Interview d’Isaac Tchiakpé, conseiller spécial de G. Olympio : «Nous sommes un parti d’opposition constructive. Nous ne sommes plus dans la contestation systématique»
Il s’appelle d’Isaac Tchiakpé. Il est conseiller spécial du président national de l’Union des forces de changement (UFC), Gilchrist Olympio. En ce début des opérations de recensement électoral et à quelques semaines des élections législatives du 20 décembre 2018, ce cadre du « Parti Jaune » revient dans cette interview sur la vie de l’UFC, sur l’« assurance » de sa formation politique à maintenir son représentant au sein de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) au titre de parti parlementaire, sur son engagement à travailler à faire évoluer la situation du pays et surtout sur sa décision à contribuer au bien-être des populations par sa participation à toutes les échéances électorales à venir et son assurance à remporter la victoire à ces élections.
Lisez plutôt.
Bonjour M. Isaac Tchiakpé. Vous êtes conseiller spécial du président national de l'UFC. Est-ce que selon vous, l'UFC pourra toujours être représentée à la CENI ?
Isaac Tchiakpé : J'en suis assuré. Cela découle rigoureusement de la loi et des recommandations de la CEDEAO.
Mais le reproche que la coalition des 14 partis de l'opposition vous fait, c'est que vous voulez être en même temps au gouvernement et au sein de l'opposition. Que répondez-vous à cela?
Isaac Tchiakpé : En vertu de l’article 2 de la Loi portant Statut de l’opposition, par ailleurs la même ayant consacré M. Jean-Pierre FABRE comme Chef de file de l’opposition, et au regard de la déclaration signée par nos députés en début de législature et dont la présidence de l'Assemblée détient une copie, l’UFC est bel et bien un parti d’opposition, et doit être considérée comme tel.
Pensez-vous être en droit de maintenir votre représentant au sein de la CENI ?
Isaac Tchiakpé : C’est ordinairement que nous revendiquons le même droit que l’ANC, le CAR et l’ADDI d’être représentée à la CENI. En outre, nous jugeons utile de rappeler qu’en aucun cas le communiqué du comité de suivi de la mise en œuvre des recommandations de la CEDEAO ou le Code électoral togolais n’ont attribué à la Coalition des quatorze partis politiques de l’opposition (C14), les cinq (05) places à la CENI au titre de l’opposition.
En effet, le communiqué du comité de suivi de la CEDEAO qui, en parlant de « parties concernées », se réfère univoquement aux partis d’opposition parlementaire et non aux parties prenantes au dialogue.
Bon, l'UFC est-elle à l'heure où nous parlons un parti de l'opposition ou du pouvoir ?
Isaac Tchiakpé : Nous sommes un parti d'opposition constructive, c'est à dire une force de proposition et d'élaboration pour un Togo nouveau. Nous ne sommes plus dans la contestation systématique.
C'est au regard de notre histoire et de nos expériences de lutte que nous avons choisi une approche de négociation coopérative pour obtenir pacifiquement l'alternance.
La politique ce n’est pas la guerre, ni l’invective, mais un engagement basé sur des convictions. Cet engagement pour nous « UFCistes » est une volonté permanente et constante du changement dans la paix et la tolérance. Ce qui suppose de parler et de discuter voire de convaincre ceux qui sont différents de nous.
J'insiste : dans le contexte du Togo, seule une approche négociée peut permette l’alternance.
J’ajoute pour faire œuvre de pédagogie, que cette négociation doit se faire sur un mode coopératif qui exige une disposition particulière, un état d’esprit, permettant de créer un certain degré de confiance entre les parties et une forme de respect. Cela suppose donc une évolution des identités de tous les acteurs politiques togolais et qui passe par un changement des représentations que chaque acteur se fait de l’autre, du passé et de lui-même.
La réconciliation, le vivre ensemble et les négociations ne peuvent en effet aboutir que si les interlocuteurs admettent ainsi avoir un intérêt commun à parvenir à une solution équilibrée. Cela ne signifie nullement que le rapport de force disparaît.
Chaque partie cherche naturellement à satisfaire ses intérêts, mais elle recherche aussi une solution équilibrée. Une négociation coopérative requiert une forte crédibilité, une confiance mutuelle, une forme de savoir-vivre et une capacité à créer un esprit de groupe malgré le différend et les tensions. Elle implique également de susciter le respect, notamment par des propos qui restent mesurés et, surtout, crédibles.
Chaque partie reconnaît la légitimité de l’autre partie à défendre les siens, pour autant que chacune confirme et démontre sa volonté de participer à un projet commun plus large, qui réunit les interlocuteurs.
Les Cœurs ne sont pas vaincus par les armes, mais par l'Amour et générosité. Il faudrait que tous ceux qui affirment parler au nom du peuple togolais le sachent et s'inspirent de cet enseignement du philosophe Spinoza.
Notre motivation est de long terme, un TOGO nouveau réconcilié qui affronte son histoire sans vouloir la réécrire ni porter un jugement de valeur. Tournons la page et écrivons en de nouvelles.
