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Togo/Protestation des pro–Kpatcha à Kara : Réalité ou manipulation ?
Publié le mercredi 17 janvier 2018  |  L'Alternative


© aLome.com par Edem Gadegbeku et Parfait
1er jour des 2 journées de manifestations synchronisées de l`opposition dans plusieurs villes du Togo
Lomé, le 20 septembre 2017. Préfecture d`AGOE. La mobilisation de l`opposition de ce jour est très loin de celle des 6 et 07 septembre 2017, mais la tonalité du discours est intacte. L’opposition exige toujours entre autres le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et la libération de tous les détenus politiques depuis le début des manifestations. L’opposition s’oppose aussi à l’organisation d’un référendum sur le projet de loi introduit à l’Assemblée par le Gouvernement.


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Le samedi 13 janvier dernier, le parti au pouvoir s’est invité dans les rues de certaines localités du pays, pour une soi-disant marche de la paix. Dapaong, Kara, Bassar, Tchamba, Sotouboua, Atakpamé et Tsévié sont les localités retenues à la suite d’une réunion des cadres venant de toutes les régions, le jeudi 11 janvier à la présidence de la République sous la tente climatisée. Une descente dans les rues en réponse à la coalition des 14 partis qui a aussi invité ses militants à battre le pavé dans plusieurs localités.


Dans la région Maritime, le parti au pouvoir semble avoir toutes les difficultés à mobiliser dans la capitale et sa banlieue. UNIR pour éviter un désaveu, s’est replié sur la ville de Tsévié qu’on semble transformer en un fief. Pendant que les militants de l’opposition prenaient d’assaut volontairement les rues, du côté d’UNIR, on a eu recours aux vielles méthodes, notamment l’import-export, les billets de banque et les menaces. Malgré tout ce dispositif, la moisson n’a pas été grande. Selon un cadre de ce parti, à Atakpamé par exemple, Unir malgré les billets de banque, n’a pas pu mobiliser plus de 6000 partisans venant des 12 préfectures de la région des Plateaux.

A Tsévié, ce n’était pas non plus la grande foule. Si dans l’ensemble tout s’est bien passé, la ville de Kara a connu une journée particulière. Kara, c’est la cité interdite aux opposants. Les partisans de l’opposition les plus persécutés à ce jour dans cette ville sont ceux du PNP de TikpiAtcahdam. Les loubards et autres barbouzes qui sèment la terreur dans cette ville, avec le soutien du régime en place, ne veulent sentir aucun opposant dans cette localité.


Il y a quelques mois, une délégation de la Coalition qui s’y rendait a été contrainte de rebrousser chemin par les militaires lourdement armés. La violence contre les militants du PNP, avec des violations de domiciles privés est quasi quotidienne. Seul le parti UNIR a le droit de mener ses activités dans cette localité. C’est dans ce sens qu’UNIR a programmé sa marche de la paix à Kara. La manifestation s’est transformée, à en croire certaines sources, en une course poursuite avec des gaz lacrymogènes, des bastonnades et plusieurs arrestations.

Selon des sources contactées depuis la ville, des jeunes organisés se réclamant de l’ancien ministre de la Défense, Kpatcha Gnassingbé incarcéré à la prison civile de Lomé suite à la ténébreuse affaire d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, se sont aussi invités dans les rues pour perturber la manifestation du parti au pouvoir. La marche de la paix n’en n’était plus vraiment une. Pour ne pas subir cet affront, ces voix discordantes dans une ville où on oblige les gens à regarder dans la moindre direction, les indélicats qui scandaient «LibérezKpatcha», ont été vite dispersés à coup de gaz lacrymogènes et des matraques. Des blessés dont 3 graves et plus d’une dizaine de personnes ont été interpellés. Cette fausse note lors de la manifestation d’UNIR à Kara suscite quelques observations.

Dans une ville où les moindres faits et gestes de ceux qui ne portent pas le régime dans leurs cœurs sont suivis et détectés, comment ces jeunes soi-disant pro Kpatcha Gnassingbé ont-ils pu s’organiser et prendre le samedi 13 janvier les rues, sans que les autorités de la ville et tous les agents de renseignements n’aient rien vu venir? Mystère. Sont-ce vraiment des jeunes proches de l’ancien député? Dans un pays où la manipulation et les montages grotesques sont érigés en méthodes de gouvernement, il vaut mieux ne pas prendre les informations au premier degré. Dans cette affaire, il se peut que ces jeunes soient vraiment des proKpatcha, tout comme des gens manipulés.

En effet, depuis quelque temps des chefs d’Etat de la région, notamment ceux impliqués dans la médiation politique, plaident pour la libération de tous les prisonniers politiques, y compris Kpatcha Gnassingbé et ses amis. C’est dans ce sens que plusieurs détenus dans ce dossier scabreux sont libérés au compte-goutte. Ce processus devrait aboutir à la libération des trois autres détenus de cette affaire, à savoir Casimir Dontema, le commandant Ati et Kpatcha Gnassingbé lui-même. Cette perspective n’enchante pas ceux qui ont œuvré ouvertement ou dans l’ombre à la chute brutale du demi-frère de Faure Gnassingbé. Ils ont toujours multiplié les obstacles et plombé toutes les initiatives allant dans ce sens.

La fameuse marche de protestation des soi-disant proKpatcha Gnassingbé est curieuse, d’autant plus que cette action, à l’analyser de tout près, ne fait pas l’affaire de celui qui attend impatiemment sa libération. On peut valablement, et à juste titre, se poser la question de savoir qui est derrière cette action. Est-ce une action spontanée conduite par des gens de bonne foi, partisans de l’ex ministre de la Défense ou un acte commandité dont l’objectif est de plomber le processus de libération qui est actuellement en cours?


Bon à suivre !

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