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Diner débats : La responsabilité sociale des entreprises au centre des préoccupations (2e édition)/Extrait de l’intervention de Me Jean Degli
Publié le mercredi 25 avril 2018  |  Le Combat du Peuple


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Emmanuel Atcha
Symposium sur les acquis des 25 ans de la tenue de la Conférence nationale au Togo
Lomé, le 08 juillet 2016. AGORA SENGHOR. A l`initiative du CACIT (Collectif des Associations contre l`Impunité au Togo) et du Cabinet de Me Jean Degli, les Togolais de divers horizons ont été invités à revisiter l`histoire de la CNS (Conférence Nationale dite Souveraine) pour en dresser le bilan et les perspectives. Ce 08 juillet 2016 coïncidait avec les 25 ans jour pour jour de l`organisation de cette CNS.


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L’entreprise Africa Global Recycling (AGR) a invité les acteurs du monde entrepreneurial pour échanger autour de la responsabilité sociétale et sociale des entreprises (RSE) le 19 avril 2018 à l’hôtel EDA OBA à Lomé. Ce diner qui est à sa deuxième édition après celui du 18 janvier 2018, a connu la participation d’une soixantaine d’entreprises et de sociétés privées.

Les diners débats RSE sont des occasions d’échanges et de partage d’expériences et de savoir entre les responsables d’entreprises toutes catégories confondues implantées sur le territoire national.

Elles sont destinées à vulgariser la responsabilité sociale des entreprises généralement perçue comme une contrainte et qui pourtant, s’avère un vrai enjeu pour le développement durable. La soirée a été rehaussée par la présence effective du président de la Chambre du Commerce et de l’Industrie du Togo (CCIT), Germain MEBA, et de l’Ambassadeur de France au Togo, Marc VIZY.

Les conférenciers qui ont animé la soirée, ont échangé avec les invités sur le thème central «La responsabilité sociale des entreprises dans la construction d’une croissance durable partagée».
Ce thème est articulé autour de trois questions fondamentales :


– Quel cadre et environnement juridique ?

– Quelle place et quel rôle pour la Femme dans l’économie ?

– Quelle place pour les organisations professionnelles agricoles ?


La parole a été donnée aux orateurs pour partager leurs connaissances et expériences sur un volet précis du thème choisi. Avocat au Barreau de Lomé et au Barreau de Paris, acteur engagé dans la Société Civile et président de l’organisation « Bâtir le Togo », Me Jean DEGLI, dans une intervention magistrale, a éclairé sur le cadre juridique dans lequel ont évolué les entreprises occidentales en général et celui du Togo en particulier.


Voici un extrait de son intervention pour permettre aux lecteurs de se faire une opinion sur le cadre juridique en matière de responsabilité sociale des entreprises :

«Mesdames et messieurs, j’ai l’honneur et l’obligation de vous entretenir sur le cadre juridique de la responsabilité sociale des entreprises d’une façon générale. Cependant, j’ai été instruit sur le fait qu’il s’agit essentiellement d’en arriver au cas de notre pays le Togo en faisant l’état des lieux de l’arsenal juridique dont on dispose aujourd’hui afin d’essayer d’évoluer notamment fédérer de façon sérieuse les pratiques et les principes de la RSE dans les entreprises pour réussir.

Lorsqu’on parle de la responsabilité sociale de l’entreprise, nous les Africains et particulièrement les Togolais, nous devons nous poser quelques questions parce que la définition que donne la Commission Européenne à la RSE, c’est l’intégration volontaire des entreprises des préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. La première question que l’on devrait se poser c’est de savoir si les entrepreneurs sont devenus des philanthropes.


Je trouve donc que cette définition est non conforme au processus qui nous a amené à ce que nous connaissons aujourd’hui. Je préfère personnellement la définition qui voudrait que la RSE soit plutôt le fait pour une entreprise de ne pas se définir uniquement par ses buts et objets premiers que sont la richesse et le profit, mais d’aller plus loin et d’intégrer à son existence les retombées de ses activités en agissant de façon à ce que ces retombées soient positives pour la société.

Je dis cela parce que lorsqu’on définit la RSE comme une intégration volontaire, on a oublié le fait que la RSE n’est pas née d’une volonté des entreprises de changer les choses. Elle est le résultat d’un processus dans lequel il y a eu des contraintes qui se sont imposées aux entreprises.

C’est pourquoi le premier volet que je voudrais aborder avec vous, c’est l’objet de la responsabilité sociale de l’entreprise. Cet objet porte en premier lieu sur le respect des lois existantes. La RSE est partie du respect de lois non contraignantes et dictées naturellement qui existent dans la plupart des pays. Si, de nos jours, la RSE a évolué et est devenue une contrainte, c’est à cause de certains scandales auxquelles on a assisté.

