Le chef de l’État togolais a choisi la traditionnelle présentation des vœux pour sa toute première adresse à la nation depuis le début de la crise qui secoue le pays. Un message très politique qui répond à ceux délivrés ces derniers jours par ses principaux adversaires.
Jamais les vœux des leaders politiques, notamment ceux du chef de l’État n’auront autant été suivis. Ce 3 janvier les Togolais ont écouté avec attention le discours de Faure Gnassingbé diffusé sur les ondes des médias publics et sur les réseaux sociaux à partir de 20 heures GMT. Car depuis le début de la crise politique dans le pays il y a cinq mois, le président ne s’était pas encore adressé directement à la nation. Son discours vient clore la série des vœux des leaders politiques naturellement orientés cette année vers la résolution durable des tensions dans le pays. Décryptage.
La problématique de l’alternance
Dans son discours, le président n’a pas abordé la question de son avenir personnel. Il a rappelé les grandes lignes de la réforme proposée en septembre à l’Assemblée nationale. « (…) J’ai pris au mois de septembre dernier l’initiative de proposer à la représentation nationale une révision de la Constitution qui limite désormais à deux le nombre des mandats présidentiels et législatifs et qui introduit, pour l’élection du Président de la République un mode de scrutin uninominal à deux tours », a indiqué Faure Gnassingbé. Ce dernier a annoncé pour 2018 plusieurs consultations électorales [législatives, locales et référendum, NDLR]» qui devraient permettre aux Togolais de décider « des grandes orientations de la vie nationale ».
Ses principaux opposants eux ont insisté sur leur volonté de poursuivre la lutte pour aboutir à l’alternance. «Avec l’alternance et le changement, le tribalisme sous toutes ses formes sera combattu et éradiqué. J’ai pris et je réitère à ce sujet, des engagements très clairs qui constituent pour moi un défi personnel », a professé Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition. Même son de cloche du côté du leader du Parti national panafricain, révélation politique de 2017. Souhaitant voir s’opérer en 2018 l’alternance, Tikpi Atchadam a estimé qu’il s’agissait d’un « ultime objectif » désormais à portée de l’opposition.
Le dialogue politique
Même si tous les protagonistes à la crise campent sur leurs positions (référendum, réforme rétroactive, poursuite des manifestations jusqu’à l’alternance…), la tenue d’un dialogue politique semble faire l’objet d’un consensus. « L’heure est à la préparation de discussions politiques sérieuses et crédibles, visant une réelle sortie de crise et non à des déclarations intempestives et provocatrices dans les médias », a ainsi indiqué Jean-Pierre Fabre. Il a toutefois indiqué attendre « l’achèvement des mesures d’apaisement, notamment, la libération des personnes injustement détenues dans la sordide affaire des incendies des marchés de Lomé et de Kara, pour démarrer les travaux préparatoire des discussions politiques annoncées ».
Le patron de l’ANC a enfin insisté sur la composition des délégations à ce dialogue. « Nous voulons être clairs : les deux seules parties à la crise togolaise, appelées à prendre part aux discussions politiques attendues sous la médiation des pays mandatés par la Cedeao, sont : le pouvoir RPT/UNIR, d’une part, et notre regroupement des 14 partis politiques de l’opposition, d’autre part. Il revient donc à chacune des deux parties de constituer librement sa délégation suivant la taille convenue. Aucun participant n’est admis s’il n’appartient à l’une des deux délégations ».
Pour Faure Gnassingbé, « le dialogue doit rester la voie privilégiée de résolution des désaccords entre les acteurs politiques ». «Je n’ai aucun doute qu’aujourd’hui encore, nous sommes capables d’explorer toutes les voies de la concertation et des échanges d’idées, de dépasser les griefs tenant aux personnes et aux circonstances pour nous élever à la hauteur de ce que notre pays mérite », a indiqué le chef de l’État.