Alors que le spectre d'une dévaluation du franc CFA dans la zone Cemac agite la sphère politique et économique depuis un an, l'agence de notation Standard & Poor's s'est penchée sur les conséquences qu'aurait une telle décision à l'échelle des deux zones franc CFA.
Une dévaluation du franc CFA est-elle à prévoir ? La question agite en particulier les pays de la zone Cemac depuis le sommet extraordinaire des chefs d’État des six pays de la zone, le 23 décembre 2016, auquel avaient participé la patronne du Fonds monétaire international (FM), Christine Lagarde, et le ministre français de l’Économie et des Finances de l’époque, Michel Sapin.
Ces derniers avaient alors, selon les précisions qu’ils ont envoyées à Jeune Afrique début janvier, insisté sur la nécessité d’« une action rapide, commune et décisive » de la part des gouvernants pour éviter au franc CFA de perdre « son ancrage au niveau actuel ».
Le spectre de la dévaluation
Depuis, malgré les dénégations régulières des responsables tels que le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), Abbas Mahamat Tolli, le 11 juillet, le spectre d’une dévaluation plane sur la zone.
Pour Standard and Poor’s (S&P), « la dévaluation ne fait pas partie [du] scénario de base ». Mais l’agence de notation s’est tout de même penchée sur la question dans une étude publiée le 4 décembre, se demandant quel pays encourt le plus de risques si une telle décision était prise.
« L’effondrement des cours du pétrole, le blocage des efforts d’intégration et le renouvellement des mouvements d’opposition politique à cette monnaie suscitent des inquiétudes sur l’avenir à long terme du franc CFA », estime Rémy Carasse, l’auteur du rapport.
Le Congo particulièrement vulnérable
Pour l’analyste économique, le franc CFA est soumis à une plus forte pression dans la zone Cemac que dans la zone UEMOA, les économies d’Afrique centrale étant plus dépendantes de leurs exportations de pétrole.
La balance des paiements et le déficit fiscal des pays de cette zone sont ainsi passés respectivement de 1 % à 9 % et de 3 % à 7 % entre 2013 et 2016, tandis que leurs réserves de changes, évaluées à 18 milliards de dollars fin 2013, n’étaient plus que de 5 milliards de dollars trois ans plus tard.
Le Congo, dont les importations représentent 80 % du PIB et qui « n’a pas mis en place de réforme fiscale depuis l’effondrement des cours du pétrole en 2014 », se révèlerait selon S&P particulièrement vulnérable en cas de dévaluation.... suite de l'article sur Jeune Afrique