Dans son nouveau numéro paru ce mois de février, le Magazine panafricain NewAfrican a publié son classement annuel de l’année 2017. Ce classement dressé chaque début d’année constitue un temps fort pour éclairer sur « les personnalités et les parcours d’hommes et de femmes au cœur de l’action pour créer, agir, transformer la vie du continent ». Cette année, 10 togolais figurent parmi les 100 personnalités sélectionnées. Il s’agit de Charles Gafan, Tikpi Atchadam, Brigitte Adjamagbo-Johnson, Prof Komi Wolou, Prof David Dosseh, notamment.
La rédaction de Togo Breaking News se fait le devoir de relayer pour vous ce qu’écrit NewAfrican sur les 10 togolais sélectionnés et mis en lumière dans le classement des 100 africains de l’année qui est à sa 4e édition.
Brigitte Adjamagbo-Johnson
À 60 ans, Brigite Adjamagbo Johnson incarne au Togo l’espoir de tout un peuple. À la tête du plus grand regroupement de l’opposition togolaise (CAP 2015) depuis octobre 2014, elle a su s’imposer comme la femme politique la plus influente dans un contexte actuel de crise politique et de contestation populaire. Secrétaire générale de la CDPA (parti d’opposition d’obédience socialiste), cette brillante universitaire sortie de la Sorbonne, que sa crédibilité impose naturellement, sera au coeur des négociations et autres dialogues pour la sortie de crise. Consultée régulièrement par les présidents de la Guinée et du Ghana, impliqués tous deux dans la crise togolaise comme médiateurs, elle est perçue par les chancelleries occidentales à Lomé comme l’issue la plus réaliste de la crise ; « mettre la pression sans refuser la main tendue » est son slogan.
Tikpi Atchadam
Ce trublion de 50 ans aura mené entre panique et insomnie le régime de Faure Gnassingbé depuis plusieurs mois. Presque inconnu de la classe politique il y a un an, Tikpi Atchadam est devenu, depuis la marche de protestation du 19 août 2017, le symbole de l’émergence d’une nouvelle classe politique au Togo. Président du Parti national panafricain (PNP), ce juriste formé en Allemagne a su compter sur la détermination des Tem, ethnie du centre du pays et majoritairement musulmane. Jouissant d’une grande popularité au sein de la diaspora, disposant d’un discret réseau de soutiens parmi des diplomates occidentaux et les investisseurs africains, il joue sur l’usure du pouvoir de Lomé. Il remet enfin en selle les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Tout au long de l’année 2018, à l’occasion du dialogue prévu et des consultations sous régionales sur la crise togolaise, il sera la pierre angulaire d’une opposition déjà essoufflée avant son arrivée sur le ring.
Charles Gafan
À la tête de Bolloré Togo depuis une décennie, ce financier s’est imposé par sa connaissance de la maison où, pendant trente ans, il a gravi avec la patience qui le caractérise tous les échelons. Son plus grand défi, la construction du troisième quai au Port de Lomé, aura nécessité 300 milliards de F.CFA d’investissement et 18 mois de travaux.
Diplomate et prudent, Charles Gafan doit l’extension rapide des activités du groupe, à la pertinence de son plan de redressement et à ses multiples contacts dans toutes les couches de la société. Vice-président de l’Aget, il aura réussi l’un de ses plus vieux rêves, multiplier par trois les capacités du port de Lomé, en une décennie. Son prochain défi, « aider des jeunes compétents à occuper des postes stratégiques », une manière de préparer sa succession ?
Jean-Baptiste Placca
Célèbre chroniqueur sur Radio France Internationale connu pour sa verve à l’encontre des derniers bastions du monolithisme politique en Afrique en général, Jean-Baptiste Placca est aussi l’un des journalistes les plus suivis hebdomadairement au Togo et en Afrique subsaharienne. Une position d’influenceur que cette plume audacieuse assume sans fard, avec l’habituelle modestie et réserve qui le singularisent. Togolais de la diaspora, son métier de journaliste l’a conduit à rouler sa bosse dans diverses grandes rédactions francophones et l’amène à suivre de très près l’actualité de sa terre natale. Un savoir-faire, des expériences que le fondateur du magazine L’Autre Afrique souhaite transmettre à une nouvelle génération de journalistes. Grand passionné de l’Afrique, il n’a de cesse d’éclairer les avancées politiques et économiques de ce continent à l’aulne des mutations rapides qui rythment la vie des autres pays du Sud de la planète.
Ekoué David Dosseh
Professeur agrégé de chirurgie viscérale depuis dix ans, Ekoué David Dosseh, 50 ans, a tourné le dos aux sirènes de conditions de travail avantageuses à l’étranger, pour se consacrer aux soins de populations démunies dans son pays. Cet enseignant du supérieur s’y est surtout distingué par son engagement au sein de différentes organisations syndicales ou mouvements citoyens œuvrant pacifiquement pour une société plus juste ; tant sur le plan politique que social. C’est le cas du mouvement Togo Debout dont il est l’un des leaders. Discret mais efficace, ce chevalier des Palmes académiques françaises s’est révélé au grand public togolais à la tête du Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo. Homme de parole, défenseur infatigable de causes considérées comme perdues, le professeur Dosseh est l’un des fondateurs des Universités sociales lancées en 2016 pour raviver la flamme des organisations de la société civile au Togo.
