Voici 10 ans que l’immense rêve d’Atsutsè Agbobli s’est éteint sur les sables fins de la plage de Lomé

Publié le samedi 1 septembre 2018 | aLome.com

© aLome.com par E. G.
KOKOUVI JOACHIN ATSUTSE AGBOBLI, feu journaliste, historien, politologue et penseur libre togolais.

15 août 2008-15 août 2018 : il y a 10 ans ! Il y a déjà dix ans que le président du parti politique MODENA, Joachim Atsutsè Kokouvi Agbobli, l’homme aux idées percutantes et enracinées une lecture géopolitique du monde, a été fauché par la mort. La mort brutale et sauvage de cet homme a été ressentie par les Togolais comme celle qui avait frappé le président Sylvanus Olympio (père de l’indépendance togolaise). Tout comme pour le premier Président togolais, les circonstances du décès du politologue Agbobli ne sont pas jusqu’à présent élucidées. Même les travaux du médecin légiste international commis pour statuer sur les causes de la mort de l’historien Agbobli n’ont pas livré des résultats probants.

Un assassinat?

Le corps sans vie de l’ancien ministre de la Communication dans le Gouvernement Edem Kodjo 1 a été retrouvé le 15 août 2008 sur la plage, côté «Foyer des Marins». M. Agbobli était pourtant supposé être hospitalisé dans une clinique à Lomé! Mais, 48h avant la découverte macabre du corps nu du défunt, celui-ci a fait des confidences à deux journalistes togolais. M. Agbobli se disait menacé par des enfants de l’ancien Timonier national (Eyadèma Gnassingbé). Il a par la suite demandé à un Journal («Golfe Info») à qui il venait d’accorder une interview d’aller retirer la publication du jour sur le marché!
Dans l’interview en question, M. Agbobli avait abordé entre autres la dissolution du Fer (Fonds d’Entretien Routier, une structure dirigée par Ferdinand Tchamsi avec pour résultats la dilapidation de deniers publics).

Dans l’ensemble et comme d’habitude, M. Agbobli avait aussi dénoncé en des termes clairs la scabreuse gestion du Togo par la dynastie Gnassingbé. Des supputations et autres informations jamais vérifiées soutenaient aussi que le président du MODENA détiendrait des dossiers lourds sur des trafics de drogue, dossiers dans lesquels certaines personnalités du pouvoir seraient mises en cause... Ce qui est sûr, le Directeur de Publication du journal «Afric Hebdo» n’aura jamais publié des articles compromettants sur cette affaire. Chose curieuse, et ce sans aucune enquête, à l’annonce de la mort de l’historien, le Colonel Mohammed Atcha Titikpina, alors ministre de la Sécurité, a pondu depuis l’intérieur du pays un communiqué dans lequel il affirmait que M. Atsutsè Agbobli «est mort par noyade». Pour rappel, un expert onusien-médecin légiste- sollicité dans cette affaire, n’a pas confirmé cette assertion de M. Titikpina.

Un avenir fauché!

Dans une précédente interview accordée à «Golfe Info» depuis Varsovie en Pologne (la seconde épouse d’Atsutsè Agbobli résidait en Pologne) où il était en vacances, le politologue togolais Agbobli songeait à être candidat à la présidentielle de 2010. Peut-être le candidat unique de l’opposition... Mais hélas!
Pendant plusieurs années, M. Agbobli aura occupé l’espace médiatique national et international ; il n’a jamais eu de cesse de dénoncer le pilotage à vue du Togo et par ricochet celui des pays africains. Il a toujours estimé (vu la légèreté avec laquelle les questions relatives au Togo sont traitées) que son pays est victime d’un complot international. Comme par hasard, 10 ans après sa mort, le Togo baigne toujours dans l’immobilisme outrancier sur le plan politique.

Les principaux acteurs de la tragi-comédie politique qui se joue sur les 56.600 km² n’ont pas véritablement changé - les mentalités non plus-! Le rêve d’Atsutsè Agbobli s’est donc ainsi éteint sur les sables fins des plages de Lomé. Seuls, l’océan Atlantique et ses vagues lugubres connaissent les secrets de sa mort! Quant au Togo, le chemin de sa renaissance politique est encore loin. Malheureusement !! RIP Brave Agbobli!

N. G.

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