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Togo : le lourd héritage du dernier des Mohicans
Publié le samedi 2 decembre 2017  |  Afro Tribune


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchako
Gilchrist Olympio demande à Faure Gnassingbé de ne pas briguer un 4ème mandat en 2020
Lomé, le 28 novembre 2017. Résidence principale de Gilchrist Olympio. Quartier Tokoin-Wuiti. Point de presse. Gilchrist Olympio, leader de l`UFC, demande expressément à Faure Gnassingbé de ne pas briguer un 4ème mandat en 2020 pour une solution politique stable et durable à la crise togolaise. Gilchrist Olympio et des proches collaborateurs.


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Le leader historique de l’opposition togolaise a mis fin le 28 novembre dernier à des années de lutte politique. Prenant le soin de faire des propositions pour sortir le pays de la crise qu’il traverse.

L’annonce était pour le moins inattendue, mais pas surprenante. Si Gilchrist Olympio a passé ces cinq dernières années effacé, préoccupé par sa santé chancelante, faisant des navettes entre le Ghana et le Togo, beaucoup évoquaient dans le landerneau politique togolais son imminent retrait. À 80 ans, le leader charismatique de l’opposition n’a plus rien à prouver. Ou plutôt, le président de l’Union des forces du Changement (UFC) ne peut plus changer grand-chose. Mais c’est tout bonnement installé le visage rassurant avec une voix à peine grave que le vieux loup de l’opposition s’est fait entendre fin novembre sur l’actualité du pays. Face à la presse, il a évoqué la crise politique qui dure depuis des mois, a regretté et dénoncé les violences avant de présenter ses condoléances aux familles des victimes des manifestations. Mais Gilchrist Olympio a pris le soin de rappeler qu’en ces temps difficiles pour le Togo, « il nous tient à cœur de faire entendre à nouveau une voix d’expérience qui peut faire avancer la cause de l’espérance ».

Des années de lutte politique n’ont pas permis à l’homme de venir à bout du régime des Gnassingbé. Dans un combat auquel il n’entend plus participer, le leader de l’UFC a renouvelé l’engagement infaillible de son parti à œuvrer pour une alternance politique. « Nous souhaitons tous qu’une alternance politique voit enfin le jour au Togo », a-t-il rappelé. Puis Gilchrist Olympio a remercié Nana Akufo-Addo, Alassane Ouattara et Alpha Condé pour « leur leadership et leur affection pour le Togo ». Depuis plusieurs semaines, les trois présidents s’impliquent dans la crise pour une résolution pacifique. Alors même qu’il met un terme à plusieurs années de lutte politique, Gilchrist Olympio fait des propositions pour une solution durable à la crise que connait le pays. Pour l’opposant, il est important que les « réformes politiques se fassent sur une base consensuelle et qu’elle favorise une alternance et un renouvellement de la classe politique ». Le fondateur de l’UFC explique par ailleurs que le statut personnel de Faure Gnassingbé peut faire objet de discussion et ne doit pas être un objet de blocage au dialogue annoncé. Il a aussi appelé les partenaires étrangers du Togo à accompagner le pays dans la préparation d’élections libres, transparentes et acceptées de tous.

Quid d’un héritage

Pour certains de ses fidèles, Gilchrist Olympio a encore de l’énergie pour conduire le parti vers de prochaines échéances électorales. Mais l’opposant qui ne donne pas l’air d’être bien physiquement en est lui-même conscient. « L’avenir de l’UFC, de la contestation politique, et du Togo, devront demain être imaginé et poursuivi par des jeunes hommes et femmes de moins de 80 ans », affirme-t-il. Ses détracteurs ont par contre ironisé sur sa retraite politique qui constituait un non-événement. « Il n’était plus de toutes les façons actif sur le terrain. Il était inexistant », rappelle l’un d’entre eux. Pour ce dernier, pendant que l’on loue « le combat de Gilchrist », il serait judicieux de s’interroger sur ce qu’il aura réellement fait de sa lutte. « Des années de lutte pour peu de résultats », s’empresse-t-il de dire. Samuel Koffi est politologue et pour lui, la lutte du fils du père de l’indépendance du Togo a été en d’abord construite sur l’intransigeance puis dans la résignation. « Face à Gnassingbé Eyadema, c’était pratiquement la seule option dont il disposait », explique-t-il. Avant d’ajouter que des calculs personnels l’ont poussé à « faire confiance à Faure Gnassingbé ».

