Par Damien Glez
Damien Glez est dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè
Pendant que Donald Trump démontre son désintérêt personnel - voire son mépris - pour le continent africain, son épouse en foule le sol. Et les États-Unis continuent d’y jouer un rôle de leader, dans bien des domaines…
Entre railleries et apitoiements, les humoristes des late shows américains n’ont de cesse de présenter leur First Lady comme une potiche largement déprimée par sa situation personnelle. Et de diffuser des interviews d’Américains moyens qui vénèrent toujours Michelle Obama, l’épouse de « l’Africain » Barack.
Est-ce pour prendre une bouffée d’air pur et s’émanciper d’un époux aux saillies misogynes que Melania Trump s’est envolée seule – et semble-t-il de sa propre initiative – pour le continent africain ? Est-ce pour s’imposer enfin dans son rôle de première dame sur le plan international ? Est-ce pour réhabiliter l’Afrique dans la parole émise par une administration Trump dédaigneuse ?
Contre-pied émancipé ou opération corrective ?
C’est ce mardi 2 octobre, en milieu de matinée, que la First Lady a foulé le sol ghanéen, première étape de son premier périple africain qui la conduira également, d’ici le 7 octobre, au Malawi, au Kenya et en Égypte. Souriante et juchée sur ses incontournables talons aiguilles, Melania Trump inscrit son séjour dans le carcan habituel d’une voix diplomatique ni élue ni nommée.
Égrenant un chapelet de rendez-vous avec ses « homologues » premières dames, elle se focalisera sur le bien-être des enfants, thème déjà pris en compte par sa campagne intitulée #BeBest (« être meilleur »). Elle entend également valoriser certaines facettes de l’intervention humanitaire américaine sur le continent, comme les actions de l’USAID, l’agence américaine pour le développement.
Contre-pied émancipé ou opération corrective ? Le séjour de madame Trump tranche donc avec la vacuité du discours de monsieur Trump sur le thème de l’Afrique. Quand le 45e président américain ne lance pas au continent des injures scatologiques, il ignore une Afrique largement minimisée dans la « National Security Strategy » actuelle. Pratiquement à mi-mandat, il n’a reçu que deux leaders africains à la Maison Blanche et n’a pas encore foulé la latérite africaine, pas plus que son actuel chef de la diplomatie, Mike Pompeo.
Interventions américaines sur le terrain
Pourtant, l’arbre du désintérêt présidentiel ne doit pas cacher la forêt de l’intervention étasunienne. Si les politiciens et les chefs de la diplomatie passent, les engagements américains en Afrique restent conséquents, voire leaders, dans des secteurs comme le combat contre le terrorisme ou la lutte contre le Sida.... suite de l'article sur Jeune Afrique