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Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition au Togo : «Je n’attends rien des autres»
Publié le lundi 18 decembre 2017  |  La Croix


© AFP par ISSOUF SANOGO
Jean-Pierre Fabre, chef de file de l`opposition togolaise


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ENTRETIEN EXCLUSIF – Dans un entretien accordé à La Croix, Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et le chef de file de l’opposition togolaise s’explique sur l’efficacité de la contestation en cours face à la détermination du régime.




La Croix : Que pouvez-vous faire face à un président, Faure Gnassingbé, déterminé à rester au pouvoir ?

Jean-Pierre Fabre : Les populations togolaises ne se résoudront jamais à ce que Faure Gnassingbé accapare indéfiniment le fauteuil présidentiel, perpétuant ainsi la confiscation du pouvoir par le clan Gnassingbé. Nous n’avons que nos marches pour exprimer notre volonté d’alternance et de changement. Nos manifestations populaires sont des moyens constitutionnels et donc légaux, auxquels nous avons recours pour y parvenir.


Bien sûr, on peut espérer que la Communauté internationale s’émeuve de ce qui se passe chez nous : d’autant qu’en ayant accepté, cautionné et même soutenu pour diverses raisons, le régime monstrueux de Gnassingbé Eyadema, elle a sa part de responsabilité dans les souffrances que nous avons connues pendant des dizaines d’années. Elle peut conseiller le pouvoir, l’éclairer sur la solution de la crise : accepter de partir.

Que pensez-vous de la place de l’islam dans le discours de votre allié, Tikpi Atchadam ?

Jean-Pierre Fabre : Vous n’ignorez pas qu’en Afrique nous sommes et demeurons fondamentalement croyants. Nos marches et nos meetings commencent toujours par des prières chrétiennes aussi bien que musulmanes ou autres. Nos discours politiques sont souvent ponctués de citations ou de références aux saintes écritures. Du reste, le préambule de notre Constitution proclame que le peuple togolais se place sous la protection de Dieu.

Cela ne nous pose donc aucun problème. Et cela n’entame en rien notre attachement commun au caractère constitutionnellement laïc de l’État togolais, que nul ne peut remettre en cause. De toute façon, nous sommes extrêmement vigilants et ne tolérerons aucune velléité religieuse dans la sphère publique.

Votre alliance ne va-t-elle pas se briser sur vos ambitions respectives ?

Jean-Pierre Fabre : Je dois dire que nos 14 partis politiques, porteurs des aspirations du peuple togolais, sont tous des alliés objectifs.

L’apport du Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam dans cette lutte est intéressant et même important, en raison de son appartenance régionale : il est issu du Nord du pays, considéré abusivement par le pouvoir comme sa chasse gardée.

Naturellement, lorsque arriveront les compétitions électorales dans un environnement politique assaini, on pourra voir naître ou s’exacerber, des rivalités et des suspicions politiques. Mais nous n’en sommes pas là pour le moment.

N’y a-t-il pas une inquiétante montée en puissances des passions identitaires au Togo ?

Jean-Pierre Fabre : Le régime s’est appuyé sur le tribalisme pour régner en privilégiant les Kabyès, la communauté des Gnassingbé et, au sein de cette communauté, les natifs de Pya, le village natal de Gnassingbé père. Le régime a cultivé le discours ethnique, agité ce drapeau jusqu’à l’outrance. Une dynamique s’est mise en place et elle est pernicieuse. Mais elle reste une construction fabriquée de toutes pièces.


Ce sont toutes les ethnies du pays qui sont prises en otage par le pouvoir. Certaines se libèrent et crient haut et fort leurs colères malgré les répressions aveugles. D’autres sont encore maintenues sous éteignoirs, terrorisées par la soldatesque ou se contentant de la situation de rente qui leur est garantie. Mais l’embarcation du régime se fissure et prend l’eau de toute part. Si bien que, dans pas longtemps, même les Kabyès et la ville de Kara vont rejoindre le mouvement en cours pour accélérer la fin de ce régime.

Si l’opposition arrive au pouvoir, quelle garantie pouvez-vous donner pour éviter un règlement de compte entre les communautés ?

Jean-Pierre Fabre : Pour moi c’est presque une profession de foi : avec l’alternance et le changement, le tribalisme sous toutes ses formes sera combattu et enrayé. J’ai pris et réitéré à ce sujet, des engagements très clairs qui constituent pour moi un défi personnel.

Il importe de restaurer la confiance entre des populations d’origines différentes, qui vivent en communauté depuis des générations, qui se marient entre elles. Je sais que le régime empoisonne l’esprit des populations allogènes, originaires du Nord, en disséminant des messages insensés selon lesquels en cas de victoire de l’opposition, elles seraient chassées !

La base ethnique de l’armée est liée aux Kabyès. Comment allez-vous faire, si vous êtes élu ?

Jean-Pierre Fabre : L’armée devra reprendre sa vocation républicaine et apolitique, au service de la nation tout entière et non d’un clan, d’un parti politique ou d’une personne. Lors des négociations qui se préparent, la question de l’armée sera posée. Elle devra adhérer et se soumettre à l’accord qui sanctionnera les négociations.

Les Églises protestantes et catholiques jouent-elles un rôle dans cette crise ?

Jean-Pierre Fabre : Par le passé, les confessions religieuses n’ont pas manifesté un courage particulier face à l’arbitraire et aux graves violations des droits de l’homme. Mais au début des années 1990, les Églises catholiques et protestantes se sont ressaisies. N’oublions pas que la Conférence nationale souveraine a été présidée par un prélat, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro.

Depuis un an et demi, les Églises catholiques et protestantes expriment des positions courageuses, interpellant le pouvoir en place et insistant sur la nécessité de respecter ses engagements. Le 27 avril 2016, la Conférence épiscopale a publié une lettre pastorale dans laquelle elle décrivait sans complaisance, la situation sociopolitique qui prévaut dans le pays. Elle a récidivé le 27 avril 2017, puis à nouveau, il y a quelques semaines. Seule, l’Union musulmane, dont la direction est manifestement inféodée au pouvoir, continue de soutenir le régime ouvertement.
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