Les prises de position de Gilchrist Olympio, ses dénonciations ont toutefois contribué à faire avancer le Togo dans certains domaines. Des observateurs citent la participation de l’opposant à la lutte pour l’avènement du multipartisme et le début d’un processus de démocratisation. Ce n’est pas tout, au sein de l’opposition, l’on reconnait l’apport du leader historique qui a contribué à « faire connaître aux yeux du monde les réalités que vit encore le Togo ».

Gilchrist Olympio n’a pas obtenu l’alternance politique. Cela aurait pu être le cas, sans « les hésitations du président de l’UFC lui-même ». « À chaque fois qu’il a été en position pour obtenir l’alternance, il a semblé douter », indique une source du pouvoir. Mais surtout, Gilchrist Olympio a souvent préféré être celui qui obtient tout. Au point où « il préférait voir le régime durer tant que ce n’était pas lui ». On lui reproche de n’avoir pas soutenu à un moment donné d’autres figures de l’opposition qui « pouvait faire changer les choses ». Lui explique avoir tout donné même les fois où sa vie était menacée. « Je me suis toujours battu. J’ai connu de façon personnelle les conséquences douloureuses de cette lutte », justifie-t-il.

L’accord de discorde

Point noir dans la lutte de Gilchrist Olympio. Sa décision de signer un accord avec Faure Gnassingbé en 2010. Il faut dire que cela n’a pas été favorable pour lui. Cet accord a contribué à dégrader l’image de l’opposant au sein de la population. Accusé de « traître », certains de ses anciens alliés comme Jean-Pierre Fabre lui ont reproché de saboter la lutte de l’opposition.

Et pourtant, Gilchrist Olympio estime avoir tout fait pour rester fidèle à ses objectifs. Sept ans après, l’homme reconnaît que tout n’a pas marché. « Nous ne sommes pas aveugles. Force est de constater que les termes de cet accord ne sont pas entièrement réalisés », regrette-t-il. Cependant, à l’UFC, on ne considère pas que l’accord RPT-UFC soit à regretter. « Quoi qu’on dise, cet accord a permis de baisser la tension à un moment stratégique pour le pays. Nous avons évité le pire en dépassionnant », explique un lieutenant du leader de l’UFC.

Cet argument ne convainc pas pourtant. D’autres voix du parti dénoncent un accord signé le coup de la naïveté avec des conséquences inadmissibles. «Nous nous sommes fait humilier par le pouvoir. Le président n’a pas lu la manœuvre de Faure Gnassingbé qu’il estimait différente de son père », s’indigne un membre de la jeunesse du parti. En réalité, cet accord voulu par Gilchrist Olympio a fait perdre au parti son électorat. « Les résultats décevants constatés aux législatives de 2013 sont une preuve », fait savoir un observateur de la scène politique. Un ancien membre du Comité d’Action pour le Renouveau confie que le RPT « était un feu à ne pas approcher ».

«Gilchrist s’est fait brûler. Tout comme nous quand nous avons accepté d’entrer au gouvernement après l’APG », déclare-t-il. L’UFC et le RPT s’étaient entendus à œuvrer ensemble pour réaliser les réformes constitutionnelles et institutionnelles tout en développant le pays. Cela n’a pas été le cas. Surtout que depuis sept ans, le nombre de portefeuilles confiés à l’UFC a considérablement diminué. De sept ministres en 2010, le parti est maintenant présent au gouvernement avec deux ministres positionnés à des postes « pas vraiment stratégiques ». Difficile d’imaginer ce que serait devenu l’UFC sans son accord en 2010. Cette alliance a tout de même permis à un autre parti d’émerger, celui de Jean-Pierre Fabre qui a depuis occupé une place laissée vide « par faute politique ». « Je laisse à l’histoire, le soin de porter un jugement sur les choix que j’ai été amené à faire pour le bien de mon pays », répond Gilchrist Olympio aux accusations.

Union de l’opposition


Gilchrist Olympio absent du champ politique, ses acolytes envisagent « poursuivre sa lutte». «Il a mené comme il pouvait son combat. Nous devons continuer », affirme l’un d’entre eux. Un ancien premier ministre avoue garder de l’homme « sa résilience des années 1990 jusqu’en 2010 ». Son échec à obtenir l’alternance et sa volonté de s’associer à Faure Gnassingbé ne jouent pas en sa faveur.
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