Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Diplomatie
Article
Diplomatie

C’était Kofi Annan, un prince parmi les hommes

Publié le jeudi 20 septembre 2018  |  Agence Ecofin
Le
© AFP par CRISTINA ALDEHUELA
Le Ghana enterre ce jeudi son héros, Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations unies.
Comment




Il a été l’un des visages majeurs de la diplomatie mondiale entre la fin du siècle dernier et le début de celui-ci. Le Ghanéen Kofi Annan a retrouvé la terre de ses ancêtres pour s’y reposer définitivement des tribulations d’une existence au service de la paix et de l’entente entre les peuples. Si, selon le mot de Dag Hammarsjold, «l’Organisation des Nations Unies n’a pas été créée pour nous emmener au paradis, mais pour nous sauver de l’enfer.» Kofi Annan, qui, «avait choisi de parier sur le meilleur de l’humanité», aura connu des victoires mémorables mais aussi des échecs tragiques dans l’accomplissement de sa mission. Retour sur le parcours d’un homme qui a incarné l’Organisation des Nations Unies dans ses forces, mais aussi dans ses faiblesses.


«Sans pression internationale sérieuse, déterminée et unie, comprenant les puissances régionales, il est impossible pour moi, ou pour n'importe qui, d'imposer au gouvernement syrien, d'abord, et également à l'opposition, d'avancer vers un processus politique». C’est par ces mots que le 2 août 2012, Kofi Annan jette l’éponge mettant un terme à sa tentative de médiation dans le conflit syrien. Cet échec, clôt une mission de six mois durant lesquels il aura essayé d’arracher un accord de paix dont aucune des parties impliquées ne voulait. Cinq ans après avoir quitté le secrétariat général de l’ONU, le Ghanéen a retrouvé inchangé, un monde où des nations aux visées contradictoires font passer leurs intérêts avant la recherche de la paix.


Itinéraire d’un aristocrate

Pour comprendre la vie et le sacerdoce de Kofi Annan, il faut se rendre à Kumasi. Dans cette ville, la seconde en importance du Ghana, naissent un jour d’avril 1938 les jumeaux Kofi et Effua qui ont un prénom en partage: Atta. Ils sont les enfants d’Henry Reginald Annan, cadre au sein de la compagnie Unilever, et issus d’une lignée aristocratique de l’ethnie Ashanti. Si sa jumelle, Effua, ne restera pas dans les livres, Kofi Annan, lui aura l’occasion d’écrire l’histoire.


Elève à la Mfantsipim School, une école méthodiste de Kumasi, il y obtiendra son diplôme en 1957, l’année de l’indépendance de son pays. S’en suivront des études en économie à la Kumasi College of Science and Technology, puis en 1961, une bourse d’études de la fondation Ford qui l’enverra poursuivre son cursus au Macalester College de St Paul dans le Minesota aux USA. Il complètera son parcours universitaire par un passage à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève, puis un séjour au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

C’est en 1962, à l’âge de 24 ans qu’il entre à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une agence de l’ONU basée à Genève. Il y restera douze ans avant de prendre la tête de la compagnie de développement du tourisme du Ghana jusqu’en 1976. Il retournera dans le système onusien en rejoignant Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Une carrière tranquille de fonctionnaire international en somme.

Jusqu’en 1992, quand le secrétaire général de l’ONU d’alors, Boutros Boutros-Ghali, met en place le département des opérations de maintien de la paix, Koffi Annan est nommé numéro deux du nouveau département avant d’en prendre la tête l’année d’après.


A ce poste, il connaîtra deux des plus grands échecs de sa carrière de diplomate. En effet, le monde assiste en 1994 au génocide rwandais. Une tragédie dans laquelle, le général canadien Roméo Dallaire estimera que le Ghanéen a été passif, empêchant les troupes onusiennes d’intervenir et d’attaquer les caches d’armes qui ont servi plus tard au massacre. A cette accusation, il répondra: «J’aurais pu, et j’aurais dû faire plus pour sonner l’alarme et réunir des soutiens.»


En 1995, il voit le massacre des Bosniaques à Srebrenica, sans que l’ONU ne puisse rien y faire. il dira de cet évènement que «si la responsabilité première est celle de ceux qui ont planifié et perpétré ce massacre et ceux qui les ont assisté dans son exécution, l’ONU a commis de grandes erreurs de jugements qui ont leur origine dans sa philosophie d’impartialité.»


