C’est à travers une lettre ouverte à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) que le Mouvement du peuple pour la liberté (MPL-Ablodéviwo) demande à cette institution sous-régionale de prendre en compte les aspirations du peuple togolais dans ses décisions. Lecture !
LETTRE OUVERTE DU MPL-ABLODEVIWO A LA CEDEAO SUR LA CRISE TOGOLAISE
Lomé, le 2 juillet 2018
A la suite de la dernière rencontre le 27 juin 2018 du dialogue inter-togolais sous l’égide de la CEDEAO et sous la présidence conjointe des Présidents Nana AKUFO-ADO du Ghana et Alpha CONDE de la Guinée, sanctionné par un communiqué qui a fait coulé beaucoup d’encre et de salive, les forces vives du peuple togolais représentées par le Mouvement du Peuple Pour la Liberté (MPL-ABLODEVIWO) tiennent d’abord à remercier les dirigeants non togolais de la CEDEAO pour tous leurs efforts depuis plusieurs mois pour trouver une solution juste, pacifique et durable à la crise politique que secoue le Togo depuis plus de 10 mois, avec des conséquences économiques et politiques qui préoccupent à juste titre toute la CEDEAO.
A cette fin, sous la pression de sa base militante, le MPL-ABLODEVIWO tient à attirer l’attention de tous les dirigeants de la CEDEAO sur le fait que la crise togolaise actuelle est d’abord politique, économique et morale avant d’être juridique et constitutionnelle, et qu’à ce titre elle a surtout besoin pour la solution espérée de gestes politiques et moraux forts posés par les responsables du régime héréditaire qui dirige le Togo depuis plus de 51 ans et qui constitue le régime héréditaire le plus long dans une république africaine et le plus long dans une république du monde après la Corée du Nord.
Le bilan économique et social alarmant du Togo, dont témoigne son PIB (Produit Intérieur Brut) par habitant qui est anormalement plus faible que celui de tous ses voisins, y compris le voisin enclavé du Nord qui utilise le Togo comme un « couloir de développement », milite en faveur des gestes politiques et moraux espérés en vue d’une « alternance politique pacifique » au Togo comme en Afrique du Sud après 43 ans du régime de l’Apartheid, tout comme le bilan alarmant d’une entreprise milite en faveur du changement indiscutable de ses dirigeants. Pour les militants du MPL-ABLODEVIWO comme pour l’écrasante majorité silencieuse togolaise, en plus des raisons d’une misère économique, sociale et morale insupportable, cette « alternance politique pacifique » au Togo s’impose d’autant plus que le régime héréditaire cinquantenaire togolais a déjà régné sur le Togo beaucoup plus longtemps que la « tutelle coloniale » quarantenaire française et le « protectorat colonial » trentenaire allemand.
A cette fin, les militants du MPL-ABLODEVIWO et l’écrasante majorité silencieuse togolaise tiennent à dire à tous les dirigeants de la CEDEAO qu’il est urgent de faire enfin passer en acte et engagement politique ferme de la part du régime togolais le « préambule aux réformes constitutionnelles » proposé par le rapport final du CVJR (Commission Justice, Vérité, et Réconciliation) constituant un vibrant plaidoyer en faveur de l’indispensable « alternance politique pacifique au Togo en 2020 », appelée également de ses vœux par le partenaire historique du Chef de l’état, le Président National de l’UFC, dans sa conférence de presse du 28 novembre 2017, ainsi que par la Conférence des Evêques du Togo dans leur dernière rencontre avec le Chef de l’Etat togolais après le déclenchement de la crise politique togolaise actuelle et après la publication de la déclaration de cette Conférence en date du 14 septembre 2017 en faveur des réformes et de l’arrêt de la répression des manifestations : «Il est extrêmement important que les Togolais dans leur ensemble s’accordent sur une vision commune de leur avenir en tant que nation.
De ce point de vue, la CVJR estime nécessaire que le concept d’alternance politique fasse l’objet d’un consensus entre les acteurs politiques, qu’il soit compris non comme l’occasion d’une revanche ou d’une chasse aux sorcières, mais comme le fonctionnement normal d’un système démocratique...
