Ils parlent d’un licenciement abusif et en appellent à l’Inspection du travail. Le seul péché des employés de la Société de transports de Lomé (SOTRAL), c’est d’avoir observé des mouvements de cessation de travail pour quelques jours pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Aujourd’hui, ils se retrouvent sur le carreau, parce que la Direction de cette société n’a trouvé d’autres réponses que de les renvoyer.
En effet, du 28 février au 5 mars derniers, les agents de la SOTRAL ont observé un mouvement de grève. Ils réclamaient le versement de 8 000 FCFA sur le salaire, une promesse faite par la Direction depuis 2017, suite à une grève qui a conduit à des discussions avec la médiation de l’Inspection du travail. A plusieurs reprises, le Syndicat national des sociétés de transports du Togo (SYNASOTRAT) a relancé la Direction sur ce fait. Mais il n’a pas eu de réponse probante. Ce qui l’a conduit à lancer un préavis de grève qui a commencé le 28 février 2018. Au terme de six (06) jours de débrayage, les employés ont repris le travail, espérant que les responsables de la SOTRAL seraient revenus à de meilleurs sentiments.
C’est compter sans la réticence de la Direction à respecter sa parole donnée. Pire, au lendemain de la fin du mouvement, elle envoie une note aux employés grévistes de lui fournir, chacun, une note d’explication. « Lors de la grève de 05 jours (du 28 février au 5 mars 2018) lancée par le SYNASOTRAT (Syndicat national des sociétés de transports du Togo) dont vous êtes membres, il vous est reproché les faits suivants : l’observation de la grève alors que les discussions étaient en cours sous la médiation de l’Inspection du travail et des lois sociales Lomé Ouest, le refus d’observer le service minimum tel que stipulé par l’article 47 de la Convention de concession de SOTRAL et de l’article 272 du code de travail, la participation à un attroupement aux abords immédiats du lieu de travail et des intimidations à l’endroit des membres du personnel désirant travailler. Vous êtes invité à nous fournir des explications dans un délai minimum de 24 heures dès réception de la présente », indique la note signée par le Directeur Général de la SOTRAL, TindanoKomlan.
A cette note envoyée à chacun des grévistes, le syndicat a décidé de donner une réponse collective. Mais certains employés, pour des raisons dont eux seuls détiennent le secret, ont envoyé leur réponse individuellement. Cela n’a pas empêché le Syndicat de réagir au nom de tous les employés qui réclament leurs droits. Sur le premier point de la note de la Direction demandant des explications, le syndicat, par l’entremise du délégué du personnel, a fait observer ce qui suit : « Il vous (Ndlr, le DG de SOTRAL) souvient que la veille, à une semaine de suspension, notre organisation a pris soin de vous notifier par écrit l’entrée en grève du personnel qui était restée sans suite.
La motivation qui sous-tend cette démarche était de relancer les discussions avec l’administration. Il est clair que vous avez rompu la communication, et en conséquence, l’observation de la grève telle que précisée dans le courrier de préavis était intervenue hors discussions ». Sur le refus de faire le service minimum qu’évoque la Direction, le syndicat a fait observer qu’il n’y avait jamais eu consensus sur cet aspect au sein de la société. « Malgré les multiples relances, je n’ai jamais pris connaissance de la Convention de concession dont vous citez l’article 47. Je reste entièrement disponible pour aborder avec vous les points en discussion dans un cadre de dialogue social », souligne la note du délégué du personnel à la Direction.
Par ailleurs, les agents ne reconnaissent pas avoir participé aux attroupements aux abords du lieu de travail. Selon eux, ils étaient bien en retrait, espérant un accord entre le syndicat et la Direction pour reprendre le travail. Sur la question des intimidations sur le personnel qui désirait travailler, les grévistes demandent aux responsables de la SOTRAL d’apporter les preuves.
Il faut noter que pendant que certains observaient la grève, d’autres vaquaient à leurs occupations dans la société. Aujourd’hui, le syndicat parle de plus de 120 personnes licenciées. Les agents qui ont envoyé leur lettre d’explication individuellement ont été autorisés à reprendre le travail. Une politique de deux poids deux mesures que dénoncent les employés de la SOTRAL qui ne comptent pas rester les bras croisés. Dans un pays où le chômage est devenu le quotidien des citoyens et où presque tous les secteurs sont en ébullition, faut-il en rajouter avec ces genres de licenciement ? Pour de nombreux observateurs, cette situation ne devrait pas surprendre quand on connaît ceux qui écument le sérail de cette société.