elle de cette façon en méprisant les libertés des peuples en Afrique et au Togo en particulier? Quel bonheur construit-on au pays qui se targue d'être la patrie des droits de l'homme en soutenant des dirigeants qui n'en sont pas? Peuple français, depuis plusieurs semaines, le Togo, sur l'ensemble de son territoire, est en ébullition. Les citoyens ordinaires réclament la liberté, le respect des droits élémentaires de l'homme ou de la femme aspirant à vivre dignement. Ils veulent vivre dans une démocratie comme cela se pratique dans nombre de pays "civilisés". Est-ce trop demander? Est-ce un crime?

Au lieu de cela, la soldatesque du régime de Faure Gnassingbé, un régime corrompu jusqu'à la moelle, tyrannise, violente, sème la terreur et tue les civils aux mains nues, les pourchassant jusque dans leur domicile. Des jeunes, des adultes, des hommes et des femmes sont arrêtés et jetés en prison au mépris des lois. Toute chose qui atteste bien que nous sommes dans la dictature la plus brutale, la plus archaïque et la plus cynique du continent. Et cela dure depuis cinquante ans. Un demi siècle d'une autocratie qui a assassiné des milliers de citoyens togolais et poussé une partie de sa jeunesse ou de ses forces vives à l'exil, avec la complicité des présidents de la cinquième République.

Faut-il encore le rappeler, la France par le biais de la Direction de la Coopération Intérieure du Ministère de l'intérieur, de la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense du Ministère des Affaires étrangères, met à la disposition de cette armée togolaise qui tue en ce moment les citoyens qu'elle est censée protéger, des coopérants policiers et militaires instructeurs qui conseillent au plus haut niveau du commandement militaire au Togo et forment ces soi-disant "force de l'ordre et de sécurité" qui entraînent le pays au bord du gouffre. On peut s'attendre d'un pays comme la France qu'il soit à la pointe de la défense de la liberté, de la démocratie et des droits de l'homme. Valeurs que la patrie de Montesquieu clame dans les discours officiels, mais qui peinent à se traduire en actes concrets en direction de ceux qui se battent pour y accéder.

Avec courage et détermination, les Togolais affrontent désormais sans peur cette soldatesque. Ils crient leur colère et leur ras-le-bol. Ils veulent se débarrasser d'un régime prédateur, cynique, malfaisant et hideux. Avec la volonté affichée d'exacerber les tensions et de créer le chaos, le bras armé de ce régime brûle le siège du Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam, le leader politique qui met à mal la mythologie du Nord contre le Sud, qui a servi pendant cinquante ans à saigner le peuple togolais. Il déjoue toutes les stratégies éculées d'un régime aux abois. Ces nervis arrêtent par dizaine des jeunes et des moins jeunes et les jettent en prison.; ils poussent des femmes et des enfants, des hommes et des vieux à passer les frontières du Ghana ou du Bénin pour y trouver refuge. La sauvagerie de ces monstres en habit est bien connue et leurs forfaits ont fait le tour du monde des médias du monde entier. Ce sont des faits répertoriés dans les hôpitaux qui ont pris en charge les malheureuses victimes. Par ailleurs, le gouvernement décrète que l'opposition ne peut manifester dans les rues les jours ouvrés, alors que la liberté de manifestation est bien inscrite dans la constitution. Dans quel système normal trouve-t-on de telles graves violations des droits de l'homme?

Mieux encore, devant cette situation, Faure Gnassingbé reste muet. Une stratégie qui ne laisse à l'opposition aucun autre choix que celui de continuer à manifester de façon non-violente pour créer une situation de crise profonde et grave qui contraindra le dictateur à négocier. Le seuil de gravité est atteint. Mais l'autocrate s'arc-boute sur la mythologie de l'ethnicisation du pouvoir qui lui fait dire: "Si je prolonge mon pouvoir, avec mon clan et un discours ethnisant, c'est pour empêcher que vos ennemis de l'autre ethnie ne m'y remplacent. Excluons-les préventivement" et durablement. C'est ce que le père de Faure, le dictateur Gnassingbé Eyadéma, a pratiqué de 1967 à 2005. Le fils qui lui a succédé a de qui tenir et applique lui aussi la même funeste recette. La suite, c'est l'accaparement des richesses produites dans le pays, le gangstérisme politique, la paupérisation des masses populaires et surtout le trucage des scrutins électoraux, l'inféodation des structures et appareils étatiques au prince, permettant de légitimer en façade le régime de dictature, lequel est exécré en profondeur par le peuple.

C'est tout ceci que le président Macron cautionne par son silence, alors qu'il déclarait, il n'y a pas si longtemps à la tribune de l'ONU, que "le devoir de la France est de parler pour ceux qu'on n'entend pas", "ces voix oubliées" que lui, président nouvellement élu de la France, veut porter. Alors nous posons la question: la voix du peuple togolais qui ne veut plus d'une dictature dynastique ne peut-elle pas être entendue, défendue et soutenue ? Ou alors, cette voix-là est-elle si méprisable, si détestable, si indigne au regard des intérêts "sacrés" de la Françafrique?

Le Togo est à un tournant de son destin politique. Ce qui surprend et déstabilise la dictature à Lomé, voire l'empêche de dormir, c'est la percée du leader du PNP, Tikpi Atchadam. La vision de ce dernier pour la destitution de la dictature est fondée sur la non-violence qui vise à "la liquidation du régionalisme et du tribalisme", telle que le concevait Frantz Fanon à l'égard du système colonial. Régionalisme et tribalisme qui ont été pendant cinquante ans les deux mamelles nourricières de la dictature au Togo. Pour y parvenir, il y a la nécessaire prise de conscience et la conviction primordiale que le peuple ne peut se libérer de l'oppression qu'en totalisant ses forces. Vaincre ce monstre, c'est l'affaire de tous et de chacun. C'est ce souffle-là que Tikpi Atchadam a su apporter à la mobilisation au Togo.

Notre conviction est faite: les dirigeants qui aiment la paix, la justice, la liberté, le respect de la dignité des droits des Hommes grandissent et s'honorent toujours, à la dimension d'un Nelson Mandela, en défendant la cause du peuple qui ne demande qu'à vivre dignement dans la paix. Ceux qui s'en détournent ratent le train de l'histoire des peuples qui se libèrent du joug de la dictature.

Il est souhaitable que toutes les forces vives africaines qui chérissent la liberté, la démocratie, les droits de l'homme, et qui veulent que l'on tourne définitivement la page des dirigeants prédateurs, voleurs d'élections et de deniers publics se tiennent aux côtés du peuple togolais pour l'aider à faire naître le nouvel Homme togolais.
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