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La création d’un Centre africain de la gomme arabique au secours d’une filière méconnue
Publié le mardi 1 mai 2018  |  Commod Africa


© Autre presse par Common creative (Wikipedia)
Gomme arabique


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La gomme arabique est récoltée, bien souvent, par les plus pauvres des pays les plus pauvres au monde.

Ceci en fait un levier d'autant plus formidable de développement qu'il s'agit d'une matière première fondamentale pour une large palette d'industries, a-t-il été rappelé vendredi à la Cnuced qui a présenté son tout premier rapport consacré à la gomme en présence des représentants de nombreuses délégations officielles à la Cnuced, mais aussi d'acteurs et de représentants de la filière dans des pays majeurs comme le Soudan, le Mali, le Tchad, etc.


Une filière, très concentrée, en plein essor

Une filière très mal connue en général par le grand public mais aussi par nombre d'acteurs du commerce international. Pourtant, elle est en plein essor : les ventes mondiales de gomme brute ont progressé de 194% en volume ces 25 dernières années, à 113 382 tonnes (t) en 2016, et de 58% en valeur, à $ 164,4 millions, a souligné Mario Jales, économiste au Service des produits de base à la Cnuced et auteur du rapport.


Une filière très concentrée avec 86% des volumes exportés provenant de trois pays, le Soudan (65%), le Tchad (13%) et le Nigeria (8%), même si la collecte de la gomme s'étire sur toute la longueur de la bande sahélienne et au-delà, de la Mauritanie à la Tanzanie. Cette zone du monde très fragilisée par l'insécurité et le terrorisme, les actions de Boko Haram ayant empêché nombre de producteurs de travailler, notamment ceux qui n'ont pas de plantations en tant que telles mais qui récoltent dans la savane, sur des acacias sauvages. Au Nigeria, c'est la principale cause de la chute des exportations qui sont passées de 40 000 t en 2009 à 11 000 t en 2013. "Sur des photos de Boko Haram, on voit les acacias dans le fond", a souligné Tunde Mustapha, représentant du Nigeria auprès de la Cnuced.
La France contrôle l'international
A l'international, cette gomme arabique brute est achetée essentiellement par deux pays, l'Inde et la France, tous deux gros acteurs mondiaux de la chaîne agro-alimentaire : ces deux pays représentant 75% des volumes mondiaux importés. L'Inde est passé au premier rang en 2016, selon la Cnuced, avec 47 559 t importées contre 29 247 t en 2015 tandis que la France était à 38 224 t contre 44 422 t en 2015.

Quant à la gomme transformée, les exportations sont, là encore, très largement dominées par la France (69% avec 35 181 t) qui, avec le Royaume Uni (4006 t), l'Italie (3177 t), les Etats-Unis (2416 t) et l'Allemagne (2440 t), représentent 92%. Les entreprises Nexira et Alland & Robert en France, et le britannique Agrigum International, sont loin devant une kyrielle de plus petites. Leurs activités ont connu un essor fantastique ce dernier quart de siècle puisque les exportations de gommes transformées ont bondé de 158%; à noter que depuis peu, le Soudan a développé sa transformation et représente aujourd'hui 4,3% de l'offre mondiale.

A noter que les grands acteurs du secteur privé -les entreprises précitées mais aussi des utilisateurs finaux comme Coca-Cola, etc.- avaient été invités par la Cnuced à participer vendredi aux travaux, auraient hésités et, en définitive, auraient décliné l'invitation, préférant envoyer le représentant de l'Association pour la promotion internationale des gommes, Thorsten Hauser. Cette volonté de l'aval de la filière a vouloir se présenter collectivement est un des facteurs incitant les pays producteurs à se regrouper, eux aussi, pour renforcer leur pouvoir de négociation (voir infra).


Un "don de Dieu"

Ceci dit, ce n'est pas tant ce marché international de la gomme qui est le plus important pour des pays importants producteurs comme le Soudan, a expliqué Abdelmajid Abdelgader, secrétaire-général du Conseil de la gomme arabique, qui a d'ailleurs saisi l'occasion pour rappeler que le mot "arabique" dans gomme arabique ne signifiait pas que la gomme venait de pays arabes mais que "arabic" signifiait excellence, transparence. En effet, ce sont les feuilles, les fleurs et le bois d'acacia qui sont d'une importance considérable pour l'économie locale.