La CVJR réaffirme que l’alternance politique est une aspiration légitime du peuple qui a le droit de confier les rênes du pouvoir au parti dont le programme politique semble prendre en compte ses attentes. Mais en même temps, la CVJR soutient que l’alternance politique ne doit pas être comprise comme une occasion de vengeance ou d’exclusion des autres. Cette nouvelle vision de société repose sur l’apaisement social, le rétablissement de la confiance entre citoyens, leur acceptation mutuelle, la cohésion nationale et le respect par tous des valeurs civiques … De façon plus spécifique, les réformes institutionnelles doivent notamment viser la mise en place de mesures garantissant de meilleures conditions pour l’alternance démocratique ».
Compte tenu de cette aspiration légitime et inextinguible du peuple togolais « seul détenteur de la souveraineté populaire », conformément à l’article 64 de la Constitution Togolaise, les militants du MPL-ABLODEVIWO et l’écrasante majorité silencieuse togolaise trouvent ambiguë, partial et même contradictoire le communiqué de la CEDEAO en date du 27 juin 2018 sur la crise togolaise.
En effet, les militants du MPL-ABLODEVIWO et l’écrasante majorité silencieuse togolaise estiment que la violation flagrante de la Constitution Togolaise que constitue l’interdiction actuelle des manifestations pacifiques au Togo, notamment dans plusieurs préfectures du Togo, et qui n‘a pas été dénoncée dans ce communiqué, est sans commune mesure avec un retard éventuel des prochaines élections législatives par rapport au calendrier électoral conforme à la Constitution Togolaise, notamment au regard du retard de 10 mois sur ce calendrier lors des dernière élections législatives togolaises de 2013, sachant que ce dernier retard n’a jamais fait l’objet d‘un quelconque rappel de respect du délai constitutionnel, ni de la part de la Cour Constitutionnelle togolaise, ni de la part d’aucun parti politique togolais.
Sachant que l’organisation unilatérale avec des présomptions de fraudes par le régime héréditaire togolais le plus tôt possible, sans tenir compte ni de la conformité à la loi électorale en cours, ni des réformes constitutionnelles et institutionnelles réclamées préalablement par l’opposition togolaise, est une des revendications majeures du régime héréditaire togolais dans l’actuel dialogue inter-togolais, la satisfaction partielle de cette revendication par le communiqué de la CEDEAO du 27 juin en estimant « souhaitable », et non « impératif » (comme l’a abusivement affirmé le communiqué du parti UNIR en date du 28 juin), l’organisation de ces élections avant la fin de novembre 2018, et le renvoi à fin juillet 2018 de la décision de la CEDEAO sur les revendications majeures de l’opposition togolaise concernant les réformes constitutionnelles et institutionnelles, la transition et la non candidature du Président togolais à un quatrième mandat en 2020, sont ressentis par les militants du MPL-ABLODEVIWO et l’écrasante majorité silencieuse togolaise comme une attitude partiale de la CEDEAO en faveur du régime héréditaire togolais, comme le confirme le communiqué cité de UNIR.
De plus, sachant que l’organisation non consensuelle d’élections frauduleuses a souvent été sous le régime héréditaire togolais une source de « menace à la paix et à la stabilité du Togo et de la sous-région », comme le prouvent les sanglants évènements postélectoraux d’avril 2005, cette incitation de la CEDEAO au régime héréditaire togolais pour l’organisation avant fin novembre 2018 de telles élections est pour les militants du MPL-ABLODEVIWO et l’écrasante majorité silencieuse togolaise en contradiction patente et irresponsable avec la recommandation de ce communiqué par laquelle « les facilitateurs invitent instamment tous les partis politiques et toutes les forces vives togolaises à s’abstenir de tout acte et de tout agissement susceptible de constituer une menace à la paix et à la stabilité du Togo et de la sous-région ».
