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Nathaniel Olympio inquièt du "jour où le Togo explosera"

Publié le jeudi 20 septembre 2018  |  IciLome
Premier
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchako
Premier jour de la nouvelle série de marches de l`opposition à Lomé et en province
Lomé, le 31 janvier 2018. Des militants et sympathisants des 14 partis politiques de la Coalition de l’opposition togolaise sont de nouveau dans les rues de Lomé pour contester le pouvoir de Faure GNASSINGBE. Selon le chef de file de l’opposition, Jean-Pierre FABRE, la Coalition ne saurait prendre part à un quelconque dialogue si le parti au pouvoir ne manifeste aucun signe de bonne foi. La Coalition conditionne sa participation au dialogue par la libération de tous les détenus politiques et la levée de l’interdiction de manifester à Sokodé, Mango et Bafilo. N. Olympio du Parti des Togolais.
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Par Nathaniel Olympio, Président du Parti des Togolais





La combinaison d’une frustration sociale qui ne cesse de s’accentuer et d’une frustration politique grandissante a plongé le Togo dans une crise majeure qui assombrit l’avenir immédiat du pays. Cela inquiète à juste titre les pays voisins. Car le jour où l’acte de trop sera posé par le régime de façon assumée ou sous une forme anonyme...le Togo explosera!

Nous avons organisé dans le cadre de la coalition des 14 partis politiques de l’opposition de gigantesques manifestations publiques, chaque semaine sans discontinuer entre septembre 2017 et février 2018.
Elles n’ont point fait frétiller le sens patriotique qui commande que les dirigeants d’un pays –dignes de ce nom – donnent une réponse positive aux attentes d’un peuple en colère.

Par ailleurs, des citoyens, organisés au sein de la société civile et regroupant toutes les couches sociales y compris les religieux très actifs, ont demandé le respect des libertés publiques et de l’Etat de droit, ainsi que l’instauration de la démocratie. Cela non plus ne semble émouvoir outre mesure le régime qui reste figé dans ses certitudes.

Il en va exactement de même pour ce qui est de l’activisme très dynamique de la diaspora à l’extérieur du Togo, tout simplement regardé avec un certain détachement par le pouvoir, pour ne pas parler de mépris.

Les seules réponses du régime restent ...les répressions violentes, l'instrumentalisation de l’appareil judiciaire et les manœuvres dilatoires dans un vingt-septième dialogue que le peuple togolais n’a jamais voulu.

On force le passage pour des élections à tout prix, en sachant pertinemment que la crise togolaise n’est pas qu’électorale. Les élections de 2005, 2007, 2010, 2013, 2015 n’ont rien réglé, elles ont plutôt aggravé la situation et conduit à la crise actuelle. Comment prétendre encore qu’une élection seule la résoudrait !

A cette situation alarmante s’ajoutent de nouveaux facteurs à haut risque tels que la profanation et l’incendie des lieux de cultes (mosquées et églises), comme si l’on voulait rendre ce cocktail sociopolitique encore plus explosif. Nous approchons dangereusement du seuil de saturation.


Si un dernier catalyseur s’y ajoute, ce sera le jour où le Togo explosera.

Le jour où le Togo explosera ce sera le jour où la coalition, la société civile et la diaspora n’auront pas réussi dans leur objectif d’obtenir une sortie de crise pacifique.

Le jour où le Togo explosera, ce sera le jour où – de par le jeu politicien – la situation se sera dégradée au point où un leader abordera la crise de manière plus rude avec l’assentiment du peuple excédé.

‘’Le jour où le Togo explosera’’… Nombreux sont-ils ces jours, portant en leur sein l’instant fatidique, entre aujourd’hui et la prochaine échéance présidentielle, en passant par le simulacre annoncé des législatives du 20 décembre 2018.

Tant que les réformes ne sont pas faites en profondeur, pas uniquement la limitation de mandat et le mode de scrutin, mais aussi les institutions telles que la Cour constitutionnelle et la CENI, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) et la Cour des Comptes, aucune élection n’aura de sens.

Tant que les Togolais n’ont ni acte de naissance, ni carte nationale d’identité et que ni le Cadre électoral ni le Code électoral ne sont revus, aucune élection n’aura de sens.

Tant que le découpage électoral n’est pas fait pour que les Togolais soient représentés de manière équitable à l’Assemblée nationale, et que le recensement général ne débouche sur un enrôlement biométrique intégral pour construire un fichier électoral sincère, aucune élection n’aura de sens.

Bien entendu, la libération des prisonniers politiques et la fin de l’état de siège de fait des villes sont indispensables pour avoir un environnement de sérénité.

Dans la situation actuelle, tout le monde sait que le Togo court vers la catastrophe. En attendant… on pratique la politique de l’autruche, on détourne hypocritement le regard, on ménage le régime, on prétend qu’il n’y a pas d’alternative crédible, on se dit impuissant ou, pire encore, on s’enferme dans de petits calculs de court terme et on oublie le peuple. Et la vie continue, inexorablement misérable pour la très grande majorité et ‘’business as usual’’ pour les autres, jusqu’au jour où… le Togo explosera !

Le peuple togolais gronde, sourdement peut-être, mais il gronde grandement.

Si le régime voulait tenir compte du grondement du peuple, il lui donnerait ce qu’il demande légitimement, c’est-à-dire la démocratie, l’état de droit et l’alternance. Je suis bien sceptique que cela advienne, à la lecture des postures du régime.

Si la coalition, la société civile et la diaspora veulent tenir compte du grondement du peuple, il est impérieux de coordonner davantage les actions, d’exercer une forte pression tous azimuts sur le régime au Togo et à l’extérieur, d’être ferme et déterminé, sans calculer, sans hésiter et sans tituber.

Si ceux qui accompagnent les Togolais veulent tenir compte du grondement du peuple, il leur faut activer rapidement les instruments de pression pour pousser le régime à montrer des signes d’ouverture.

Si le peuple lui-même veut tenir compte de son propre grondement, il doit s’exprimer publiquement, encore, tout en étant prêt à tourner la page pour une vraie réconciliation, sans rancune et sans réserve.

Enfin, pour tous ceux qui se battent pour l’État de droit et la démocratie, avec sincérité, soyons tous dans la détermination et le don de soi.

C’est mon choix, pour que n’arrive jamais sur la terre de nos aïeux ‘’ce jour où le Togo explosera’’.



Lomé, le 17 Septembre 2018

Nathaniel Olympio

Parti des Togolais
Président
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