En 2009, quand Jacob Zuma prend le contrôle de l’Afrique du Sud, dans un monde qui subit de plein fouet les effets de la crise économique, le produit intérieur brut du pays est de 295 milliards de $. La nation arc-en-ciel, qui est classée par les analystes dans le bloc des BRICS (Bresil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) est de celles qui viendront challenger les géants traditionnels de l’économie mondiale, estiment les experts.
7 ans plus tard en 2016, le PIB de la nation arc-en-ciel sera à peu près au même niveau et le pays se sera fait ravir son statut de première puissance économique du continent par le Nigéria.
En 2017, le taux de chômage dépasse la barre des 27%, atteignant son niveau le plus haut en 25 ans. Pendant ce temps, l’African Nation Congress (ANC) perd le contrôle de villes comme Johannesburg, Pretoria ou Cape Town. Car au plan politique, Jacob Zuma s’aliène ses alliés politiques traditionnels, comme le congrès des syndicats sud-africains et le puissant syndicat des mineurs. Déjà en 2012, Julius Malema, qui dirige la ligue des jeunes de l’ANC est exclu du parti. Le jeune frondeur fonde l’Economic Freedom Fighters (EFF), qui prônera une politique populiste et se montrera particulièrement acerbe envers les errements de son ancien parti.
Plus que jamais divisé, et en perte de popularité, l’ANC devra désormais se chercher un nouveau souffle avec son nouveau leader, Cyril Ramaphosa. Quant à Jacob Zuma, il aura, aux yeux de beaucoup d’observateurs, confirmé la prédiction d’Helen Zille, chef de l’opposition parlementaire à l’époque, qui voyait en son élection, «un jour sombre pour l’ANC et l’Afrique du Sud».
Personnage sulfureux, déjà durant ses jeunes années, Jacob Zuma inscrira sa gouvernance sous le signe du scandale. Précurseur de cette vague d’affaires qui l’ébranlera sans jamais le couler, le scandale Nkandla voit le jour en décembre 2009. Il commence lorsque Mail & Guardian dévoile une affaire qui fera couler beaucoup d’encre. Les révélations du média se basent sur un rapport intitulé « Opulence à grande échelle » du bureau sud-Africain chargé des affaires de corruption qui indique que plus de 200 millions de rands (14,5 millions d'euros) ont été dépensée par le ministère des Travaux publics pour la sécurité de la propriété familiale, à Nkandla, située à quelques kilomètres de la ville de Durban. Sommé de rembourser cet argent, Zuma en perte chronique de popularité, s’exécutera après s’être opposé à l’injonction, et s’excusera même auprès des Sud-Africains pour « la frustration et la confusion » causées par le scandale.
Au fur et à mesure que les années passent, les accusations de corruption, de népotisme, de viol et de trafic d’influence fusent de partout. La justice s’empare de nombre de ces dossiers, mais Jacob Zuma demeure insubmersible. Cependant, les agences de notations et les marchés qui suivent de près les soubresauts de la vie politique du pays, sanctionnent les errements de la gouvernance de la nation arc-en-ciel.
Jacob Zuma remplace-t-il sans explication son ministre des finances Nene, nommé un an plus tôt? Le rand perd 5,4% de sa valeur face au dollars en réaction au choix de son remplaçant David Van Rooyen, le contraignant à reculer et à appeler à la rescousse Pravin Ghordan dont la nomination a la faveur des acteurs économiques du pays.
Décide-t-il ensuite de se débarrasser de Pravin Ghordan qu’il estime trop franc du collier? Standard & Poors réagit en dégradant la note souveraine du pays qu’il envoie dans la catégorie spéculative. Un mouvement suivi par l’agence Fitch. Dans la foulée du limogeage de Ghordan, naît encore un scandale, celui des Gupta. Ces frères indiens, proches de Jacob Zuma et qui détiennent des activités dans divers secteurs économiques du pays, se sont servis de fonds publics pour financer le mariage d’une de leur nièce. L’affaire révélé par les «Gupta’s Leaks» prend le cabinet KPMG dans la tourmente. En effet, on découvre qu’un rapport hautement biaisé produit par le cabinet est à l’origine du limogeage de M. Ghordan. KPMG, bat sa coulpe et essaie de recoller les morceaux brisés de sa réputation.
