Depuis 2009, la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) siège en tant qu’observateur à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et participe activement aux échanges relatifs à la construction d’une architecture internationale de la Finance Climat.
Elle a été accréditée en 2011 comme la première Entité Régionale de mise en œuvre du Fonds d’Adaptation et ladite accréditation a été renouvelée en juin 2016. Par ailleurs, la BOAD a accueilli en janvier 2013 à son Siège à Lomé, le premier Centre Régional de Collaboration (CRC) sur le Mécanisme pour un Développement Propre (MDP). Le choix de l’institution marque la reconnaissance au plan international de ses nombreuses actions et initiatives menées en matière de lutte contre les changements climatiques.
Le Centre Régional de Collaboration (CRC) de Lomé est une collaboration entre la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et le Secrétariat de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), dont le but est d’apporter aux gouvernements, aux Organisations Non Gouvernementales (ONG) et au secteur privé, un appui en matière de préparation et d’exécution de projets du Mécanisme de Développement Propre (MDP). Ce partenariat s'inscrivait dans le cadre du Protocole de Kyoto et par la suite, la mise en œuvre de l’Accord de Paris, dans le cadre des engagements pris à travers les Contributions Prévues Déterminées au niveau National (CPDN), mais aussi sur les autres mécanismes de la CCNUCC.
A date, cinq (05) Centres régionaux sont opérationnels à travers le monde : (i) le CRC Lomé (Togo) créé en janvier 2013, (ii) le CRC St. George (Grenade), en partenariat avec la Fondation pour la recherche et l’éducation des îles de Windward en mai 2013, (ii) le CRC Kampala (Uganda), en partenariat avec la Banque Est Africaine de Développement depuis juillet 2013, (iv) le CRC Bangkok (Thaïlande), en partenariat avec l’Institut pour la Stratégie Environnementale Globale depuis septembre 2015 et le CRC Panama (Panama), en partenariat avec la Banque de Développement d’Amérique Latine depuis mars 2017, en remplace- ment du CRC Bogota (Colombie). Des démarches sont en cours pour la création d’un sixième Centre en Chine.
Le CRC Lomé couvre 31 pays d’Afrique (pays francophone d’Afrique et les pays de la CEDEAO) et sa mission est d’accroître l’attractivité et le potentiel de développement d’activités d’atténuation dans ces pays. De manière spécifique, le soutien fourni par le CRC Lomé en termes de renforcement de capacités aux parties prenantes couvre des domaines entre autres (i) l'identification et le développement d'activités du MDP, y compris le soutien aux marchés carbones, (ii) l'appui au développement des Mesures d'Atténuation Appropriées au niveau National (NAMA en anglais), et (iii) la mobilisation de ressources de la finance climat.
1- AU TITRE DU MDP ET DES MÉCANISMES DE MARCHÉ
Le MDP est un mécanisme de marché par lequel les pays industrialisés financent des projets contribuant à la réduction des émissions de GES (Gaz à effet de Serre), permettant aux pays en développe- ment d’accéder à un développement durable par le transfert de technologies propres. Les réductions d’émissions de GES des projets MDP peuvent être échangées sur le marché carbone à travers des Unités de Réductions Certifiées d’Emission (URCE) équivalant à une tonne de CO2.
Pour répondre aux besoins des Etats, le CRC Lomé met en place des solutions adaptées pour chaque pays. Il développe avec les pays, des outils pour mieux prendre en compte la question de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le développement des projets à travers l’élaboration d’un Niveau de Référence Normalisé sectoriel. A titre d’illustration, en 2015, il a appuyé le Système d’Echange d’Energie Electrique Ouest Africain (en Anglais WAPP) pour l’élaboration de son niveau de référence normalisé.
De 2013 à date, le Centre a accompagné plus de 300 projets éligibles au MDP soit un appui direct à plus d’une centaine de structures et de porteurs de projets. Il a également piloté plusieurs initiatives pour accompagner les Etats dans leurs efforts pour l’atteinte des engage- ments pris dans le cadre de l’Accord de Paris. Il s’agit notamment de :
Alliance Ouest Africaine pour les Marchés Carbone et la Finance Climat
Elle a pour objectif principal de renforcer la participation des Etats d’Afrique de l’Ouest dans les mécanismes de financements interna- tionaux, et de façon particulière à travers les marchés carbone qui représentent une opportunité considérable pour le financement de l’action climatique prévue par l’Accord de Paris sur le Climat. L’Alliance bénéficie d’un appui financier, sous forme de dons, de la part du Ministère Fédéral d’Allemagne pour l’Environnement et la Conservation de la Nature (en allemand BMU). La BOAD à travers le CRC assure le rôle d’entité technique et de gestion financière.
Initiative «Instruments de Collaboration pour une Action Climatique Ambitieuse» (en anglais CI-ACA)
Elle a pour but de promouvoir la mise en place d’instruments de signal de prix sur le carbone dans les pays en développement. L’initiative est actuellement financée par des contributions volontaires des gouverne- ments Allemand, Norvégien, Suisse et Suédois et mise en œuvre par le Secrétariat de la CCNUCC, à travers le CRC Lomé.
L’initiative dote les pays d’une étude d’opportunité pour la mise en place d’instruments de tarification carbone. Pour sa phase pilote, elle œuvre avec le CRC pour doter le Sénégal d’un instrument de prix du carbone.