Les militants du MPL-ABLODEVIWO et l’écrasante majorité silencieuse togolaise invitent donc à leur tour instamment les facilitateurs du dialogue inter-togolais en cours et tous les autres dirigeants de la CEDEAO à sortir lors du sommet de la CEDEAO à la fin de juillet 2018 de l’ambiguïté, la partialité et la contradiction du communiqué de la CEDEAO du 27 juin 2018, pour prendre des décisions finales permettant une solution juste, pacifique et durable à la crise politique que secoue le Togo depuis plus de 10 mois, en tenant enfin compte de l’aspiration légitime et inextinguible à «l’alternance politique pacifique » du peuple togolais « seul détenteur de la souveraineté populaire » à l’exclusion de Chef de l’état togolais et du gouvernement togolais, conformément à l’article 64 de la Constitution Togolaise.
A cette fin, indépendamment des propositions de sortie de crise soumises à l’appréciation des facilitateurs du dialogue inter-togolais en cours par la coalition des 14 partis de l’opposition togolaises et les associations de la société civile togolaise, qu’il soit permis au MPL-ABLODEVIWO de porter à la connaissance de ces facilitateurs ses propres propositions publiées par le journal en ligne ICI LOME le 22 février 2018 dans l’article « MPL : Appel pressant au Chef de l’Etat togolais et à la coalition de l’opposition togolaise ».
Ces propositions pour « une alternance politique pacifique et cordial» sur lesquelles semblent s’être alignés depuis leur publication tous les autres partis et toutes les associations de la société civile de l’opposition togolaise, peuvent se résumer ainsi : 1) un geste politique fort de la part du Chef de l’Etat togolais annonçant son renoncement libre à briguer un quatrième mandat, conformément à sa propre déclaration sur la radio nationale allemande en juin 2016 : « pour que la démocratie progresse en Afrique, il faut nécessairement limiter les mandats à deux ou à trois » ; 2) l’engagement de la coalition de l’opposition togolaises à laisser le Chef de l’Etat terminer son troisième mandat, à faire voter un loi sur le statut des anciens chefs de l’Etat togolais leur garantissant l’immunité judiciaire et un niveau de vie conforme à leurs fonctions présidentielles passées comme en Namibie ; 3) la mise en place immédiate d’un gouvernement de transition dirigé par un premier ministre issu de cette coalition, et chargé d’organiser les prochaines élections locales, législatives et présidentielles d’une manière transparente et fiable comme l’a appelé de ses vœux le Président Emmanuel Macron en décembre 2017 à Abidjan, avec l’appui d’institutions internationales compétentes comme au Togo en 1958, et avec un cahier de charge établi d’un commun accord au dialogue en cours.
Pour terminer, pour contrôler et garantir la transparence et la fiabilité de ces élections devant être organisées par le gouvernement de transition, qu’il soit permis au MPL-ABLODEVIWO d’attirer l’attention des dirigeants de la CEDEAO sur l’annonce au congrès constitutif du MPL-ABLODEVIWO le 9 février 2018 de la mise en place le plus tôt possible de « la plate-forme commune aux sociétés civiles, religieuses et politiques, aux institutions internationales et à la Fondation Carter », devant porter le nom de «Comité d’Action pour la Transparence et l’Equité Electorale au Togo», et devant apporter un soutien populaire, diplomatique et technique de haut niveau à la limitation des fraudes depuis l’amont jusqu’à l’aval des processus électoraux, ainsi qu’à la limitation des injustices électorales, comme celle de la répartition des sièges de député.
Ces deux limitations, ainsi que des gages à être donnés par l’opposition togolaise à l’armée togolaise pour qu’elle devienne vraiment «républicaine» comme elle le revendique sur son site officiel et qu’elle devienne aussi exemplaire que l’armée burkinabé, constituent un passage obligé pour « Les Ablodeviwo », appuyés par toute l’opposition togolaise, toute la société civile et religieuse togolaise, les institutions diplomatiques et les ONG compétentes, pour renverser en faveur de toute l’opposition togolaise sous la houlette des « Les Ablodeviwo », le rapport de forces entre «le régime héréditaire togolais » et son opposition démocratique.