Malgré ces bas, sa carrière connaîtra son couronnement en 1996. Cette consécration, pour Koffi Annan, viendra des rapports conflictuels entretenus par l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali, avec les grandes puissances, notamment les USA. Le copte s’attirera le veto des USA sur un renouvellement de son mandat à la tête de l’institution. En pôle position pour succéder à celui-ci, le Ghanéen devra se défaire d’un autre concurrent, africain, l’ivoirien Essy Amara, après avoir éssuyé quatre vétos de la France.



Un subsaharien à la tête de l’ONU

Premier subsaharien à la tête de l’ONU, son mandat sera marqué par l’augmentation de l’effectif des Casques bleus, et la multiplication de leur terrains d’intervention. En 1998, il réussira une médiation entre l’irakien Saddam Hussein, l’américain Bill Clinton et le Britannique Tony Blair. Les USA accusaient alors l’Irak de cacher des armes chimiques et menaçait de les bombarder. Saddam Husein consent à un protocole d’accord permettant la visite des sites suspects par les inspecteurs des Nations unies. Le pire est repoussé. Il peut en 2000 siffler la fin de la guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée. La même année, son rapport du millénaire inspirera la rédaction des Objectifs de développement du Millénaire (OMD).

Pour ses efforts, il reçoit en 2001 conjointement à l’ONU, le prix Nobel de la paix. Il est alors au sommet de sa gloire. Sa diplomatie feutrée faite de fermeté sous le velours de sa voix, de négociation et de recherche inlassable d’un accord entre les différentes parties semble porter des fruits. Mais le monde est sur le point de basculer, et le Ghanéen va assister impuissant, à l’explosion.


Dans le monde de l’après 11 septembre, l’Amérique est bien décidée à en découdre avec ce qu’il surnomme «l’axe du mal». l’Irak qui se retrouve inclus dans cet axe au côté de la Corée du Nord et de l’Iran, en fera les frais. Les USA accusent Saddam Hussein de détenir des armes de destructions massives. Toujours dans sa politique de conciliation, l’ONU s’essaie à plusieurs tentatives de médiation. Mais la manoeuvre échoue et les USA envahissent l’Irak, se lançant dans l’un des conflits majeurs de ce début du 21ème siècle. Koffi Annan dira plus tard de cette intervention qu’elle était illégale.

Sur le continent africain, il assistera à la crise au Soudan que son institution ne parviendra pas à désamorcer.

Sur un plan plus personnel, Kofi Annan se retrouve mêlé au scandale, «Pétrole contre nourriture». cette opération qui visait à la vente de pétrole irakien contre des biens de consommation, dans un contexte d’embargo qui pesait sur les population civiles du pays, vire au fiasco. Saddam Hussein aurait détourné environ 1,8 milliard de $ dans l’opération et le fils de Kofi Annan aurait « tenté d’intervenir dans la passation de marché ».

Si l’enquête innocente le secrétaire général de l’ONU, l’affaire fera néanmoins tache sur son mandat.


L’après-ONU

Le 1er janvier 2007, il passe le relais à la tête de l’ONU au sud-coréen Ban-Ki-Moon. On pourrait croire que pour lui, le combat s’arrêterait là. Mais la retraite a été pour Kofi Annan l’occasion de se lancer dans des croisades pour les grandes causes auxquelles il a toujours cru: la lutte contre le VIH, le développement de l’agriculture ou encore l’éducation.


Entre la présidence de l’African Progress Panel, celle de l’alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), et le lancement de sa fondation, il participe aux côtés de quelques personnalités mondiales de premier plan au l’association «Global Elders», initiée par Nelson Mandela pour la promotion de la paix et des droits de l’homme dans le monde.

Il signe durant la crise kényane de 2008, l’un de ses plus beaux succès diplomatiques en amenant les protagonistes Raila Ondinga et Mwai Kibaki à accepter le principe d’un gouvernement d’union nationale pour mettre un terme à la crise post-électorale qui a fait plus de 1000 morts.





... suite de l'article sur Autre presse

Commentaires