Komi Wolou
Komi Wolou, actuel doyen de la Faculté de Droit de l’université de Lomé, la cinquantaine, est spécialiste du droit du travail ; il est également l’actuel leader du parti d’opposition Pacte socialiste pour le renouveau. Juriste, adepte de « la carotte et du bâton » dans l’utilisation du savoir académique au service des progrès sociaux, il incarne la persévérance dans la quête de l’excellence dans le monde universitaire. Le juridisme chevillé au corps aussi bien dans les débats locaux de gouvernance qu’à caractère social, Komi Wolou est habituellement effacé, en dépit de ses charges universitaires et politiques. Il est aussi, dans l’ombre, un acteur majeur dans la progressive professionnalisation des universités privées au Togo, dans lesquelles il délivre différents types de cours de droit.
Chrétien pratiquant, il vante constamment le sens de l’honneur et de l’équité, milite et travaille avec opiniâtreté et méthode pour une modernisation et démocratisation de la gouvernance universitaire et politique.
Denis Amuzu-Dzakpah
Depuis la fin de la période de la « transition politique » au Togo en 1994, jamais l’Église catholique ne s’est retrouvée autant au-devant de la scène politique comme en 2017, lors de l’épisode de « la crise des réformes ». En onze ans à la tête de l’Archevêché de Lomé, Mgr Denis Amuzu-Dzakpah, 75 ans, a négocié avec hardiesse et doigté cette phase houleuse. Ce prêtre, ordonné en Allemagne, aura mené, en toute discrétion, différents plaidoyers, exhortations auprès de la classe politique pour rompre « la nationalisation de l’indifférence face aux maux politiques ». Mgr Amuzu-Dzakpah et les autres évêques du pays se sont ainsi « prononcés en toute objectivité » sur cette phase politique, « en se rangeant aux côtés du peuple ». Une prise de position qui a valu à ce prélat rigoureux et à son Église des critiques au vitriol d’UNIR (formation au pouvoir au Togo), mais qui n’ont pas changé d’un iota sa lecture de l’équité dans la vie sociale.
Sokey Edorh
Peintre plasticien, la soixantaine, Sokey Edorh exporte depuis trois décennies ses toiles aux quatre coins de l’Afrique et du monde. Il casse les codes classiques de la peinture en faisant de la latérite et de l’alphabet dogon (originaire du Mali) les principaux matériaux de ses créations artistiques. Sa peinture témoigne d’une perpétuelle introspection de la nature, une photographie saisissante de son vécu quotidien, et se veut surtout un pont entre la société africaine contemporaine et son passé. Une démarche qui promeut une valorisation originale des idéogrammes et des pictogrammes, legs historiques des civilisations de divers peuples d’Afrique.
Une conception des arts plastiques qui s’engage au profit des causes sociétales ou politiques. Infatigable défenseur des cultures africaines, il a entrepris ces deux dernières années de reconquérir de nouveaux espaces culturels, en s’engageant dans diverses oeuvres.
Kossi Assou
Né et formé en terre ivoirienne, il allie sobriété, simplicité et convivialité, le tout fondé sur un savoir-faire unique en matière d’arts plastiques tournés vers le design au Togo. Kossi Assou s’est singularisé dans le design africain en créant depuis 36 ans du mobilier reconnu à l’international. Professeur, expert en arts plastiques, design, artisanat d’art, juré d’une kyrielle de rencontres artistiques en Afrique, il a été distingué par l’Unesco comme « trésor humain vivant ». Entrepreneur culturel, initiateur de plusieurs rencontres internationales, distingué par plusieurs autres institutions, il est à l’initiative de la création de célèbres associations continentales comme les Designers africains et les Entrepreneurs culturels. Artiste précurseur dans le design africain à l’inspiration et l’imagination fertiles, Kossi Assou est aussi l’architecte des célèbres festivals (Ewolé et Thamani) centrés sur la promotion des cultures africaines dans le monde.
Abdou-Raouf Akanga
Natif de Kpalimé (Sud-Togo), la ténacité comme arme quotidienne, Abdou-Raouf Akanga est l’exemple-type de la nouvelle génération de cyclistes africains déterminés à s’offrir une riche carrière professionnelle, malgré des conditions de travail peu enviables. Remettre de l’ouvrage sur le métier et tendre un peu plus vers le professionnalisme constituent le credo de ce sportif. Il s’efforce de donner corps à cette ambition via divers stages pratiques en Afrique comme en Occident. Akanga est devenu, en 2016, le premier Togolais à figurer dans le top 5 du Tour du Faso, en 29 d’existence de cette compétition. Ce fut le couronnement de précédents efforts similaires qui lui ont valu, à titre d’exemple, de porter le maillot jaune durant deux jours sur le tour du Bénin 2016, dont il a remporté la troisième étape. Akanga est en outre vainqueur d’une dizaine de courses locales et du Championnat national du Togo sur route en 2015.... suite de l'article sur Autre presse