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Tribune : Aux urnes, Togolaises, Togolais !

Publié le mardi 2 octobre 2018  |  Focus Infos
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© aLome.com par Edem GADEGBEKU & J. T.
La CENI a organisé sur le site du CETEF Togo 2000 une opération de simulation du recensement en situation réelle
Lomé, le 23 septembre 2018. Site du CETEF Togo 2000. La CENI a organisé une opération de simulation du recensement en situation réelle. Pr Kodjona KADANGA, Président de la CENI, s’est prêté en premier à l’opération de simulation en étant le pétitionnaire zéro, c’est-à-dire la première personne qui a sollicité son inscription sur une liste électorale.
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Depuis le 31 juillet 2018, un nouveau son de cloche oriente le débat politique au Togo. La tant attendue CEDEAO s’est finalement prononcée en enjoignant aux protagonistes de la crise togolaise l’obligation d’exécution d’une feuille de route qui, comme certains illustres universitaires togolais l’avaient prédit en octobre 2017, brille par son respect de l’ordre constitutionnel et par sa conformité aux principes élémentaires de la démocratie.


En premier lieu, lorsqu’une société politique est constituée, c’est que l’état de nature hypothétique initial a déjà fait place à un état juridique et que, par conséquent, des institutions existent et fonctionnent ordinairement dans un certain ordre. Nul ne peut, en venant arbitrer un conflit dans une telle société, faire abstraction de la tangibilité et de la validité des institutions existantes qui gèrent l’espace, les personnes et la contrainte légitime, pour formuler des solutions qui décrédibilisent les pouvoirs publics ou les mettent sur le même piédestal que les groupes sociaux et politiques ne jouissant d’aucun mandat populaire.

Ce serait violer un principe essentiel de l’idéal démocratique et la CEDEAO, forte de son expérience en matière de prévention des conflits et de régulation des crises politiques, ne pouvait en aucun se rendre coupable d’une telle forfaiture. Ce qui amène à comprendre définitivement, pour ceux qui doutent encore, pourquoi dans notre cas d’espèce, toute ultérieure contestation de la puissance publique et de ses démembrements organiques, ne saura être favorablement entendue par l’institution sous-régionale.

Cette évidence, il n’était nullement nécessaire d’être aristotélicien ou machiavélien pour la connaitre et l’assimiler. Malheureusement, elle a encore échappé magistralement à l’opposition des 14 et à une certaine société civile qui, depuis le début de la crise, ont commis la maladresse de remettre systématiquement en cause, devant des chefs d’État qui eux-mêmes sont des régisseurs de l’ordre public dans leur pays, la légitimité de la puissance publique dans notre pays.

Deuxièmement, lorsqu’un peuple rentre en insurrection pour la défense d’une plateforme revendicative qui n’a rien de subversif ni d’anticonstitutionnel, il est indiqué de l’écouter et de lui donner autant que possible ce qu’il demande : le Gouvernement l’a compris, et la CEDEAO aussi puisque cette dernière a plaidé auprès des acteurs politiques nationaux pour que les réformes tant sollicitées par les populations soient faites, et ce avant la fin de cette année 2018.
Il est aujourd’hui de l’ordre de l’évidence que le Gouvernement a pris la juste mesure de cette recommandation et qu’il s’active pour la mise en œuvre des réformes, même au prix d’un référendum qui restituera au peuple sa santa potest à normative en régime démocratique qu’est le vote. Il est utile de rappeler que l’essentiel de ces mesures réformatrices de notre Loi fondamentale avait été acquis de longue date par la partie gouvernementale, puisque depuis le 6 septembre 2017, c’est-à-dire à seulement trois semaines de l’insurrection du 19 août 2017, l’avant-projet de loi constitutionnelle du gouvernement contenait les plus importants points de réformes.

On pourrait d’ailleurs remonter plus dans le temps en rappelant au public que la mouvance présidentielle avait acquis tous ces points de réformes constitutionnelles depuis l’accord politique de 2010 entre l’UFC et le RPT, et que n’eurent été les atermoiements et les guerres feutrées menées par certains tenants de l’opposition entre eux-mêmes dans le cadre du CPDC rénové, ces réformes auraient dues être faites durant la législature 2007-2013. Certainement, plusieurs acteurs au sein de la majorité gouvernementale auront retenu cette cinglante leçon selon laquelle en démocratie, c’est à la majorité que revient l’épineuse charge d’orienter et de conduire les destinées du pays.

Pas à tous. Le concept de consensus de tous dont la recherche a presque toujours été à l’origine de la stagnation des velléités progressistes et réformatrices dans notre pays, ne relève pas des bréviaires de la démocratie. Que l’opinion le sache et que l’on mette fin à la récréation au Togo. D’ailleurs, l’actuelle conjoncture est une nouvelle occasion qui est offerte à la majorité gouvernementale pour qu’elle honore finalement ses engagements vis-à-vis du peuple et de la CEDEAO.


