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Michaëlle Jean : «Mon histoire, mon bilan, mes ambitions»
Publié le jeudi 8 fevrier 2018  |  Jeune Afrique


© Présidence de CI par DR
8èmes Jeux de la Francophonie : arrivée à Abidjan du Président de Madagascar, S.E.M. Hery Rajoanarimampianina et de la Secrétaire Générale de l`OIF, Mme Michaëlle Jean
Jeudi 20 juillet 2017. Abidjan. Le Président de Madagascar, S.E.M. Hery Rajoanarimampianina et de la Secrétaire Générale de l`OIF, Mme Michaëlle Jean sont arrivés pour les 8 èmes Jeux de la Francophonie


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Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) depuis trois ans, la Canadienne d’origine haïtienne briguera au mois d’octobre un nouveau mandat. En attendant, elle s’est confiée à Jeune Afrique.

La canadienne Michaëlle Jean, 60 ans, a pris ses fonctions de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) il y a trois ans, le 5 janvier 2015.

Première femme et première personnalité non africaine à diriger l’institution, elle a eu un parcours pour le moins étonnant : de Port-au-Prince, en Haïti, qu’elle a fui pour échapper à la dictature de Duvalier, à Paris, donc, en passant par Ottawa, où elle est arrivée avec sa famille à l’âge de 11 ans et où elle fut gouverneure générale du Canada (2005-2010).

Elle nous a reçus dans son bureau de l’avenue Bosquet, dans le 7e arrondissement de la capitale française, pour, à quelques mois de la remise en jeu de son mandat, en octobre à Erevan (Arménie), dresser un premier bilan de son action et répondre avec passion, pugnacité et volubilité aux critiques qui lui sont adressées concernant la tenue de ses promesses de campagne ou l’efficacité de l’OIF en RD Congo, au Togo et ailleurs.

Jeune Afrique : Peu après votre élection, vous nous aviez déclaré que l’OIF devait « avoir davantage d’impact sur le cours des événements, proposer des solutions et obtenir des résultats ». Mission accomplie ?


Michaëlle Jean : En vous disant ça, j’entendais assigner une feuille de route à l’OIF. Lors de mon arrivée, j’ai vite compris qu’elle avait le plus grand mal à faire connaître ce qu’elle est et ce qu’elle fait.

Je me suis donc efforcée de remédier à ce déficit de communication, en particulier au Conseil de sécurité des Nations unies. L’enjeu était d’importance, la situation sécuritaire dans l’espace francophone étant, comme dans le reste du monde, fort tendue. Alors que nous participons depuis vingt ans aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, il était légitime que nous cherchions à faire entendre notre voix.



J’arrive donc le 5 janvier 2015. Dès le mois de mars, l’OIF est présentée au Conseil de sécurité comme un partenaire « incontournable ». Au Sahel, nos actions doivent être menées de manière intégrée. Les pays du G5 veulent avoir les moyens de défendre leurs territoires et leurs populations. D’où la nécessité d’une force conjointe destinée à combattre le terrorisme.

Vous aviez fait campagne sur des choses très concrètes : le visa francophone, la dimension économique de la Francophonie… Où en est-on, de ce point de vue ?

Nous avons tout de suite pensé qu’il fallait renforcer les moteurs de la croissance. Dans ce dessein, nous avons sélectionné treize pays africains pour, en accord avec les autorités et les forces économiques locales, y créer de très petites et moyennes entreprises qui, si tout va bien, sont appelées à devenir des incubateurs de la croissance.

Parallèlement, nous faisons un travail important auprès des jeunes pour renforcer leur maîtrise des outils numériques et des nouvelles technologies. Nous soutenons plus d’une quarantaine de structures destinées à favoriser la création d’emplois. Les jeunes qui fuient leur pays ont la conviction que leur avenir est totalement bouché. C’est cette sombre perspective qu’il faut changer.

Directeur de la francophonie économique et numérique au sein de l’OIF, le Togolais Kako Nubukpo a participé en 2016 à la rédaction d’un livre (Sortir l’Afrique de la servitude monétaire) très hostile au franc CFA avant d’être suspendu, en décembre 2017. Or ses positions étaient connues de longue date…



La candidature de Nubukpo a été examinée de manière très rigoureuse par une agence internationale, puis soumise à un jury de très haut niveau qui a porté son choix sur lui ; son profil convenait parfaitement à la mission confiée à cette direction. Le livre sort, il m’en prévient, je lui fais observer que son contrat comporte une clause de réserve et de neutralité conforme aux standards de la fonction publique internationale. Bien entendu, la question du franc CFA est très sérieuse, mais en l’occurrence c’est moins la question elle-même qui pose problème que la manière dont elle a été abordée. Kako Nubukpo s’est comporté comme un militant, pas comme un haut fonctionnaire, raison pour laquelle il a reçu plusieurs avertissements, dont il n’a pas tenu compte.
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