Réseau Sud-Sud sur la «Mesure, Notification et Vérification (MNV) et la Transparence en Afrique de l'Ouest»
La mise en place de ce réseau permet de fournir un appui technique aux pays de la CEDEAO dans le cadre de la MNV tels que les communications nationales et les Rapports Biennaux Actualisés, avec un accent particulier sur les secteurs de l'énergie et l’AFOLU1. Le réseau aide les pays et les institutions régionales dans la facilitation de la coopération Sud-Nord et Sud-Sud ainsi que dans l'échange de connaissances de haute qualité entre les pays participants.
Académie des jeunes leaders africains sur la diplomatie climatique
Le 13 avril 2018 à Nairobi, le CRC Lomé, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique et l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE) ont signé un Protocole d’Accord pour la création d’une académie de formation de jeunes élites africaines sur les questions liées aux changements clima- tiques notamment les aspects de négociations contenus dans les accords sur les changements climatiques.
La phase pilote de cette initiative se déroulera à Lomé avant la COP 24 en décembre 2018. Cette phase pilote est en court de mise en œuvre conjointement avec la BOAD, l’Université de Lomé, WASCAL, la CCNUCC et piloté par le CRC.
2- AU TITRE DE LA MOBILISATION DE RESSOURCES
Le CRC, mobilise d’importantes ressources auprès de partenaires et de pays surtout dans le cadre du renforcement des capacités des pays, des ONG, des porteurs de projets notamment ceux du secteur privé. Cette mobilisation a permis d’organiser depuis 2013 une centaine d’activités de renforcement de capacité, et d’évènements pour accompagner les pays dans leurs besoins relatifs au changement climatique. Le Centre a organisé ces activités avec et/ou pour le compte de nombreuses institutions financières (Banque Mondiale, BAD, KFW ...), des institutions multilatérales (CCNUCC, PNUD, PNUE ...) et des pays volontaires, sensibles à la lutte contre le chan- gement climatique (Allemagne, Norvège, Suède, Suisse, Pays Bas, Angleterre ...).
Aussi, il a appuyé des porteurs de projets dans le cadre de la mobilisation de ressources pour la mise en œuvre de leur projet, à l’instar du projet de développement du biodigesteur au Burkina Faso avec l’appui de la Coopération Néerlandaise (SNV) et de Hivos.
D’autres initiatives sont en cours pour drainer plus de financements dans la sous-région notamment la création de la Plateforme sur la finance climat dans la CEDEAO et les obligations vertes.
La Plateforme sur la finance climat dans la CEDEAO a principalement pour mission la diffusion des connaissances, le plaidoyer, le soutien à la mobilisation des investissements du secteur privé pour une croissance inclusive s’appuyant sur l’expertise locale au service des communautés et la coordination en vue de l’harmonisation des normes et des impacts des résultats de la finance (prêts verts et obligations vertes), y compris le développement de marchés régionaux de capitaux (initiatives des places boursières) tels que les indices verts et d’autres instruments financiers.
S’agissant des obligations vertes, il convient de noter que le besoin de financement des pays africains et surtout ceux de l’UEMOA sont énormes. Ainsi, pour un développement inclusif de l’action climatique à l’horizon 2050, les besoins en investissement sont estimés à envi- ron 1500 milliards FCFA par an. Toutefois, d’importants efforts restent à faire pour l‘accès universel à l’énergie pour l’Afrique d’ici 2025.
Dans cette perspective, le CRC a entrepris des réflexions avec la BOAD pour drainer les ressources disponibles à travers l’émission d’obligations vertes. Cet emprunt obligataire vert pourra satisfaire le potentiel significatif en investissements verts dont regorge la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), particulièrement dans le secteur de l’énergie, qui nécessite des actions à vocation non financière ciblées afin de permettre aux investissements d’arriver à maturité.
Avec l’appui du CRC Lomé, la BOAD est depuis avril 2017 observa- teur à l’International Capital Market Association (ICMA).
3- LES PERSPECTIVES
Le Centre envisage de mettre un accent particulier sur la mise en place des outils, instruments et le cadre institutionnel et règlementaire pour la mise en œuvre effective des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) en prenant en compte les Objectifs du Développement Durable. Il compte apporter des solu- tions appropriées aux Etats et aux entités nationales de mise en œuvre des projets, programmes et politiques.
Le Centre compte également apporter son soutien à la BOAD, à d’autres Institutions et aux pays membres pour leur permettre de se doter d’instruments de mobilisation de ressources à travers la tari- fication carbone, les obligations vertes et surtout l’implication du secteur privé. Pour ce faire, il compte développer avec les pays, des instruments de garanties des investissements du secteur privé.
1AFOLU : Agriculture, Forestry and Other Land Use
QUELQUES RENCONTRES RÉGIONALES ORGANISÉES PAR LE CRC LOMÉ.
1- Réunion régionale des experts sur les énergies renouvelables et les changements climatiques en Afrique Centrale (Mai 2016, Gabon).
2- Préparation de la mise à jour des Rapports Biennaux des parties à la CCNUCC (Février 2016, Togo).
3- Forum Africain du Carbone (Avril 2015, Maroc).
4- Accès à l’énergie par le financement axé sur les résultats et le MDP (Mai 2015, Togo).
5- Forum du Global Alliance for Clean Cook Stoves (Novembre 2015, Ghana).
6- Financement de l'accès à l'énergie solaire en Afrique de l'Ouest (Juillet 2014, Togo).