Dans un match incertain jusqu'à l'heure de jeu, les Français ont fini par assommer les Croates grâce au talent de Pogba et Mbappé. Les Bleus décrochent leur deuxième titre, 20 ans après 1998.
C’est le fardeau d’une nation de riches. L’équipe de France disputait sa troisième finale de Coupe du monde en 20 ans, dimanche 15 juillet à Moscou. Un record planétaire sur les deux dernières décennies. Une profusion qui oblige les Français finalistes à gagner pour entrer dans l’histoire. Au pays des fromages, tout le monde se souvient des vainqueurs de 1998, beaucoup moins des perdants de 2006, rangés dans un placard dont on ressort parfois les images du coup de boule de Zidane.
En face des Bleus se dressait la Croatie. À la fois une chance, les Croates ne sont pas l’une des toutes meilleures nations mondiales, et un piège : les hommes des Balkans sont portés par des joueurs superbes, Modric, Rakitic Mandzukic, et ont aussi démontré leur mental de fer pour se hisser en finale. Trois fois, en huitièmes, en quarts puis en demi-finales, ils ont été poussé par leur adversaire en prolongation ou aux tirs au buts, trois fois ils l’ont emporté. Enfin, les Croates rêvaient de venger leur aînés éliminés par deux buts de Lilian Thuram en demi-finale du Mondial 1998.
Le retour croate
Dès les premières minutes de cette finale moscovite, les Croates ont mis la pression sur le camp français, qui a d’abord semblé paralysé par l’enjeu. Même N’Golo Kanté, le milieu de terrain infatigable des Bleus, ratait des passes. Mais après avoir laissé passé l’orage dans les dix premières minutes, les Bleus sont remontés d’un cran sur le terrain. Antoine Griezmann et Kylian Mbappé ont commencé à toucher des ballons et fidèles à leur efficacité depuis le début du tournoi, les joueurs de Didier Deschamps ont marqué sur leur première opportunité. À la 18e minute, Antoine Griezmann tire un coup-franc légèrement excentré à 30 mètres. Le ballon rebondit sur le haut du crâne de Mandzukic, l’attaquant croate revenu défendre, qui trompe Subasic, le gardien croate (1-0, 18e). Les Bleus sont devant. Mais les Croates ne renoncent jamais.
Trois fois dans les matchs à élimination directe, les coéquipiers de Lukas Modric, le milieu de terrain génial du Real Madrid et l’âme de cette sélection, ont encaissé le premier but avant de revenir au score. Ils ne sont pas privés de le refaire face aux Bleus. À la 28e minute, le latéral croate Vrsaljko dévie de la tête un coup-franc lointain. Perisic est le premier à la retombée du ballon au point de penalty. Il s’ouvre le chemin du but d’un contrôle orienté et décoche une frappe à ras de terre qui trompe Hugo Lloris (1-1, 28e). Tout est à refaire.
La vidéo à la rescousse de la France
La France avait bénéficié lors de son premier match face à l’Australie de la toute première intervention de l’assistance vidéo de l’histoire de la Coupe du monde, pour une faute australienne sanctionnée d’un penalty. S’il y a un dieu de la vidéo, il favorise vraiment les Bleus. Suite à une main de Perisic devant le but d’Hugo Lloris sur un corner, l’arbitre argentin de la rencontre, Monsieur Pitana, a consulté longuement l’assistance vidéo pour prendre sa décision et siffler un penalty. Antoine Griezmann a continué son sans-faute dans l’exercice dans ce Mondial 2018 pour donner l’avantage à la sélection tricolore (2-1, 38e).
Paul Pogba au sommet
Une finale de Coupe du monde se joue souvent sur un fil. En début de deuxième période, Hugo Lloris a sorti une claquette magnifique pour sortir une frappe de Rebic (48e), puis à l’autre extrémité de la pelouse, Subasic a remporté son duel face à Mbappé (52e).
C’était avant que Paul Pogba, joueur au talent énorme, mais qui a longtemps parasité son jeu de gestes techniques superflus sur les terrains, éclabousse de toute sa classe cette finale sur une action où il a d’abord lancé dans la profondeur Kylian Mbappé d’une passe de 50 mètres en demi-volée, avant de se retrouver à la réception du centre du jeune prodige français pour marquer en s’y reprenant à deux fois (3-1, 59e).
La Croatie était à terre, dépassée par la puissance offensive de l’équipe de France. Les dés étaient jetés. Kylian Mbappé, un Pelé des temps modernes par sa précocité (19 ans) et son talent unique balle au pied, ajoutait un quatrième but à la 65e minute (4-1). Ce qui fait de lui le deuxième plus jeune buteur d’une finale d’un Mondial après son illustre prédécesseur brésilien. Le match semblait déjà terminé, le trophée prêt à être soulevé. Mais une finale de Coupe du monde ne se donne pas aussi facilement qu’un pourboire dans un fast-food américain. Un peu ailleurs, la tête déjà remplie de rêves fous, les Bleus ont encaissé un deuxième but sur une erreur de relance de Lloris, qui en voulant dégager s’est fait contrer par Mandzukic, qui réduisait le score (4-2, 69e).... suite de l'article sur Jeune Afrique