Objectif : fin 2018

À y voir de près, les Togolais devraient se réjouir de la tournure des évènements en cette fin d’année 2018. En effet, si la partie qui a toujours été stigmatisée à tort ou à raison comme étant le principal déterminant du blocage du processus des réformes, semble aujourd’hui plus qu’acquise aux recommandations de l’arbitrage sous-régional, ne sommes-nous pas à l’amorce d’une extraordinaire embellie politique et sociale ? C’est ainsi que presque subrepticement la longue conjoncture turbulente de notre histoire politique est en passe d’être transcendée. Il n’y a aucune raison pour que les Togolais n’en soient pas les protagonistes directs. Des élections locales, qui restaureront sur toute l’étendue du territoire le principe de la décentralisation et restitueront aux collectivités locales leurs valeurs développementaux et leurs potentiels procréatifs, sont annoncées.

Un référendum constitutionnel, semblable au très cité référendum de 1992 qui a consacré la fameuse C92, est prévu pour la finalisation des réformes constitutionnelles. Enfin, les élections législatives attendues depuis le 18 août 2018 auront aussi lieu, qui matérialiseront le principe de l’alternance démocratique au sein du pouvoir législatif, en attendant les grandes élections présidentielles de 2020. Tout ceci vient en l’honneur des populations lesquelles pourront finalement s’exprimer sur les éléments saillants de la sempiternelle ordalie qui déchire la classe politique nationale.

Sans nous attarder sur l’importance de ces trois joutes électorales pour le dénouement de l’actuelle situation critique du pays, voici les trois raisons essentielles pour lesquelles le peuple togolais doit se donner les moyens cette fois pour exercer son droit à la parole en allant voter massivement en toute responsabilité lors des trois convocations des 16 et 20 décembre 2018 .

La première raison pour laquelle les Togolais ne peuvent plus prendre le risque de boycotter ni de s’abstenir lors des prochaines élections, c’est la nécessité d’opérer les réformes constitutionnelles relatives aux élections présidentielles. Presque tous sont unanimes sur le fait que la plus cruciale question de cette crise, c’est bien le principe de la non limitation des mandats présidentiels formalisé dans la Loi fondamentale en 2002.

Que les Togolais comprennent toutefois que tant que cette disposition ne sera pas modifiée, l’actuel Chef de l’État pourra se représenter légalement autant de fois qu’il le voudra et, conséquemment, briguera autant de mandats qu’il pourra s’il gagnera toujours. Le seul moyen de mettre fin à ce cycle illimité des mandats présidentiels, c’est d’opérer les réformes constitutionnelles qui feront objet d’un texte lors du référendum du 16 décembre 2018. Le boycott d’un tel scrutin résultera contreproductif pour ce même peuple qui semble ne jurer que par l’alternance.

La deuxième raison est relative à la décentralisation. Si les critiques de mal gouvernance n’ont plus cessé depuis quelques années et que les mouvements sociaux se multiplient dans le pays en faveur d’une meilleure et plus équitable justice distributive, c’est justement à cause de l’extrême centralisation de l’administration du territoire. Le manque de proximité de l’État des populations locales est de loin l’un des facteurs structurels les plus importants de la lenteur du processus de développement dans le pays. Le seul fait que tous les Togolais, de Lomé à Cinkassé, doivent venir dans la seule ville de Lomé pour l’établissement de certains documents administratifs est un dysfonctionnement majeur de l’administration dû à l’absence de décentralisation.

La même logique vaut pour l’agrément des géomètres dont le service est géré à partir de la seule ville de Lomé, avec pour corollaire que des centaines de géomètres ayant passé et réussi au dernier concours d’agrément sont toujours en attente de leur agrément depuis plus de 15 ans, certains ayant même déjà perdu la vie, étant ainsi condamné à ne recevoir ce document professionnel essentiel qu’à titre posthume. La liste est longue…

Ces anomalies managériales qui étirent à l’extrême les temps d’exécution des procédures administratives et qui retardent l’État dans sa mission de satisfaction des besoins des citoyens, sont essentiellement dues à l’absence de décentralisation. Les élections locales annoncées sont justement l’une des mesures audacieuses prises par le Gouvernement, avec l’appui de ses partenaires internationaux dont la coopération allemande en particulier, pour corriger ces problèmes et faire enfin du mandat social une réalité tangible.

Au-delà de toutes tentatives thuriféraires en faveur d’un certain ordre politique, ces élections sont capitales et la participation des populations est fondamentale pour leur réussite.

Il ne faudrait surtout pas oublier que l’installation des communes entraine la mise en place des administrations locales. Ce qui contribue à résorber d’une certaine manière le chômage local. En effet, les locales du 16 décembre 2018 seront l’occasion pour « l’engagement » d’un total de 1516 conseillers municipaux au plan national, sans compter les relatifs personnels administratifs et toutes les dynamiques d’investissements locales ainsi que les projets de développement qui en découleront au grand bénéfice des populations elles-mêmes.

La troisième raison pour laquelle tous devront aller voter lors de ce scrutin est politique et concerne les élections législatives.

Le pays est à la fin d’une législature. Au-delà de tous les discours empreints de pessimisme que les uns et les autres distillent sur les réseaux sociaux et dans les débats radiophoniques, le renouvellement des représentants du peuple au parlement est un facteur clé qui participera de l’épuration radicale de la crise politique en cours. Que l’on se souvienne qu’après la deuxième guerre mondiale, c’est à la faveur de l’avènement à la tête des USA et de l’URSS de J.-F. Kennedy et de Nikita Khrouchtchev, que s’est installée la grande détente internationale de 1962 à 1979.

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