La chancelière allemande est en tournée-éclair au Sénégal, au Ghana et au Nigeria. Trois pays-clefs pour l'Allemagne.
L'Afrique est décidément sur le devant de l‘actualité en Allemagne.Alors que le ministre de la Coopération Gerd Müller termine une tournée dans plusieurs pays du continent, la chancelière Angela Merkel vient d'entamer son voyage par une visite au Sénégal. La chef du gouvernement se rend aussi au Ghana puis au Nigeria.
L'économie d'abord
Officiellement, la tournée d'Angela Merkel en Afrique est placée sous le signe de l'économie. La chancelière l'a affirmé dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux en amont de son voyage, dans laquelle elle déclarait : "Je me réjouis de voyager en Afrique pour, une fois sur place, non pas parler uniquement de la traditionnelle politique d'aide au développement mais aussi des possibilités d'ouvrir une perspective économique. Et cette perspective économique est, pour la plupart des pays africains, très importante, car il s'agit de pays jeunes, parce qu'il y a de nombreux jeunes qui ont besoin de formation et d'emplois. Pour toutes ces raisons, nous devons renforcer notre coopération économique avec l'Afrique".
Lutter contre l'émigration irrégulière
Plus de 11 000 personnes originaires du Sénégal, du Ghana et du Nigeria ont déposé l'année dernière une demande d'asile en Allemagne. La plupart ont été déboutées. Pour l'heure, 14 000 ressortissants de ces trois pays vivent sur le territoire allemand sans avoir l'autorisation d'y rester.
Le politologue nigérian Garba Kare a des idées sur la façon dont l'Allemagne pourrait procéder pour endiguer ces départs. Selon lui,"de nombreuses incitations sont possibles. L'Allemagne peut accorder davantage d'aide, de crédits, développer le commerce pour faire en sorte qu'il n'y ait plus des centaines de milliers de gens qui tentent de gagner l'Europe par la Méditerranée."
Car renforcer l'économie des pays africains, c'est aussi combattre une des raisons de l‘émigration irrégulière, rappelle pour sa part l'africaniste Andreas Mehler de l'Arnold-Bergstraesser-Institut de Fribourg, qui souligne que "les trois pays que [la chancelière] visite sont des pays de départs massifs d'émigrés, souvent de façon illégale".
Expulsions trop chères
D'autant que les expulsions coûtent cher et sont difficiles à organiser. D'où les tentatives du gouvernement fédéral d'inciter les migrants au retour volontaire plutôt que de miser sur les retours forcés, comme l'a indiqué Angela Merkel lors de la visite du président ghanéen Nana Akufo-Addo en février dernier. Une déclaration accueillie avec prudence par le chef de l'Etat qui a précisé qu'il fallait "être absolument sûr qu'il s'agisse bien de ressortissants du Ghana".
Compact avec l'Afrique
Au Ghana comme au Sénégal, l'Allemagne finance des centres de conseil aux migrants. Les retournés volontaires sont censés y trouver un appui dans leur recherche d'emploi. Un autre centre de ce genre doit ouvrir ses portes avant la fin de l'année au Nigeria.