Le 16 janvier, le pape François qui rencontrait les évêques chiliens leur disait: “les laïcs ne sont pas nos ouvriers, ni nos employés ».
Quel est le rôle des laïcs dans l’Église? Le Professeur Isidore Ndaywel, historien congolais, membre du Comité catholique de coordination du diocèse de Kinshasa a donné son point de vue.
« Le premier rôle du laïc est de se sentir responsable de l’Église. »
« Je préfère parler de ma propre perception du laïc au sein de l’Église.
J’appartiens à un pays où le catholicisme avait une posture privilégiée pendant l’ère coloniale. Elle en a souffert dans la suite, subi plusieurs critiques et subi même des situations de martyre, comme dans le cas de l’exil du cardinal Malula à Rome. Cette situation a été providentielle parce qu’elle lui a permis de se désinstaller de sa position dominante pour être davantage au service de la population.
A l’heure actuelle, nombre de prêtres et évêques ont payé de leur vie pour cet engagement ; le catholicisme, bien que religion de la majorité de citoyens, est sur le même pied d’égalité que les autres confessions religieuses, même les plus minoritaires. Dans ses pratiques comme dans ses combats, il a appris à s’en tenir à l’essentiel. Pour preuve, toutes les fêtes religieuses y compris la Toussaint, l’Ascension ou l’Assomption continuent à être célébrées uniquement le dimanche, ainsi en avait décidé Mobutu au début des années 70 !). Ce catholicisme s’est fortement adapté à la culture et aux conditions locales ; rituel de la messe à l’africaine ; organisation stricte en sous-paroisses : les CEB (Communautés ecclésiales de base dirigées par des laïcs) etc.
Le premier rôle du laïc, dans ce contexte, est de se sentir responsable de l’Église. Il faut s’occuper de l’entretien du curé, assumer les différents services paroissiaux (chorales et autres aspects du culte), animer les multiples commissions de la paroisse qui sont des lieux de formation, de conscientisation de la population, mais aussi d’entraide et de solidarité. Les curés ont parfois tendance à considérer les laïcs comme leurs auxiliaires, mais dans bien des cas, les laïcs ont présenté des attitudes parfois plus prophétiques que leurs curés. A preuve, lors de la marche du 31 décembre 2017, à Kinshasa, dans plusieurs paroisses, ce sont des chrétiens qui ont mis les curés dans l’obligation de suivre le mot d’ordre du Comité Laïc de Coordination et non le contraire.