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Togo – Payadowa Boukpessi : « Nous n’avons aucun intérêt à ce que la situation se dégrade et menace la paix »
Publié le jeudi 14 decembre 2017  |  Jeune Afrique


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchako
18è session du dialogue politique entre le Gouvernement togolais et l`UE vouée à la crise politique des réformes et la décentralisation
Lomé, le 04 décembre 2017. 18è session du Dialogue politique entre le Gouvernement togolais et l`UE vouée à la crise politique des réformes et la décentralisation au Togo. Les ministres ASSIMAIDOU et BOUKPESSI.


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Payadowa Boukpessi, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, a accepté de se confier à Jeune Afrique sur la situation politique du Togo.



Plusieurs fois ministre sous Eyadéma (Commerce et Transports, puis Industrie et Sociétés d’État), Payadowa Boukpessi, 63 ans, a été le premier ministre des Finances de Faure Gnassingbé, dans le gouvernement d’Edem Kodjo, puis dans celui de Yawovi Agboyibo.

Limogé en mars 2007, il n’est cependant jamais entré en conflit avec le chef de l’État. À l’issue des premières législatives pluralistes d’octobre 2007, il est réélu député du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) – devenu Union pour la République (Unir) en 2012 – et préside la commission des finances de l’Assemblée jusqu’en 2013.

Très impliqué dans les activités du nouveau parti présidentiel, l’ex-grand argentier est alors nommé membre représentant l’Unir au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) chargée d’organiser la présidentielle d’avril 2015.

Le 28 juin suivant, il fait son retour au sein de l’exécutif, à la tête d’un portefeuille stratégique, compte tenu des promesses de campagne de Faure Gnassingbé pour faire avancer la décentralisation (lire pp. 82-83). Bien que réservé de nature, Payadowa Boukpessi est l’un des rares membres de l’exécutif à s’exprimer depuis le début de la crise sociopolitique.

Jeune Afrique : Le pays est sous tension depuis plus de trois mois. Craignez-vous que la crise se prolonge encore ou que les violences explosent ? *

Payadoma Boukpessi : Je pense que les Togolais savent que nous n’avons aucun intérêt à ce que la situation se dégrade, qu’il y a des limites à ne pas franchir et qu’ils doivent à tout prix préserver la paix, qui est notre richesse la plus précieuse. Nous sommes un petit pays (de moins de 56 800 km²), et la seule matière première que nous produisions, c’est un peu de phosphate, qui représente près de 40 % de nos recettes d’exportation.

C’est cette paix qui nous a remis sur les rails de la relance économique et nous permet aujourd’hui d’assurer notre développement, de rassurer les investisseurs et les pays de l’hinterland utilisant notre port, de recevoir des touristes, de servir de lieu de conférences, de créer davantage d’emplois, etc. Si elle est menacée, c’est l’avenir du Togo, celui de sa jeunesse, qui est hypothéqué.

Certains opposants ont pourtant appelé à la « révolution »…

Quelques-uns lancent ce type d’appels. Mais le président est attaché à la paix et rejette tout ce qui peut la perturber. Il assure sa part de responsabilités, le gouvernement aussi. Nous espérons que l’opposition assume les siennes.

Bien avant celle du projet de révision constitutionnelle, l’adoption de la loi sur la décentralisation, en juin, a suscité de virulentes critiques, selon lesquelles le découpage territorial avantagerait l’Unir, dont le bastion est le nord du pays, l’opposition enregistrant ses meilleurs scores dans le Sud, notamment à Lomé. Que répondez-vous ?

Lorsque le gouvernement de Selom Komi Klassou a pris ses fonctions [le 28 juin 2015], nous avons remis sur les rails le Comité technique pour l’élaboration de la feuille de route de la décentralisation et des élections locales. Les rapports définitifs de ce comité nous ont servi de base pour élaborer toute l’ossature de la réforme.


