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Instabilité institutionnelle dans une situation de crise

Publié le lundi 13 aout 2018  |  Le Temps
Deuxième
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchakou
Deuxième débrayage dans les Universités publiques du Togo en l`espace de 30 jours
Lomé, le 25 juin 2018. Université de Lomé. Les activités académiques tournent au ralenti sur le campus de Lomé, à la faveur d`un deuxième débrayage dans les Universités publiques du Togo en l`espace de 30 jours.
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S’exprimant lors d’un atelier, l’universitaire Kpayé Koffi donnait son opinion sur l’instabilité institutionnelle en période de crise en Afrique de l’ouest.

S’exprimant dans une communication lors d’un atelier organisé par le centre d’observation et de promotion de l’état de droit (COPED) à Sokodé et à Lomé, le Dr Bakayota Koffi KPAYE, Historien, Maître-assistant à la Faculté des Sciences de l’Homme et de la Société (FSHS) à Université de Lomé, s’est dit, parlant de l’instabilité institutionnelle dans la sous-région que « les pays d’Afrique de l’Ouest sont secoués par des crises, qui ont un impact négatif sur la stabilité́, le développement économique et démocratique et le respect des droits de l’homme.

Les conséquences sur les populations sont souvent désastreuses ». Et pour cela, il préconise un Etat régulateur qui sache « organiser et distribuer les biens affectés à l’utilité publique de façon à assurer les mêmes chances de vie et de bien- être pour tous. Quand les biens d’utilité publique sont accessibles aux personnes de façon discriminatoire, la sécurité humaine commence à être précaire pour certaines catégories sociales ».

Le concept d’instabilité institutionnelle


Il définit l’instabilité institutionnelle comme « le dysfonctionnement des institutions publiques dans un Etat donné au regard de leurs différentes missions dans le strict respect de la loi et dans la limite du temps réparti pour leur fonctionnement. Les difficultés de renouvellement du leadership politique et d’ancrage d’une culture démocratique expliquent largement les crises politiques récurrentes comme au Togo.

L’instabilité institutionnelle a indubitablement des incidences néfastes sur la paix et la sécurité humaine dans un pays. La sécurité humaine pouvant s’interpréter comme le sentiment et/ou la capacité qu’a un individu ou une communauté humaine d’être à l’abri de tout danger menaçant les sources de la survie : la santé, l’alimentation, la reproduction de l’espèce, l’exercice de ses droits et devoirs, etc. Ce sentiment d’être en insécurité ou à l’abri est plus ou moins aigu selon qu’on est plus ou moins distant d’une menace. La sécurité humaine, de ce point de vue est liée à tout phénomène pouvant influencer l’environnement de l’individu ou de sa communauté.

Facteurs explicatifs du concept


Les facteurs explicatifs de l’instabilité dans un pays est d’ordre général et spécifique. La variable explicative la plus couramment mise en avant est l’ethnicité. Cette prépondérance du facteur identitaire n’est pas sans rapport avec une tendance à privilégier des approches culturelles au détriment d’autres approches, volontaristes, historiques ou institutionnelles.

Une autre explication couramment avancée pour expliquer l’instabilité est d’ordre économique. Tout comme l’explication identitaire, elle s’impose intuitivement compte tenu de la situation économique difficile de la majorité des États africains. A ces deux premiers facteurs expliquant l’instabilité, Dr Kpayé ajoute plus spécifiquement « la marginalisation des jeunes, l’extrême pauvreté , la mauvaise gouvernance englobant la corruption, la criminalité organisée, les systèmes de népotisme et l’accès limité à une justice équitable, l’exploitation des ressources naturelles, l’accès contesté à la terre, les élections, … sont des facteurs qui fragilisent l’Etat.

Les pistes de stabilité institutionnelle


Pour pallier les effets de l’instabilité institutionnelle, il faut veiller à ce que les projets, y compris les grands projets infrastructurels, emploient des habitants locaux, en particulier des jeunes s’ils ont les compétences requises.

Tous les analystes reconnaissent que la réduction de la pauvreté extrême est un problème de long terme qui fait intervenir de nombreux acteurs issus de divers secteurs. Il est important de prendre des mesures pour réduire la vulnérabilité face aux chocs externes, comme par exemple les augmentations de prix, les catastrophes naturelles, les inondations et les sécheresses, et pour remédier au manque de participation et à la corruption.

Il a été proposé que les ONG du secteur de la consolidation de la paix et de la gouvernance continuent de surveiller que les stratégies de réduction de la pauvreté restent soucieuses de leur impact potentiel sur l’instabilité ou les conflits et de veiller à ce qu’elles soient conçues pour atténuer ces risques. Il est aussi important de souligner, par exemple, qu’en concentrant le soutien au développement sur une région particulière, on peut attiser les tensions ethniques dans d’autres régions qui se sentent exclues des ressources nationales.

Pour réduire le risque de violence, les citoyens doivent faire confiance à leurs processus électoraux et à l’autonomie de la Commission électorale nationale.

L’éducation pour tous a longtemps été un slogan qui ne s’est pas traduit en politiques. Un accent doit être mis sur l’information et l’éducation des populations.

Il apparaît que dans des situations de crise, les jeunes sont mobilisées soit pour prendre part aux combats soit pour résister. Or, en temps de paix, les jeunes n’intéressent personne. Une réflexion doit être menée sur la mobilisation constructive des jeunes en temps de paix. Il faut aussi créer les conditions propices d’un meilleur vivre-ensemble social et économique.

La lutte conte l’instabilité est un combat mental. En effet pour réduire la pauvreté en Afrique, il est primordial d’intégrer aux habitudes quotidiennes des Africains certaines valeurs liées à la qualité de l’individu en société. Les politiques et programmes élaborées dans le contexte de lutte contre l’instabilité doivent prendre en compte certaines valeurs : l’ardeur au travail, le sens du bien commun, l’amour de la patrie, le civisme, une vraie culture de la citoyenneté, etc.

L’enseignant chercheur de conclure que les sociétés africaines sont fragilisées par l’instabilité politique et institutionnelle. Les difficultés de renouvellement du leadership politique et d’ancrage d’une culture démocratique expliquent largement les crises récurrentes. De la sensibilisation des acteurs sur la prise en compte de la dimension humaine de la sécurité en rapport avec la stabilité politique s’avère nécessaire.

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