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TOGO - FRANCE: Loïk Le Floch-Prigent : « Au Togo, il n’y a qu’un seul juge, c’est le Chef de l’Etat »
Publié le vendredi 14 juin 2013  |  Togo infos


© Autre presse par DR
Loïk Le Floch-Prigent, l’ancien PDG de Elf


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C’est sur un ton particulièrement amer, un ton de révolte totale et d’indignation absolue que Loïk Le Floch-Prigent, l’ancien PDG de Elf, inculpé au Togo dans une curieuse affaire d’escroquerie, est monté à nouveau au créneau pour dénoncer avec la plus grande véhémence, ce qu’il a vécu au Togo pendant plus de cinq mois de détention.

Cette fois-ci, c’est dans le « Grand Débat » sur Africa N°1 qu’il a été invité pour décrire tout le cinéma surréaliste qu’il a vécu au Togo et qui ressemble de près à un conte de fée.

Pour commencer, l’homme d’affaires français décrit les conditions de son arrestation à Abidjan le 14 septembre.

"J’ai été enlevé, kidnappé dans la zone de transit à Abidjan sur fond de corruption pour être transféré à Lomé sans procédure d’extradition, puis j’ai passé 5 mois au Togo sans dossier judiciaire et à la fin on m’a demandé une rançon de 9 millions de dollars" a sèchement indiqué Le Floch-Prigent.

« La plainte de l’émirati était irrecevable, mais pourquoi elle a été reçue, c’est parce que les autorités togolaises voulaient se débarrasser de Bodjona, il fallait d’abord que l’ensemble des inculpés parlent du mal de Bodjona pour être libérés".

"J’ai dit non, ce n’est pas à 69 ans que je vais commencer à escroquer ou à mentir, et comme je ne parlais pas du mal de Bodjona, ils ne sont pas contents et ils m’ont gardé pendant tout ce temps où j’ai failli mourir" a révélé l’ancien PDG de Elf.

Les propos du français sont particulièrement croustillants lorsqu’il reprend en des termes assez précis, les réponses que lui donnaient les juges lorsqu’il formulait des demandes de mise en liberté provisoire pour raison de santé.

"Lorsque je demande au juge vous avez signé le refus de ma liberté sans tenir compte du fait que je suis malade, il me dit j’ai respecté ma hiérarchie, mais je lui dis qu’un juge d’instruction n’a pas de hiérarchie".

"C’est clair qu’il n’y a pas de justice au Togo, il n’existe pas de droit lorsque le droit s’exprime par la volonté présidentielle, cela s’appelle une dictature, et j’ai eu à faire à une dictature héréditaire qui dure près de cinquante ans" a relevé Le Floch-Prigent.

Il poursuit son analyse sur le fonctionnement extraordinaire de la justice togolaise et sur le sentiment que cette justice lui laisse. L’homme d’affaires français va jusqu’à comparer le Togo à la Corée du nord où le régime dictatorial sème la terreur.

"C’est la première fois que je vois un Etat africain fonctionner comme cela. Finalement le Togo me fait plus penser à la Corée du nord qu’à un Etat africain. J’allais tous les mois en Côte d’Ivoire et je pensais que la Côte d’Ivoire était un pays qui respectait la loi, je me rends compte que ce n’est pas vraiment le cas, mais au Togo, c’est plutôt le festival".

"Pendant que j’étais encore au Togo, j’ai vu des gens arrêtés dans l’affaire des incendies, alors qu’aucune enquête n’était menée, on est bien dans une espèce de logique où on arrête les supposés coupables pour ensuite chercher des preuves contre eux" a observé l’ancien PDG de Elf.

Loïk Le Floch-Prigent va plus loin, très loin en passant que les choses ne peuvent pas restés en l’état au Togo.

Il demande par conséquent aux pays de la CEDEAO de prendre leur responsabilité pour demander au pouvoir de Faure Gnassingbé de revenir à la raison, à de bonnes pratiques pour mériter d’être encore membres de cette communauté.

"Il faut que les pays de la CEDEAO demandent au Togo de revenir à de bonnes pratiques, ils ont peur je ne sais de quoi, mais c’est à eux, c’est aux africains de s’assumer. Personne ne demande au Togo d’appliquer le droit français ou le droit sénégalais, le Togo a un droit, il faut qu’il l’applique et le respecte" a instruit Le Floch-Prigent.

Voilà qui dit tout sur l’instrumentalisation éhontée de la justice togolaise, cette justice qui est totalement inféodée au pouvoir avec "des effectifs truffés par des activistes du parti au pouvoir, le jeu des nominations des magistrats vicié par des impératifs d’allégeance et une ritualisation de la machine judiciaire comme arme de règlements de comptes politique" comme l’a relevé Franck Ekon, correspondant du site letogolais.com au cours du même débat..

Lire l’émission sur ce lien

http://www.africa1.com/spip.php?article33224

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