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Le Combat du Peuple N° 947 du

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Du temps de la pression au temps de la réflexion/Le Togo est assis sur un volcan ethnique
Publié le lundi 4 decembre 2017  |  Le Combat du Peuple


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Tradition du défilé du 27 avril respectée en présence de plusieurs invités et des officiels de la République
Lomé, le 27 avril 2016. Place des fêtes, près du site de la Nouvelle Présidence. Faure GNASSINGBE a assisté au 11ème défilé de l`indépendance, dans le cadre de sa gouvernance.


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Le processus démocratique au Togo a toujours connu des dérives pénalisantes depuis le 05 Octobre 1990 à cause de la propension de l’opposition togolaise à privilégier la personnalisation du combat démocratique et de la volonté avérée de ses responsables à humilier leurs adversaires surtout celui qui occupe le fauteuil présidentiel.

Il en a été ainsi durant la période de la Conférence Nationale transformée en une tribune de dénigrements, d’humiliations, d’amalgames éhontés, de mensonges fabriqués bref de populisme démagogique orchestré grâce à un lynchage médiatique implacable pour détruire un Président qui avait pourtant occupé pendant plus de deux décennies la magistrature suprême et incarné la nation.

Le résultat se passe de commentaire. La lutte menée par le peuple pour venir à bout d’un système dictatorial qui faisait peser une chape de plomb sur les Togolais a été un fiasco retentissant sur toute la ligne.

La preuve la plus patente de cet échec, c’est l’accession au pouvoir de Faure GNASSINGBE, le fils de celui que tout le monde avait vomi et voué aux gémonies.

Dès qu’il avait pris les rênes du pouvoir, Faure avait imprimé son rythme, démontré qu’il nourrit personnellement des ambitions pour le pays et qu’il voulait solder le passif de son père. Cette nouvelle orientation faite de pardon lui avait permis de retourner la situation en sa faveur et de se faire réélire sans trop de difficultés en 2010 et en 2015. Il était devenu fréquentable et même admiré.

A chaque fois, le coup de pouce qui a favorisé ses victoires électorales venait de l’opposition elle-même à cause de ses incohérences et inconséquences.

En effet, l’opposition togolaise minée par les ambitions mercantiles des responsables des partis qui la composent, n’arrive jamais à offrir un front commun et se présente toujours en rangs dispersés à chaque compétition électorale.

Pour illustrer l’incapacité de l’opposition, il faut rappeler qu’en 1999, en marge du dialogue intertogolais, l’ancien Président français, M. Jacques CHIRAC, avait fait un détour à Lomé pour tenter de trouver une solution définitive à la crise togolaise en rencontrant sur place les principaux protagonistes dont principalement EYADEMA et Gilchrist OLYMPIO qui, bien qu’averti, s’est inscrit à l’abonné absent.

Tout ce que l’opposition avait exigé à l’époque c’est que le Président français amène son homologue togolais à s’engager publiquement à ne pas modifier la constitution de 1992 alors en vigueur dans sa version originelle.

Cet engagement avait été donc pris solennellement par EYADEMA qui avait à l’occasion donné sa parole de militaire.

Il faut noter qu’en l’espèce, l’opposition avait posé une exigence légale puisque la constitution de 1992 avait explicitement stipulé que le Président de la République est élu pour deux mandats de cinq ans non renouvelables. Il n’y a donc rien à dire.

Ce que beaucoup de Togolais ignoraient en 1999, c’est que le Président EYADEMA avait demandé une contrepartie qui ne lui avait été jamais accordée. Il voulait jouir d’une immunité après son départ du pouvoir et ne voulait pas s’exiler. Le refus de lui fournir cette garantie a été ressentie par le régime au pouvoir comme une humiliation infligée à leur champion.

EYADEMA ayant compris qu’aucun cadeau ne lui sera fait s’il quittait le pouvoir, a dû, à son corps défendant, enclencher en 2002, le processus de révision de ladite constitution avec, encore une fois, la complicité passive de l’opposition qui avait inexplicablement boycotté les législatives de 2002 et avait ainsi permis à EYADEMA de faire élire une Assemblée Nationale monocolore entièrement à sa dévotion. Le reste n’a été qu’une formalité. C’est ainsi que EYADEMA avait réussi à se faire élire une énième fois sans coup férir en 2003.

