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Il y a 10 ans disparaissait Aimé Césaire, le chantre de la négritude
Publié le mardi 17 avril 2018  |  RFI




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Disparu il y a dix ans, le poète martiniquais Aimé Césaire était, avec ses compères Senghor et Damas, le principal chantre de la négritude. Important mouvement littéraire, ce courant fut à l'origine d'une véritable épiphanie poétique. La négritude participa aussi à la réhabilitation de l'homme noir, en lui insufflant la fierté retrouvée d'être « noir » et partant, la force de prendre son destin en main. Cette célébration de l'expérience noire n'a pas été totalement exempte d'ambiguïtés que les contemporains de Césaire comme ses héritiers n'ont pas manqué de souligner.

Aimé Césaire s’est éteint il y a dix ans, le 17 avril 2008, à l’âge de 95 ans. En lui accordant des funérailles nationales qui se sont déroulées au cimetière La Joyau à Fort-de-France, trois jours après le décès, la France a rendu hommage à ce grand Français, qui fut maire, député de sa Martinique natale et surtout l’immense poète célébré aujourd’hui dans le monde entier. Dans l’imaginaire populaire, avec ceux du poète président sénégalais Léopold Sédar Senghor et du Guyanais Léon-Gontran Damas, le nom de Césaire reste associé à tout jamais au mouvement de la négritude de langue française. Ce courant a marqué la prise de conscience de l’homme noir de son identité historique et a créé les conditions intellectuelles pour la libération du monde noir francophone dominé et colonisé.

« J’habite une blessure sacrée/ j’habite des ancêtres imaginaires/j’habite un vouloir obscur/j’habite un long silence /j’habite une soif irrémédiable… ». Rien ne témoigne mieux l’importance et la centralité de la prise de conscience incarnée par la négritude dans la vie même de Césaire, que ces vers extraits d’un de ses derniers recueils, inscrits sur la pierre tombale du poète défunt. Ce poème dit mieux que toutes les nécrologies le sens du combat que l’homme a mené avec ses deux compères pour conduire le peuple noir vers son affranchissement qui n’a pas été que politique.


Retrouver l’Afrique

C’est en 1939, alors qu’il est encore étudiant à Paris, que Césaire publia la première version de son opus magnum Cahier d’un retour au pays natal, considéré avec Pigments (1937) de Damas comme les premiers grands ouvrages littéraires inspirés par la thématique de la négritude. La légende veut que c’est en découvrant pendant un voyage en Yougoslavie de l’île de Martiniska, située au large de la côte dalmate et dont le nom et le paysage lui rappelaient sa Martinique natale, que le jeune poète, âgé alors seulement de vingt-deux ans, se lança dans la rédaction de son poème au long cours.

Nourri de la poésie africaine-américaine de la Negro-Renaissance qui battait son plein à Harlem au début du siècle denier, Césaire revient poétiquement dans son opus sur le parcours de la population antillaise esclavagisée, colonisée et dominée, mais appelé à se libérer en prenant en main sa propre histoire. Pour le poète, cette renaissance passe par le rejet de ses habits d’emprunt pour entrer en communion avec son moi profond. « Mais attention, pour moi, martiniquais, Césaire n’eut cesse de l’affirmer, retrouver le moi profond, c’était me dépouiller de toutes les défroques occidentales et françaises, et retrouver l’Afrique. »


Or, quand il vivait à la Martinique, Césaire ne connaissait pas l’Afrique. Profondément aliénés par leur éducation française qui reléguait le continent noir du côté de la barbarie, les Martiniquais issus de l’esclavage avaient soigneusement refoulé la part africaine d’eux-mêmes, préférant s’identifier à la France et aux valeurs occidentales en général. La littérature martiniquaise de l’époque, qu’on appelait doudouiste, se signalait à l’attention par son imitation quasi parfaite des avant-gardes métropolitaines. C’est à Paris que le futur poète découvrit l’Afrique, grâce à sa rencontre avec Senghor, à Louis-le-Grand, le jour de son inscription en hypokhâgne. Une rencontre qui est entrée depuis dans la mythologie fondatrice de la francophonie littéraire africaine.

Aimé Césaire a souvent raconté comment en sortant du secrétariat du lycée, il a été abordé dans le couloir par un jeune homme en blouse grise, étudiant en khâgne et originaire du Sénégal. Il voulait que le Martiniquais, de sept ans son cadet, devienne son « bizut ». L’interlocuteur s'appelait Léopold Sédar Senghor.


Les deux hommes ne se sont depuis plus jamais quittés, du moins intellectuellement, comme Césaire l’a expliqué au journaliste français Patrice Louis venu l’interroger en 2003, pour les 90 ans du barde. « En parlant, avec Senghor, de l’histoire de la Martinique, je me suis aperçu que beaucoup de choses qui me surprenaient à la Martinique s’éclairaient à la lumière de ce qu’il me disait, a raconté Césaire à longueur d’interviews. Mon africanité inconsciente se révélait quand Senghor m’expliquait les choses. Alors nous avons beaucoup bavardé. Nous étions très amis, et beaucoup des livres que j’ai lus, c’est grâce à Senghor. » (1)
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