La vérité du scandale de Pomar éclate et éclabousse. Créée en 2008 sur les ruines de l’ancienne SOTOEMA (Société togolaise des marbres) et inaugurée en avril 2011, c’est en 2012 que POMAR a démarré officiellement ses activités.
A Pagala, le site d’exploitation, les activités de la société ont été officiellement lancées en pompe à travers une cérémonie à laquelle ont pris part les sommités de l’Etat dont Faure Gnassingbé. Son aventure n’a été que de très courte durée. POMAR a été financée par la BOAD à 5 milliards de FCFA, un contrat de prêt relatif au financement partiel du projet d’implantation d’une unité d’extraction et de transformation de marbre au Togo. Pour la BOAD, c’est un projet qui s’inscrit dans la « valorisation des ressources minières du Togo sur le plan international et vise un accroissement des capacités d’extraction et de transformation de POMAR Togo S.A sur les 9 prochaines années ». « Par le financement partiel de la BOAD de 5 milliards que coûte le projet, le volume de minerai extrait devrait passer de 46 500 m3 à plus de 274000m3, soit une augmentation », croyait savoir, à l’époque, l’agence de presse en ligne PANA.
La société a aussi bénéficié de la BIDC, d’un prêt de 5 milliards de FCFA, de même qu’une garantie du Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE) d’un montant de 2,5 milliards de FCFA. Dans ce projet, l’Etat, lui détient un capital de 10% et garde son œil sur la gestion. A la tête du Conseil d’Administration, la Directrice de Platine Communication, Rébecca Atayi, une habituée du sérail, est haut perchée. Mais sous elle ou avec sa complicité, la géante du marbre s’effondre seulement en trois ans années d’existence.
Les responsables de Pomar, les employés expatriés et probablement des complices du pouvoir, exécutaient des danses autour des premiers dividendes et se livraient à de la belle vie au clair de lune. Alors que les ouvriers togolais, dans leur situation de prolétariat, vivotaient avec leurs maigres salaires, la grande bourgeoisie des expatriés de nationalités marocaine, libanaise ou espagnole touche mensuellement au minimum 12 millions de nos francs. Selon les informations, en dehors de ce qu’ils gagnent ici au Togo, d’autres virements se font sur leurs comptes respectifs dans leurs différents pays. Ils bénéficient par ailleurs de mirobolants avantages de logement, de restauration. Véhiculés, eux, de même que leurs enfants et leurs femmes, ils sont couverts à 100% par une assurance-vie. Congés assurés et payés, leur villégiature aussi sont prises en charge. Leurs enfants fréquentent des écoles de luxe et leurs frais de scolarité sont pris en charge par POMAR. Et pendant ce temps, les ouvriers togolais doivent se contenter d’un salaire minimum de 98. 000 F sans indemnité (sauf celle de transport qui s’élève à 8000 F pour certains) et d’autres avantages auxquels ils ont droit.
Alors qu’elle rêvait de la création de plus 35 000 emplois, depuis 2015, la société succomba à une crise économique. Sa santé financière devenant critique, la société ne pouvait plus supporter les charges. Le personnel est mis sur le carreau. Plus de 98 des employés ont été licenciés pour motif économique avec 14 mois d’arriérés de salaires, sans indemnités de licenciement. Selon l’échéance en annuité convenue entre les employés licenciés et la Direction de Pomar, les dernières tranches devaient leur être versées le 25 avril, puis 25 mai pour finir en juin. Mais depuis décembre 2017, c’est le statu quo. Les employés qui depuis leur licenciement, broient le noir sont tournés en bourriques. Le dossier étant pendant devant le tribunal, les employés, étaient hier encore devant les juges. La Direction n’a pas répondu à la convocation, mais procède à des menaces. En réponse à leur deuxième convocation, le Directeur Adjoint chargé de la production de la carrière de Pagala se désengage de son titre et confie le dossier du contentieux avec le personnel licencié à Me Ali Bodjona, Avocate de la société pour gérer « tous les problèmes de la convocation ».
Selon des sources, la géante du marbre est en cours de liquidation judiciaire. Et les banques (BOAD, BIDC, ORABANK, UTB, BTCI, BIA) auprès desquelles elle a contracté des prêts sont à ses trousses. Des sources révèlent que la BOAD qui a engagé un huissier pour faire un inventaire des biens de la société, a fait saisir un de ses camions. Pour l’heure, le DG Adoum F. Dennis, Administrateur délégué et PO, est resté introuvable, ses collaborateurs proches sont difficilement joignables. Mais la société se livre à une contrebande qui ne dit pas son nom. Il se raconte que clandestinement, elle fait transporter des marbres concassés de son site à Pagala, à Accra où elle a une société sœur, par les frontières Aflao via Lomé. Pour le DG, ce sont des activités licites pour faire face à certains besoins dont l’électricité, de l’eau, entre autres sur la carrière.
La Générale d’Afrique, une autre société du mystérieux PDG Adoum Dennis ayant eu le marché de la mise sur satellite de la TVT est aussi en liquidation judiciaire pour les mêmes motifs. Une dizaine de ses employés sont licenciés. Au siège de la société à Bè, rue de l’Ocam, personne ne répond aux questions de la presse. Quant au PDG qui a des entrées faciles à la présidence togolaise, il est depuis porté disparu. Bon à suivre !