La leçon à tirer est simple. En politique, il faut accepter que tout est donnant donnant et que le rapport des forces joue toujours.

L’exemple récent du Zimbabwé est là pour nous édifier et nous le rappeler.

Aujourd’hui, comme hier, la même opposition s’appuyant, comme d’habitude, sur les mouvements de rues qu’elle organise, cherche désespérément à actualiser la constitution de 1992. Pire, elle veut coûte que coûte pousser Faure à s’engager solennellement à ne plus se présenter en 2020, alors que rien n’oblige ce dernier. C’est encore une humiliation. Et pour ce faire, l’opposition place la barre très haut en exigeant la démission immédiate du Chef de l’Etat dont le mandat court légalement jusqu’en 2020.

Il se trouve aujourd’hui que le contexte n’est plus le même qu’en 1999. Parce que pour se faire élire en 2015 pour un troisième mandat, Faure GNASSINGBE n’avait pas modifié la constitution en vigueur et n’avait violé aucune loi de la République. Qui plus est, aucun événement majeur ne justifie la brusque montée de tension si ce n’est que Tikpi ATCHADAM avait mis en place une stratégie de mobilisation populaire avec en toile de fond son ethnie très grégaire et la religion.

Ces deux paramètres réunis ont profondément changé la donne politique au Togo à cause de deux morts. Il s’agit d’un phénomène lié à la lassitude de ceux qui ne supportent plus un régime incarné par deux hommes ayant le même patronyme. Car, en réalité, la famille GNASSINGBE n’a jamais dirigé seule, le Togo pendant 50 ans. Nous considérons que cette vision relève d’une déformation assez grave de la vérité historique.

Nous assistons ainsi à la réitération des erreurs des années 90 d’autant plus que tout ce que Faure GNASSINGBE a réalisé pendant les 12 ans qu’il a passés à la tête du pays est systématiquement foulé aux pieds, sans autre forme de procès. L’homme est pris pour cible et est tourné en dérision chaque fois qu’il prononce un mot. Il est devenu un souffre-douleur qu’il faut immoler. On ne voit en lui que le mal absolu. La diabolisation est poussée à son extrême limite.

L’homme est traité de tous les noms d’oiseaux, crucifié et humilié sur les réseaux sociaux. Rien de ce qu’il fait ne trouve grâce aux yeux de ses détracteurs. Ce qui est injuste au regard des faits. Et tous ces tintamarres pour rien. Tout simplement parce qu’on veut en finir avec lui, le fils de son père.

Maintenant que le principe du dialogue est retenu, l’opposition fait monter les enchères en allant jusqu’à demander la libération des détenus dans l’affaire des incendies des marchés. Ce dossier criminel qui relève de la justice doit être réglé par la justice et rien d’autre, parce que nous voulons un Etat de droit.

En même temps, les manifestations sont toujours poursuivies pour, soit-dit en passant, mettre la pression. Du n’importe quoi.

Ainsi, l’opposition est en train de commettre la même erreur que par le passé en voulant rentrer dans la négociation en affirmant, dès le départ, ce qu’ils veulent pour la fin. C’est du non sens. Contrairement à une thèse généralement et abusivement accréditée, le régime en place n’est pas aux abois. En revanche, nous ne devons pas perdre de vue que notre pays est assis sur un volcan ethnique depuis l’égorgement des deux militaires kabyè à Sokodé. Actuellement, le volcan dort calmement, mais attention au jour où il sera en ébullition.

L’opposition doit savoir pour quelle finalité elle accepte d’aller au dialogue et passer du temps de la pression au temps de la réflexion et du pragmatisme pour mieux ajuster ses arguments.

Le peuple a le dos rond. Ce n’est pas le peuple qui mènera les négociations. Le peuple sera appelé à se prononcer, en dernier ressort, dans les urnes.

Faute de comprendre cette réalité, nous découvrirons encore sur le tard que les mêmes causes produisent fatalement les mêmes effets.



Rodrigue

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