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Respect des droits de l’Homme : Togo, un élève récalcitrant !

Publié le vendredi 3 aout 2018  |  Fraternité
Restes
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Restes de pneus brûlés à Agoè comme signes de mécontentement
Lomé, le 18 octobre 2017. Restes de pneus brûlés à Agoè comme signes de mécontentement de militants de l`opposition.
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La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) a présenté, lundi 30 juillet 2018, la situation sur les droits des citoyens au Togo couvrant la période du 19 août 2017 au 20 juillet 2018. Une période au cours de laquelle, le pays a été secoué par une vague de manifestations contre Faure Gnassingbé et son régime. Dans son rapport, l’organisation de défense des droits humains se dit préoccupé par des faits graves. Ce qui vient corroborer, d’autres rapports accablant pour le pouvoir de Lomé.

Malgré le fait qu’il soit entouré de pays dans lesquels les normes démocratiques sont respectées, le Togo rechigne à s’ouvrir définitivement à la démocratie et au respect des droits l’homme. S’appuyant sur des forces de sécurité à la gâchette facile, les autorités togolaises ne laissent aucune chance aux mouvements populaires qui contestent le régime de Lomé. Encore une fois, un rapport vient montrer le vrai visage du régime autoritaire de Lomé.

Le rapport accablant de la Ltdh et bien d’autres…



Selon le rapport présenté par Me Célestin Agbogan, président de la LTDH, les violences ont fait 22 décès, 941 blessés dont 202 par balles et 472 arrestations à travers tout le pays. Le rapport précise également qu’à la date du 20 juillet dernier, 53 personnes sont toujours en détention.

Les incidents relevés ont été enregistrés lors des manifestions politiques organisées par la coalition des partis politiques de l’opposition et la mouvance présidentielle dans les villes et localités comme Lomé, Agoé, Adidogomé, Bè, Baguida, Kpogan, Anié, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kparatao, Bafilo, Kara, Mango et Dapaong, a par ailleurs rapporté le document.

Le rapport a fustigé la manière dont les déferrements se font dans les villes de l’intérieur du pays à savoir Bafilo, Sokodé, Mango et Dapaong. A ce sujet, le rapport a relevé que « La plupart des victimes rencontrées dans ces villes ont déclaré avoir été transférées directement à la prison civile sans passer par le parquet ». La Ligue a donc saisi l’occasion pour dénoncer les manquements de la justice pénale dans le pays entre autres, le droit des prévenus de se faire assister par un avocat de leur choix, l’absence des parties civiles, le défaut des éléments de preuves à charge contre les prévenus, le prononcé des peines disproportionnées à l’encontre des prévenus pour les mêmes infractions.

En fait, le rapport de la Lthd vient appuyer celui du Regroupement des Jeunes Africains pour la Démocratie et le Développement (REJADD) et le Réseau Africain pour les Initiatives de Droits de l’Homme et de Solidarité (RAIDHS). Le REJADD et le RAIDHS ont, eux, détaillé dans leur rapport, publié en février dernier après plus de 5 mois de manifestations, comment le régime Gnassingbé organise, planifie, choisit les méthodes et exécute sa brutalité répressive sur la population civile sans défense. Le rapport pose aussi avec acuité la question de la culture d’impunité des crimes commis. Ce qui a valu au président de la Rejadd d’être emprisonné sans aucune forme de procès depuis lors.

En outre, dans son édition 2017 du rapport sur les droits humains dans le monde, et relayée alors par le journal Fraternité dans son parution N° 270 du 09 mai 2018, le Secrétariat d’Etat américain a fortement épinglé le Togo. Le rapport 2017 sur la situation des droits humains dans le monde fait cas de plusieurs violations au Togo dont la privation arbitraire de la liberté, le recours excessif à la force par les forces de sécurité, l’absence de procédure régulière et les conditions dures et potentiellement mortelles dans les prisons et les centres de détention. Ce n’est pas tout.

Le Secrétariat d’Etat américain a également mis en exergue, les cas d’arrestations arbitraires, d’influence de l’Exécutif sur le pouvoir judiciaire, de restriction de la liberté de réunion, de corruption institutionnalisée, etc. Aussi, ce rapport a-t-il relevé des cas de corruption endémique dans l’administration, de discrimination contre les personnes handicapées, les femmes ainsi que de maltraitance des enfants. Le document classe ainsi, de fait, le pays dans la classe des mauvais élèves en matière de respect des droits humains.

De même en Février dernier, dans son rapport sur la situation des droits de l’homme au Togo, Amnesty International a dénoncé les «graves violations des droits humains» et fait état d’un recours «excessif à la force» par les autorités togolaises. Le rapport indique entre autre, qu’en dehors du fait que le pays ait pris des engagements pour prévenir la torture et les autres violations des droits humains commises par les forces de sécurité, et à veiller à ce que toute personne soupçonnée de tels agissements fasse l’objet d’une enquête satisfaisante et de véritables poursuites, les responsables présumés des violations des droits humains commises au cours des violences ayant émaillé l’élection présidentielle de 2005 sont toujours en liberté.


Togo, un élève récalcitrant…


Le vent de liberté promis qui a soufflé sur certains pays de l’Afrique postcoloniale atteignit le Togo en 1990. Toutefois, ni les multiples injonctions de la communauté internationale ni les quelques mouvements populaires n’ont pu permettre de rompre avec cette situation. Ainsi, en 2005 à l’annonce de la mort du Général Gnassingbé Eyadema, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 38 ans (1967 à 2005), certains togolais ont cru enfin apercevoir la lueur d’une nouvelle ère où la démocratie serait roi et le respect des droits humains serait la nuée qui guiderait le peuple togolais vers un lendemain meilleur.

A cet effet, malgré les atrocités subies par les Togolais après l’élection présidentielle d’Avril 2005, ils ont cru, du moins pour la majorité, au fils d’Eyadema qui a pris la succession de son père. Ce dernier, dans une profession de bonne volonté, a proclamé après les atrocités électorales de 2005 « plus jamais ça au Togo». Mais au fil des années, les mauvaises habitudes ont ressurgi. Et plusieurs rapports émanant des organisations de défenses des droits de l’Homme nationales et internationales ont eu et continue de dénoncer l’empiétement des droits humains au Togo.

C’est dire qu’en matière de respect des droits humains, malgré les engagements pris, Lomé reste un élève récalcitrant. Doit-on encore lui tirer les oreilles comme ce fut le cas avec la rupture des relations de coopération et de financement avec certaines partenaires internationaux en 1993? Cette option serait suicidaire pour un pays dont l’économie a été sérieusement fragilisée avec les derniers remous politiques liés à l’alternance. Mais toujours est-il que la communauté internationale doit chercher les voies et moyens pour adoucir le régime de Lomé et garantir aux Togolais « la vraie démocratie ».



Koffi Miboussomékpo

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