"L'acacia n'est pas un produit agricole, c'est un produit économisateur d'environnement. Car l'acacia ne produit de la gomme que s'il ressent une menace dans son approvisionnement en eau", d'où l'immense opportunité pour tous les pays connaissant d'importants stress hydriques.

En outre, cet arbre, "don de Dieu", fournit 60% de l'alimentation bétail au Soudan ; son bois permet la construction de meubles, de maisons, de navires, d'ardoises pour écrire, etc. La plupart de la faune dans la région vit dans la région des acacias qui les alimentent. "Vous, en Europe, vos oiseaux 'migrent" vers nos régions d'acacias durant six mois de l'année et nous devrions être payés pour ça !", a souligné, avec humour, Abdelmajid Abdelgader.

Les prix demeureraient à la baisse

Le prix FOB de la gomme arabique Kordofan, la référence en la matière, a connu de très fortes fluctuations ces dix dernières année. Parti d'un pic de $ 4 200 la tonne à la mi-2006, suivant en cela le boom des matières premières, il a perdu $ 1 000 en six mois, pour sombrer à $ 1 800 début 2010. La nouvelle envolée des prix des matières premières en 2011 l'a portée à nouveau à $ 4 200 en 2011. Puis la gomme a oscillé entre $ 2 800 et 3 400 jusqu'en 2015 avant un nouveau plongeon en 2016. L'avenir n'est guère rassurant.


"L'Afrique ne peut pas produire plus de 120 000 t selon les statistiques officielles mais les traders parlent d'une offre allant jusqu'à un million de tonnes. C'est pourquoi on s'attend à ce que les prix baissent encore cette année", a souligné Abdelmajid Abdelgader à CommodAfrica. Selon le spécialiste, le prix souhaitable est un prix équilibré, pas trop élevé : "Pour l'acacia senegal, $ 3 000 serait bien et pour l'acacia seyal $ 1 100-1 200 FOB. Mais le prix aujourd'hui, n'est pas bon : depuis 2017, il a baissé de quelque 50%", a expliqué le responsable.

Selon le spécialiste Rongead, en janvier, les prix pratiqués au Soudan étaient entre $ 2500 et 2600 la tonne de gomme dure de l'acacia senegal et entre $ 650 et 750 pour la gomme friable issue de l'acacia seyal.

Vers la création d'un centre africain de la gomme arabique


La filière évolue avec une volonté de plus en plus déterminée des pays producteurs à s'organiser et à capter davantage de valeur ajoutée.


La situation malienne illustre cette évolution. "Le Mali a créé il y a un an la Fédération nationale de la gomme arabique qui regroupe aujourd'hui 15 acteurs. On veut valoriser nos produits, le faire connaître dans la chaîne mondiale. Mais, en tous cas, le Mali a une grande potentialité dans cette filière de la gomme car depuis deux ou trois ans , on exporte beaucoup vers l'Inde qui, aujourd'hui, a une forte demande pour la gomme [rappelons que l'Inde est passé au premier rang des importateurs en 2016, lire supra, Ndlr] car la qualité malienne s'est améliorée et nous disposons d'importants volumes : aujourd'hui, le Mali peut exporter jusqu'à 15 000 t de gomme friable", a expliqué à CommodAfrica, Dasse Lah, sales manager de Lawal International Import-Export à Bamako.

La Cnuced entend accompagner le mouvement et vendredi, plusieurs projets ont été évoqués et des pistes de réflexion et recommandations lancés.

Tout d'abord, le projet de création d'un centre africain sur la gomme arabique qui serait sous l'égide de la Cnuced ou de l'Union africaine, l'Allemagne au travers de la GIZ s'étant proposée à le financer et le Soudan a abrité son siège.

Deuxièmement, l'appel lancé à une révision profonde de la classification de la gomme arabique qui relève actuellement de la nomenclature des agents de textures" (agents d'enrobage, stabilisant, épaississant, etc.), alors qu'il devrait être inscrit comme un produit "naturel", a-t-il été souligné. Ceci lui permettrait d'entrer dans le segment industriel majeur des aliments pour nourrissons.


... suite de l'article sur Autre presse


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