Ce sont ces scandales qui ont poussé les femmes et les hommes d’affaires à s’engager sur certaines voies. C’est à cause des punitions infligées pénalement et financièrement aux entreprises suite aux violations des lois sociales, économiques et environnementales qu’elles ont commencé à réfléchir pour agir autrement. Et comme on le dit souvent, la peur du gendarme est le commencement de la sagesse.

Ainsi, à partir des années 90, les entreprises se sont engagées à œuvrer non seulement au respect des législations existantes mais aussi, compte tenu de l’évolution générale de la société, elles ont créé des conditions pour faire le business autrement c’est-à-dire faire le business qui puisse leur procurer en même temps du profit et le bien-être à leur entourage et leur environnement. C’est donc la situation à laquelle nous sommes arrivés aujourd’hui.


La deuxième étape, c’est celle à laquelle on assiste à présent. Les entreprises, après avoir accepté de respecter les règles étatiques établies, ont décidé d’intégrer les normes qu’elles-mêmes, ont créé et qu’elles respectent.

A mon avis, c’est la chose la plus démocratique qui soit.

Il faut reconnaître que tout cela n’est pas encore arrivé dans notre pays et que nous n’appliquons pas encore ces lois. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue le fait que pour que les puissances occidentales arrivent à cette étape, il a fallu d’abord que le citoyen et la société civile soient sensibilisés.

Le citoyen doit comprendre l’intérêt de ne pas accepter que le fait de faire du business entraîne entre autres, la destruction de l’environnement, la violation des lois sociales et des droits humains et le refus de payer son dû à l’Etat.

La moralisation de la vie d’entreprise, le fait de créer un peu de morale dans l’entreprise aujourd’hui est passée par la prise de conscience à la fois des citoyens et des populations.

Si nous associons ces deux étapes, nous comprenons facilement ce qu’il faut faire dans nos sociétés africaines.

J’en viens donc au troisième point de mon intervention qui consiste à faire l’état des lieux de l’environnement juridique au Togo. On ne peut pas affirmer d’emblée que la responsabilité sociale va être une intégration volontaire des entreprises à la société togolaise : c’est un leurre.


Excusez-moi de le dire. Car, on ne peut pas sauter la première étape. Cette étape est celle de l’existence des lois qui impose des contraintes que l’on respecte. Tant qu’on ne respecte pas les lois qui existent sur l’environnement et sur le plan social, on ne peut pas se faire soi-même des lois qui vont aboutir à la responsabilité démocratique des entreprises.

La première des choses à prendre en compte, ce sont les textes.


Est-ce que des textes existent au Togo qui vont dans le sens de la responsabilité sociale des entreprises ? Des textes existent à l’instar de la loi cadre de l’environnement, du code du travail, du code minier et des principes fondamentaux des droits humains qui sont inscrites dans notre constitution.

Le problème que nous rencontrons c’est que tous ces textes constituent, malheureusement comme pour la plupart des pays en voie de développement, des textes pour le décor. Car, leur application et leur respect absolu ne s’impose pas encore à chacun d’entre nous et surtout aux entrepreneurs et à ceux qui font du profit à travers leurs activités économiques.

Il faudrait donc, en premier lieu que nous arrivions à faire en sorte que ces textes qui existent déjà, soient respectés. C’est un point fondamental … Notre pays a des règles qui ne sont pas encore totalement respectées. Nous devons sérieusement plancher sur cet aspect des choses afin de renforcer nos règles et veiller à leur application.

En tout état de cause, l’entrepreneur togolais ne peut plus considérer qu’il fera des affaires en n’intégrant pas ce qui constitue les principes fondamentaux de la responsabilité sociale des entreprises… »

Les autres intervenants sont Mme Marlène ADANLETE-DJONDO, co-fondatrice de la marque africaine de textile « Wina Wax », Dr Michel BABADJIDE, vétérinaire de formation et fermier de profession au Bénin et Consultant international en petits élevages et en développement communautaire pour la FAO, M Amadou Oury DIALLO, Consultant International et Expert AGR Conseil (Africa Global Recycling) pour le développement rural et communautaire et Directeur Général du Bureau Central des Etudes et de la Planification Agricole au Ministère de l’Agriculture, des Eaux et Forêts de Guinée.

Ils ont, tour à tour, entretenu l’assistance sur le rôle de la Femme dans l’économie et la place des organisations professionnelles agricoles dans la construction d’une croissance durable partagée. Les communications ont été suivies de questions-réponses toutes pertinentes qui ont permis à l’assistance d’être édifiée.

La récapitulation des divers échanges faite par M. Marc VIZY, ambassadeur de France au Togo depuis septembre 2017, a clos cette soirée riche en débats.


Les diners RSE, prévus pour chaque trimestre, visent la création et la promotion d’un vrai cadre dynamique pour que la Responsabilitéì Sociale et Sociétale, ne soit plus perçue comme une contrainte, mais plutôt comme un levier de performance des Entreprises et des Organisations qui opèrent sur le territoire national et au-delà.



C.P.

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