Les choses bougent sur le marché mondial des céréales avec souvent l'Afrique en ligne de mire. Les chiffres l'attestent : la consommation de blé en Afrique sub-saharienne a progressé de près de 15% entre 2013/14 et 2017/18, selon les chiffres du Département américain de l'Agriculture (USDA), à 30,3 millions de tonnes (Mt).
Certes, ceci demeure faible par rapport à une consommation mondiale prévue à 741 Mt, mais cette croissance de la demande d'Afrique sub-saharienne se ressent directement sur le marché mondial puisque la production de blé en Afrique sub-saharienne stagne, voire régresse, à 7,1 Mt attendue en 2017/18 contre 7,2 Mt en 2016/17. Par conséquent, ses importations seraient en hausse de 13,4%, selon les calculs de l'USDA, à 24,2 Mt en 2017/18 contre 22,2 Mt en 2016/17 et 20,4 Mt en 2013/14.
Une hausse des importations en Afrique mais aussi un changement de fournisseurs de blé et de céréales avec une montée en puissance des pays baltiques et plus particulièrement de la Russie.
La Russie devenue incontournable
La Russie qui, de façon générale, est devenue un acteur incontournable sur la scène céréalière mondiale. Alors qu'au tournant du siècle, Moscou était encore un importateur net de céréales, il est devenu au fil de la hausse de sa production, un exportateur net notamment grâce à la hausse de ses rendements en blé et en maïs.
Durant l'actuelle campagne 2017/18, ses exportations céréalières devraient être records, portées par le blé, dépassant celles des Etats-Unis et de l'Union européenne, souligne l'USDA. Aujourd'hui, les exportations russes d'orge et de blé représentent un cinquième du commerce mondial de ces céréales.
Les atouts de la Russie sur les marchés mondiaux ont été, ces derniers temps, un taux de change favorable et des prix compétitifs face à d'autres exportateurs, sans oublier une accessibilité maritime facilitée grâce aux récents investissements portuaires russes : le pays peut aujourd'hui utiliser des navires plus petits permettant de faire face à certaines contraintes dans les ports de pays clients voisins.
Le Nigeria change de fournisseur de blé
Conséquence de ceci, les ventes russes de céréales à l'Egypte ont flambé, mais aussi ailleurs en Afrique comme au Nigeria.
Pendant des décennies, les Etats-Unis ont représenté plus de 80% des importations nigérianes de blé, la qualité étant la préoccupation première d'Abuja. Maintenant, face à ses difficultés financières et économiques, le géant africain s'attache davantage au facteur prix pour sélectionner ses fournisseurs de céréales. Il y a 5 ans, les Etats-Unis représentaient encore les trois-quarts des achats nigérians de blé et la Russie 1% ; en 2016/17, leurs parts sont respectivement de 33 % et 26%. L'Union européenne, quant à elle, bataille ferme pour retrouver ses parts de marché en Afrique, comme ailleurs, après la faiblesse de la récolte en blé l'année dernière.
Un marché mondial surabondant
Un marché mondial du blé qui a connu un revirement de situation en 2017 avec un gain de 5% de son prix après quatre années consécutives de baisse à cause de disponibilités pléthoriques.