Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Togo    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Autre presse N° 001 du

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

Pourquoi Afrique Asie a cessé de paraître
Publié le dimanche 12 novembre 2017  |  Afrique Asie


© aLome.com par Parfait & Edem Gadegbeku
Ouverture solennelle des 44ème Assises de l`Union internationale de la presse francophone par le PM togolais Selom Klassou
Lomé, le 26 novembre 2015. Hôtel Sarakawa. Près de 200 journalistes venus de divers continents assistent au début des assises 2015 de l`UPF, autour du thème "La place des femmes dans les médias francophones". C`est la troisième fois que le Togo abrite cette grand-messe de la presse francophone.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier


Comme nos nombreux lecteurs en France et dans la cinquantaine de pays où nous sommes diffusés l’ont constaté, le numéro d’octobre d’Afrique Asie n’est pas paru. Et pour cause : la société AFRIAM qui l’édite depuis décembre 2005 a déposé le bilan, entraînant l’arrêt en plein vol de ce titre fondé en 1969 à Paris par Simon et Barbara Malley, militants de la première heure de la cause de la décolonisation, en particulier de la lutte pour l’indépendance algérienne et celle de la Palestine.




Il va sans dire que nos positions ont déplu aux élites dirigeantes à la fois politique et médiatiques en Occident, en premier lieu en France-même. Comme le montrent ces quelques couvertures d’Afrique Asie !


Les raisons de cet arrêt, que les innombrables amis d’Afrique Asie à travers le monde espèrent momentanés, sont multiples. On peut citer, entre autres raisons, la crise générale de la presse écrite, le coût excessif de la diffusion et de la fabrication couplés à une chute vertigineuse et subite des revenus publicitaires.

Pourtant, ce projet éditorial engagé dans la défense d’un nouvel ordre mondial politique et économique fondé sur la justice et le droit, dans la défense des intérêts du Tiers Monde, dans le combat pour la décolonisation là où elle s’accroche encore, pour la liberté des peuples et de la souveraineté des Etats, tels qu’incarnés par l’épopée de Bandung en 1955, est aujourd’hui plus nécessaire que jamais.

En 2005, quand Afrique Asie a reparu après deux mois d’interruption grâce à l’opiniâtreté, l’abnégation et aux sacrifices d’une poignée de journalistes, nous avons naturellement maintenu la ligne éditoriale qui avait présidé à la naissance de ce titre. Mieux : nous l’avons amplifiée et adaptée à la nouvelle évolution du monde. Nous avons adopté une ligne éditoriale combative, iconoclaste, à contre-courant des idées reçues et des clichés réducteurs concernant les pays du Sud. Il était – il est – plus que nécessaire de continuer de défendre ceux, libérés du joug colonial, mais qui ont été livrés pieds et poings liés à une nouvelle forme d’hégémonie, efficace parce que subtile.

« Dans un contexte médiatique monocolore, où une objectivité affichée servait de paravent à un parti pris éhonté, où la « pensée unique » remplace désormais le parti unique et la « bien-pensance » s’impose comme nouvelle idéologie de soumission, Afrique Asie s’inscrit, d’emblée, écrivions-nous, comme le porte-voix du Sud dans son combat pour l’émancipation politique, le développement durable et l’indépendance économique. »

Après avoir accompagné les pays du Sud, notamment le continent africain et les pays du Maghreb, dans leur combat contre la colonisation et pour l’indépendance, les choix rédactionnels d’Afrique Asie, comme média de combat et de convictions, se trouvent par la force des choses déplacés vers d’autres objectifs, d’autres formes d’engagement. A la vague de l’enthousiasme postcolonial a succédé celle du désenchantement progressif. La domination occidentale directe, celle exercée par les grandes institutions financières et par la globalisation, est devenue une peste nouvelle, une contagion intériorisée et acceptée de fait par les pays qui en font pourtant les frais. Avec l’apparition de nouvelles lignes de démarcation, moins nettes, et l’écroulement de l’Union soviétique, le vieux discours anti-impérialiste et tiers-mondiste a perdu de son lustre. Les révolutionnaires d’hier sont devenus les dirigeants d’aujourd’hui, exerçant leur lot de répression, de corruption et de soif du pouvoir.

Non que les enjeux aient disparu ou que les luttes d’antan soient devenues caduques. La Palestine reste occupée. L’Irak l’est de nouveau, livré aux démons de la guerre civile et de l’éclatement, la Syrie est en ruines, le Yémen renvoyé à l’ère préindustrielle par l’Arabie saoudite, ses supplétifs et ses sponsors occidentaux. Partout dans le monde arabo-musulman, la prétendue guerre contre le terrorisme sert d’écran à une volonté de domination américaine, ainsi qu’à des politiques répressives de la part de nombre de ses alliés. Ailleurs, les vieilles tentations interventionnistes resurgissent, au nom d’une imposture nommée « ingérence humanitaire », « responsabilité de protéger » ou, plus pernicieux encore, au nom de l’exportation d’une introuvable démocratie. Le mal nommé « printemps arabe » a transformé de nombreux pays arabes (Libye, Syrie, Yémen) en champs de ruines.

Durant ces douze dernières années, Afrique Asie a déployé un travail d’information sans concession pour décrypter ces supercheries qui ont, au bout du compte, ouvert un boulevard à l’intégrisme et à son corollaire, le terrorisme.

Mais nous avons résisté face à cette déferlante printanière qui a voulu, au nom de la démocratie et des droits de l’homme, favoriser l’islam politique, le communautarisme destructeur de toutes les valeurs de progrès, de citoyenneté et des Lumières.

Sans crispation idéologique, mais avec des convictions fortes, car fondées sur la recherche de la dignité, de la justice, de l’égalité des chances entre les hommes et les nations, Afrique Asie s’est voulu, se veut la voix des sans-voix dans le Sud, mais aussi dans le quart-monde et les exclus du Nord, dont la majorité vient justement des anciens pays colonisés.

Alter-mondialisme, lutte contre la globalisation sauvage, solidarité naissante entre sociétés civiles du monde développé et du Tiers Monde, dialogue des civilisations, solidarité agissante et concrète Sud-Sud, mobilisation contre la guerre en Irak et pour la paix en Palestine, lutte contre l’intégrisme et l’obscurantisme, dénonciation du terrorisme sous toutes ses formes (de ses causes profondes comme de ceux qui l’instrumentalisent, en Occident notamment), défense de l’indépendance et de la souveraineté des Etats et du droit international. Dans ces combats, le continent africain, saigné à blanc par des décennies d’ingérence, de néocolonialisme, de guerres à répétition, de famine, d’épidémies, est resté au cœur de notre projet éditorial qui vient d’être interrompu brutalement.

La relève sera assurée et le défi relevé par tous ceux qui ont partagé avec nous ces idéaux. Le combat est loin d’être perdu.


Afrique Asie
... suite de l'article sur Autre presse


 Commentaires