Avec confiance, peut-être naïve, j'ai conscience que nous y parviendrons, car je sais que " tout ce qui est beau est difficile autant que rare à obtenir".
Votre parti sera-t-il candidat aux élections à venir?
Isaac Tchiakpé : Nous entendons être présent à l'Assemblée car un nous sommes un PARTI DE MISSION ET VISIONNAIRE pour contribuer à la construction d'UN TOGO NOUVEAU RÉCONCILIE, SOLIDAIRE ET FRATERNEL SANS EXCLUSION OU LES RICHESSES SONT ÉQUITABLEMENT RÉPARTIES.
Si nous sommes majoritaires, nous mettrons en œuvre très rapidement les mesures suivantes :
- Sur le plan des réformes politiques nous :
Soumettrons un avant-projet de loi au parlement limitant tous les mandats électifs à deux.
Soumettrons un avant-projet de loi pour amnistier les crimes politiques, économiques et les crimes de sang pour la période 1958-2018.
Soumettrons un avant-projet de loi portant sur le statut et les avantages des anciens Présidents de la République, Premiers ministres, présidents d’institutions, directeurs de sociétés d’État, anciens ministres, députés, officiers supérieurs de l’armée et chefs traditionnels encore en vie pour la période 1958-2018.
Mettrons en place un comité interministériel pour superviser l’apurement des recommandations de la CVJR et nous bonifierons le programme des réparations financières du HCRUN.
Nous Organiserons les états généraux de l’armée, de la chefferie traditionnelle, de l’éducation, de la santé, de l’administration publique, du secteur privé pour prendre en compte leurs besoins dans le cadre de la refondation de l’État Togolais.
- Nous engagerons une politique économique expansionniste : une fiscalité attrayante et une politique budgétaire expansionniste seront au cœur de notre politique de relance économique.
Les réformes sociales que nous allons mener (Assurance Emploi, Sécurité sociale, Santé et éducation gratuites) se feront dans ce cadre.
Il s’agira à court terme de poursuivre la dégradation du solde budgétaire par une augmentation des dépenses publiques pour stimuler la création d’emploi et la demande des ménages et entreprises.
- Sans compter les réformes sociales fondées sur la solidarité :
Ces réformes viseront à améliorer la qualité de vie des citoyens. Dans les 365 jours suivant la mise en place d’un gouvernement, nous :
Mettrons en place une Agence Nationale de Solidarité Sociale (ANSS) qui offrira une sécurité de revenu :
- Aux citoyens et familles à faible revenus. Par exemple, un citoyen âgé de 18 à 70 ans sans emploi percevra une aide de dernier recours mensuelle minimale de 25 000 F CFA.
- Aux citoyens de plus de 70 ans, sans autre source de revenu, une allocation mensuelle de 50 000 F CFA sera versée. Pour les prestataires d’une pension dont les revenus sont inférieurs à 50.000 F CFA par mois, l’allocation couvrira la différence.
Mettrons en place une Agence Nationale de l’Assurance Maladie ( ANAM) qui offrira une assurance maladie à l’ensemble des contribuables Togolais. Les services couverts incluront :
- Les visites médicales dans les cliniques publiques et privées.
- Les soins de santé de base (consultations, analyses médicales, traitement des maladies générales)
- Une prise en charge complète des soins de santé des enfants mineurs (0-18 ans).
Mettrons en place une Agence Nationale de Assurance Emploi ( ANAE) qui offrira un revenu de soutien pour une période de 6 à 9 mois au contribuable qui perd son emploi pour des raisons hors de son contrôle. Le contribuable pourra bénéficier de :
- Une allocation mensuelle proportionnelle à son revenu d’emploi pour 6-9 mois.
- Formations professionnelles gratuites et de soutien aux études pour améliorer son employabilité.
- Suivi du dossier pour assurer une transition rapide vers un autre emploi ou l’entreprenariat.
L’ensemble des mesures sociales que nous prendrions visent à améliorer de façon significative le bien-être du citoyen et le replacer au centre des politiques publiques.
Nous Mettrons en place une Agence Nationale de Prêt et Bourses (ANPB) pour les études universitaires et les formations professionnelles. L’agence offrira :
- Des prêts et bourses aux étudiants pour couvrir leur frais de scolarité et de subsistance pendant la durée de leurs études/formations professionnelle. Le montant du prêt et de la bourse sera déterminé par la tranche de revenu auquel appartient l’étudiant, ses performances académiques et ses besoins spécifiques.
- Des prêts et bourses aux adultes qui souhaitent retourner aux études ou suivre une formation professionnelle à laquelle ils ne sont pas éligibles par le biais de l’Assurance Emploi.
L'UFC est-elle désormais en adversité politique avec la coalition des 14 partis de l'opposition?
Isaac Tchiakpé : Absolument pas! Notre démarche est toujours inclusive, parce que nous avons une autorité morale et une légitimité historique qu'un revers électoral n'invalide pas.
Nous sommes les ainés de la scène politique : c'est à nous de montrer l'exemple et de tracer la voie du TOGO nouveau, en dépit des invectives qui sont très accessoires par rapport à la mission que notre parti a reçu pour accomplir la paix dans ce pays.