Sachant que le président Gnassingbé voulait un processus inclusif, nous avons alors mis en place un Conseil national de suivi de la décentralisation, un projet de loi a été préparé, présenté et adopté par l’Assemblée nationale. Nous avons donc désormais 116 communes et 39 préfectures, en tant qu’autorités décentralisées, et 5 régions .

Certains opposants ne sont pas d’accord sur les critères qui ont prévalu lors du découpage, estimant que seul celui du poids démographique aurait dû être pris en compte. Ce n’est pas possible : l’un des principaux objectifs de la décentralisation est de rapprocher les habitants des services de base et des administrations locales. Cela ne sert à rien de passer à la décentralisation si la conséquence de celle-ci est que les populations se trouvent encore plus éloignées de ces centres et que l’on accentue davantage les disparités entre les régions !

Nous avons donc combiné les critères (démographique, géographique, sociologique, territorial, etc.), en faisant en sorte qu’aucun ne prenne le pas sur l’autre. Dans la région Maritime, où les populations sont beaucoup plus concentrées, on a une commune pour 190 km², dans celle des Plateaux, une pour 550 km², dans la région Centrale, une pour 900 km² et dans celle de Kara [fief des Gnassingbé], une pour 580 km². Alors qu’à Lomé c’est une commune pour 5 km².

Quand les municipales pourraient-elles se tenir ?

Nous y travaillons. Notre calendrier n’a pas changé, nos projections tablent sur juin ou octobre 2018, pour tenir compte de la saison des pluies. En attendant, le processus se poursuit. Les experts travaillent sur les textes préparatoires qui devront soutenir la décentralisation. Ensuite, la balle sera dans le camp de la Ceni.

La Ceni devait également être réformée. Qu’en est-il ?

Nous avons saisi les partis politiques pour leur demander de désigner leurs représentants au sein de la Ceni [elle a été installée en octobre pour un an, mais avec seulement 12 membres sur 17, car les 5 partis de l’opposition parlementaire – réunis au sein du Combat pour l’alternance politique (CAP 2015) – refusent de transmettre leur liste de candidats tant que la crise actuelle n’est pas résolue].

Notre gouvernement avait envisagé de la réformer, pour la rendre plus technique et moins dépendante des partis, mais, malheureusement, certains partis, notamment l’Alliance nationale pour le changement, ne souhaitaient pas qu’on la réforme. La concertation n’a donc pas abouti.

Faure Gnassingbé préside le pays depuis 2005. Pourquoi avoir attendu douze ans pour mettre les réformes institutionnelles et constitutionnelles à l’ordre du jour ?

L’explication est simple. En ce qui concerne la réforme constitutionnelle, l’accord politique global du 20 août 2006 prévoyait la mise en place d’instances, parmi lesquelles la commission Vérité, Justice et Réconciliation [CVJR], chargée de sonder les causes profondes des crises survenues entre 1958 et 2005, et le cadre permanent de dialogue et de concertation [CPDC].

Après trois ans d’intenses travaux, la CVJR a remis son rapport en avril 2012 au président de la République, qui, pour assurer la mise en œuvre de ses 68 recommandations, a créé un Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale. Tout ce processus devrait aboutir à la réforme constitutionnelle.


Mais, alors que le président avait souhaité que l’on aille vers une réforme en profondeur (conformément à l’une des recommandations de la CVJR), des leaders de l’opposition ont estimé que trois ou quatre points étaient plus essentiels à leurs yeux. Qu’à cela ne tienne, a donc dit le chef de l’État, et il a suspendu le travail en profondeur qui était en cours pour que l’on se concentre sur ces réformes qualifiées d’essentielles par les responsables de l’opposition.

C’est ainsi que la réforme constitutionnelle qui prévoit la limitation du nombre de mandats du président de la République à deux successifs et le passage à un mode de scrutin à deux tours pour son élection, dont la lettre et l’esprit sont conformes à l’une des recommandations de la CVJR, a été préparée, adoptée par le Conseil des ministres [début septembre], et son projet de loi transmis à l’Assemblée nationale.
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