Depuis quelques années, la société d’exploitation du marbre togolais à Pagala, POMAR traverse une crise. Crise qui a conduit au licenciement d’une importante partie des employés. Solidaires avec leurs collègues licenciés mais aussi plaidant pour un accompagnement aux responsables de cette société, les employés conservés (en Service à POMAR, Carrière de Pagala) ont jugé utile au travers d’un mémorandum de faire le point sur comment se présente la situation au sein de cette structure qui avait pourtant connu un début fort appréciable avec une exploitation allant jusqu’à 6000 blocs en 2011 pour un personnel de 269 ouvriers et projetant aller jusqu’à 3500 ouvriers.
Selon les termes de ce mémorandum, ces employés disent saisir cette « occasion pour lancer un appel pressant à toute personne physique ou morale compétente de bien vouloir prendre des dispositions afin que le reste des procédures entamées aboutisse pour une paix sociale dans le canton de Pagala ».
Aussi, en appellent-ils aux autorités gouvernementales, à « prendre des mesures pour s’assurer de la capacité de POMAR à continuer les exploitations dans le respect strict de la législation tout en honorant ses engagements vis-à-vis des travailleurs licenciés ou mieux, incessamment recruter un autre investisseur pour l’exploitation de la carrière de marbre de Pagala. Un investisseur digne de ce nom qui respectera en application les dispositions législatives et règlementaires liées au travail en général et l’exploitation minière en particulier ».
Du document dont Telegramme228 a reçu copie, on pouvait lire que c’est « à partir de 2015 que les salaires deviennent irréguliers jusqu’à atteindre 10 mois d’arriérées fin 2016. Cette situation a entrainé le ralentissement des activités dans tous les secteurs. Pour amortir les effets de la crise et des risques supplémentaires, une grande partie du personnel s’est retrouvée à la maison pour un temps mais payé, puis une réorganisation du travail en permanence rotative, en attendant de trouver une issue favorable à la crise.
La situation devenait de plus en plus critique au point que le promoteur de la société était contraint à recourir finalement au processus de licenciement pour motif économique. L’effectif du personnel de 269 en 2015 a été réduit à 241 en 2016. Ainsi, après de multiples entretiens avec le personnel, on aboutit enfin au licenciement pour motif économique en Juin 2017, touchant 98 employés. Ce licenciement est intervenu suite aux négociations entre les employés et l’employeur avec l’accord de l’inspection de travail. L’effectif après licenciement économique devient alors quatre-vingt-quatre (84) (27 employés à Lomé et 57 sur le site de Pagala ».
Les auteurs de ce document tiennent au respect du protocole de licenciement entre leur employeur et leurs camarades ou encore ex-camarades à savoir que « les salariés licenciés disposeraient d’une priorité de réembauche pendant les deux (02) première années suivant le licenciement » et « le solde de tout compte, composé des arriérées de salaire de 2016 à Juin 2017, de l’indemnité de licenciement, des 13ème mois de 2015 et 2016, sera reparti en sept (7) échéances et sera apuré au plus tard en fin décembre 2017 ». Ce qui visiblement n’est pas actuellement le cas surtout pour ce qui est du deuxième point où à ce jour, « seulement (04) échéances sur les 07 ont été versées et quatre (04) mois d’arriérés de salaire pour le personnel restant (conservé pour le service minimum).
Il reste en tout trois (03) échéances à payer aux licenciés puis vingt un (21) mois d’arriérées de salaire pour le personnel conservé ». Toutefois, regrettent-ils le fait que, « le promoteur n’ayant pas été en mesure de régler la totalité des frais dus aux licenciés en décembre 2017, ceci a suscité des réactions tendues dans les rangs des licenciés allant à des menaces à l’endroit de certains expatriés ; des manifestations de blocage des voies d’accès au site d’exploitation à Pagala depuis le mois d’Août 2017, la traduction en justice du promoteur et de surcroit des publications non fondées dans les journaux et sur les médias portant atteinte à la dignité du promoteur, voire de l’Etat ».
Contrairement à ce qui a circulé dans certains médias, le personnel conservé, en service à la Carrière de Pagala a tenu à apporter certains rectificatifs ou précisions comme par exemple, « les arriérées que réclament les licenciés sont des arriérées des mois non travaillés entièrement que le promoteur a promis payer », que « seul le site de la carrière est occupé contrairement aux publications évoquant l’expropriation des hectares aux populations ce qui les empêcherait de cultiver.
Les autres propriétés environnant sont toujours exploitées par la population » et que les projets socioculturels prévus par la société à savoir l’urbanisation de Pagala Village, construction des forages, renforcement des centre de santé de la préfecture etc., certains ont été réalisés (construction d’un pont reliant la poste à l’inspection de l’enseignement du premier degré de Pagala-Gare, des relevées parcellaires et floristiques en vue de procéder au dédommagement, le plan d’urbanisation du canton de Pagala Village, le reboisement des sites communautaires des cantons environnants…) » et qu’il n’en était rien de ce que le PDG ait disparu. D’après les informations, « il était en voyage quand la convocation à lui adressée est arrivée. Il s’est fait représenter par son Directeur financier puis son avocat ».
Enfin, indique ce mémo du personnel en Service à POMAR, Carrière de Pagala, « depuis que la crise est née, toutes les activités et avantages sont presque inexistants donnant naissance à d’autres formes d’activités aux conséquences néfastes à savoirs, multiplication des activités champêtres avec incinération des arbres et l’usage intensive des pesticides. La coupe anarchique de bois pour le chauffage, du charbon et des planches ; le braconnage ; l’augmentation du vol et de divers crimes dans les localités proches ».
C’est donc pour sauver une telle situation chaotique que ce mémorandum est écrit pour appeler à une implication des autorités togolaises pour une résolution définitive de cette crise que traverse cette société d’exploitation du marbre de Pagala.