Ces derniers mois, les évêques de plusieurs pays d’Afrique se sont prononcés sur la situation politique de leurs pays au nom de leur « mission prophétique » au service de leurs fidèles.
Le pays pionnier en la manière est la RD-Congo, mais les conférences épiscopales du Tchad, du Bénin, du Togo, d’Afrique du Sud, du Kenya, du Sud-Soudan, du Cameroun et plus récemment de la Tanzanie, semblent décidés à ne plus se taire.
Ces derniers mois, dans plusieurs pays africains, des évêques ont élevé la voix pour dénoncer les abus d’hommes politiques ou alerter sur des faits politiques qui peuvent être dangereux pour les populations.
Dans ce domaine, l’Église la plus emblématique est celle de la RD-Congo.
En décembre 2016, elle a assuré la médiation entre le pouvoir et l’opposition pour favoriser une transition politique. Dans ce pays d’Afrique centrale, la crise politique a commencé le 19 décembre 2016. Depuis cette date, le président Joseph Kabila qui a terminé son dernier mandat constitutionnel refuse de quitter le pouvoir.
Lors de sa dernière Assemblée plénière, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) s’est déclarée opposée à une nouvelle candidature aux élections du président Joseph Kabila. À ses détracteurs, qui lui reprochent de s’immiscer sur dans le terrain politique, elle a rappelé la « mission prophétique » de l’Église. « Le prophète, c’est celui qui annonce et dénonce », « l’Église doit être présente là où la population souffre », estimait ainsi le père Donatien Nshole, secrétaire général de la Cenco après de virulentes critiques du président congolais Joseph Kabila. Le 26 janvier, Joseph Kabila avait, en effet, raillé l’implication de l’Église congolaise dans la vie politique. « Nulle part, dans la Bible, Jésus-Christ n’a jamais présidé une commission électorale », avait-il ironisé devant la presse.
Les marches de protestation contre le régime de Joseph Kabila, organisées par un collectif de laïcs du diocèse Kinshasa bénéficient, par ailleurs, du « soutien moral » de la Cenco.
Au Bénin
En 1990, s’ouvrait à Cotonou la « Conférence des forces vives de la nation », présidée par l’archevêque de Cotonou de l’époque, Mgr Isidore de Souza. Le Bénin était alors confronté à une grave crise politique et sociale que le président Mathieu Kérékou a tenté de régler en réunissant « toutes les forces vives de la nation » autour de l’archevêque de Cotonou pour trouver une solution durable.
28 ans plus tard, lors de leur session plénière du 24 au 26 janvier, les évêques béninois ont alerté le pouvoir du président Patrice Talon sur « la permanence de la morosité économique et surtout la montée d’une certaine tension sociale ». Dans la même lancée, ils ont appelé les acteurs politiques à réintégrer « les principes du jeu démocratique » et les citoyens béninois, à faire « reculer le pouvoir de l’argent sur la vie politique nationale ».
Au Tchad
Dimanche 4 février, l’archevêque de N’Djamena au Tchad, par ailleurs président de la Conférence épiscopale tchadienne, Mgr Edmond Djitangar a dénoncé la mauvaise gestion du pays. « J’ai pris possession du siège épiscopal de N’Djamena le 15 octobre 2016 alors que le pays était déjà en pleine crise économique et sociale avec des grèves dans différents domaines d’activité, suite aux « 16 mesures » préconisées par le gouvernement pour sortir de la crise, a-t-il souligné. Manifestement, ces mesures n’ont pas donné de résultats escomptés. D’autres mesures se sont ajoutées, décidées unilatéralement par le gouvernement alors que la condition de vie de la population n’a cessé de se dégrader. »
Pour tenter de résoudre la crise, la Conférence épiscopale du Tchad, en partenariat avec les autres communautés religieuses, tente, depuis début février, de mener une médiation entre les syndicats de travailleurs et le gouvernement.
Au Togo
Depuis août 2017, un mouvement de protestation contre le pouvoir du président togolais Faure Gnassigbé, s’est organisé, avec notamment de grandes manifestations dans les rues. Le 17 septembre, les évêques catholiques togolais sont sortis de leur silence pour demander au pouvoir d’opérer « urgemment » les réformes constitutionnelles et institutionnelles demandées par le peuple. Interrogé sur cet engagement de l’Église auprès de la population, Mgr Denis Amuzu-Dzakpah, archevêque de Lomé, a estimé que « l’Église est une autorité morale » et qu’« elle ne peut pas se taire ».... suite de l'article sur Autre presse
Mgr Amuzu-Dzakpah parle de Faure G, des mandats présidentiels et des médiations de son Eglise au Togo Publié le: 25/9/2017 |