Déchiré, sauté, taille basse, mini-Jupe, collant, combinaison, dos nus, bustier … les jeunes togolais ont de nouvelles habitudes vestimentaires. De styles qui moulent leur corps ou laissent entrevoir une partie de leur intimité. Le phénomène n’est pas nouveau mais il prend de l’ampleur. Il suffit de faire un tour dans la ville de Lomé, la capitale togolaise pour s’en convaincre.
Il sonne 18 heures à Deckon, l’un des quartiers les plus animés de Lomé. L’ambiance était des plus bruyantes ce soir-là. Sur le boulevard, une jeune fille, d’à peine 18 ans, habillée d’une mini-jupe toute transparente et d’un habit dont le devant couvre à peine les seins, s’offre en spectacle, nombril dehors. Elle n’était pas la seule. Des spectacles de striptease dans les rues de Lomé, on en voit chaque jour. Les accoutrements de la jeune génération ne cachent plus l'ensemble du corps. Le phénomène s’observe même dans les lieux d’apprentissages, les écoles et universités. Tout le monde se dit être « à la page ».
«Toutes mes amies s’habillent de cette manière. Il faut être à la mode et sexy. Sinon personne ne te regarde. On te traite même de villageois si tu t’habilles différemment », affirme Ornéllia, Etudiante.
« Quand on est jeune, il faut profiter de la jeunesse. Nous vivons donc notre temps. La tendance du moment, c’est des habits sautés et Jean déchiré. En plus, c’est joli à voir », renchérit son amie Rose.
De l’influence des chaines novelas et de l’internet
Le contact de l'Afrique avec l'extérieur a transformé, déformé et détruit la culture africaine authentique pour laisser place à une culture hybride qualifiée par certains de « chauve-souris ». Les films et les séries télévisés transforment les mentalités de la jeunesse africaine qui aujourd’hui veut être à l’image de la race blanche, représentée comme un modèle.
« Le contact de notre culture avec celle occidentale crée un déséquilibre dans la tête des jeunes pour qui le paraître, l'habillement devient le seul atout pour plaire », déplore, M. Joseph ASSOGBA, un enseignant qui explique qu’en Afrique, « le corps était une cathédrale sainte que personne ne pouvait violer du regard ».
« Tout était mis en œuvre pour garder ce sanctuaire intact. Des tenues longues à base de pagne étaient à la mode, de longues robes recouvraient l'ensemble du corps», a-t-il indiqué, avant de regretter le fait « qu’aujourd’hui, la donne a changé ».
Même si la responsabilité de cette dépravation de mœurs est imputée aux nouvelles technologies, il revient à chaque noyau de la société d’y remédier.
Pour la fin de la perversion vestimentaire
Nombre de personnes pensent qu’il revient aux parents de revoir l’éducation de leurs enfants. «Ce problème est en partie dû au manque de responsabilité de nous les parents, parce qu’on ne joue plus notre rôle. On laisse les enfants faire tout ce qu’ils veulent. Si on veut que les choses changent, il faut que chacun joue sa partition», conseille Georges, parent de deux enfants.
Parallèlement, certains prônent la sensibilisation des jeunes eux même tandis que d’autres proposent la traque des jeunes qui s’habillent indécemment. Selon ces deniers, au regard de la montée de la dépravation des mœurs, il doit avoir une police des mœurs pour arrêter les jeunes filles qui se baladent avec les bouts de fesses et seins exposés.
La globalisation n’est pas une mauvaise chose en soi ; le hic, c’est lorsqu’elle rend un mauvais service à une partie. L’apparition de différentes sortes de tissus et d’accoutrement venus d’ailleurs, doit faire évoluer considérablement la mode en Afrique, en intégrant des éléments tout à fait modernes. En revanche, cela ne doit pas pour autant perdre l’âme des traditions vestimentaires.
Rachel Doubidji
Cet article est réalisé dans le cadre d’un dossier thématique porté par 11 Médias d’Afrique francophone, bénéficiaire du projet Nouveaux Acteurs d’Information en Ligne en Afrique (NAILA).... suite de l'article sur Autre presse