Impopulaire, miné par les scandales, Jacob Zuma essaiera de jouer sa dernière carte: piloter sa succession. En effet, il souhaiterait voir son ex-épouse Nkosazana Dlamini-Zuma le remplacer à la tête de l’ANC. Cette proche de Thabo Mbeki mène campagne en surfant sur des thèmes populistes et nationalistes. Mais le dernier combat de Jacob Zuma se solde par un échec et il voit la victoire de son rival et vice-président, Cyril Ramaphosa. Celui sera probablement le prochain président de l’Afrique du Sud, mais héritera d’un lourd bilan dans les secteurs énergétique, agricole, et miniers, entre autres.
Le secteur énergétique entre volontarisme et hésitations
Dans le secteur de l’énergie, l’administration Zuma a essayé de mener une politique volontariste dans un contexte compliqué. En effet, dès 2008, le pays était déjà entré dans une crise énergétique sans précédent, plongeant son économie dans la récession.
C’est donc la tête d’un pays en lourd déficit énergétique que Jacob Zuma prend le pouvoir en 2009. Ce qui ne l’empêche pas de donner, en 2010, l’ordre que tout soit fait pour qu’il n’y ait pas de coupure lors de la Coupe du monde de football. Une exigence qui a accru la pression à laquelle était soumis le réseau électrique vieillissant et en manque de maintenance. En 2014, le système est au bord de la rupture et la plus petite panne peut plonger tout le pays dans le noir pour une durée indéterminée.
Pour sortir de cette crise continue, le pays introduit en 2012, le programme de construction des centrales d’énergies renouvelables par des entreprises privées afin d’augmenter la production disponible. Ce programme avait pour ambition de construire 10 GW de centrales d’énergies renouvelables. L’Eskom, la compagnie en charge de la fourniture électrique a également entamé des programmes continus de maintenance et d’extension du réseau.
Un ensemble de mesures qui ont permis de parvenir à la satisfaction continue et fiable de la demande électrique dès 2016.
Les dernières années ont également été marquées par le lancement du programme nucléaire sud-africain qui ambitionnait l’installation de 9600 MW de centrales d’ici 2030. Une ambition qui a soulevé une importante controverse dans le pays aussi bien sur son opportunité que sur la capacité de l’Afrique du Sud à la réaliser. Les objectifs du programme ont finalement été revus à la baisse, un peu plus de 3000 MW d’ici à 2035, mais il est également prévu que son opportunité et son accessibilité soit réévaluées avant toute poursuite. Et ce, malgré la détermination de l’Eskom à le mener à bien.
La compagnie à peine sortie de la crise énergétique a dû faire face à d’autres problèmes, cette fois financières et morales. En effet, l’Eskom a dû contracter plusieurs dettes pour mener à bien certains projets qui étaient sous sa responsabilité, bénéficiant à ce propos d’une garantie étatique d’environ 30 milliards $. Elle éprouve en outre des difficultés financières dus, selon les experts, au manque de coordination de ses politiques de gestion.
Enfin, la compagnie nationale d’énergie est au cœur de plusieurs allégations de mauvaise gestion et d’octroi illégaux de contrats à des entreprises amies, entre autres. Un souci supplémentaire qui a conduit le renvoi de plusieurs responsables de l’organisation et qui vient s’ajouter à la tension existante entre l’Eskom et les producteurs d’énergies renouvelables. Depuis 2016 en effet, la compagnie a suspendu son programme, estimant qu’il n’était plus nécessaire et que l’énergie produite par le solaire ou l’éolien n’était pas assez fiable.... suite de l'article sur Autre presse