Nicodème Habia, "un comédien" selon le pouvoir au Togo

Publié le jeudi 4 octobre 2018 | DW Afrique

© Autre presse par Togo Scoop
Nicodème Habia en train d`être consulté par un médecin devant l`Ambassade du Ghana au Togo

Nicodème Habia boucle deux semaines de grève de la faim devant les locaux de l’ambassade du Ghana. Son état de santé s’est dégradé et il a été admis aux soins. Le pouvoir n’a pas permis qu’il soit évacué vers le Ghana.

La tenue traditionnelle ample que porte l’opposant togolais cache mal son corps amaigri. La grève de la faim qu’il a commencée en mi-septembre, a sérieusement entamé sa santé.

L’ex député de l’Union des Forces du Changement de Gilchrist Olympio a finalement quitté nuitamment la clinique où il était admis après l’échec de son évacuation sur le Ghana. "Il est à l’abri mais pas dans le maquis. Psychologiquement affecté, il poursuit sa grève de la faim", confie un de ses proches. Malgré cela, Nicodème Ayao Habia toujours combatif assure qu’il est "important de faire cette grève de la faim pour demander la libération de mes compatriotes qui croupissent dans les prisons du Togo".

Evacuation empêchée

Mardi (02.10.18), l’opposant togolais n’a pas pu traverser la frontière du Togo. Pourtant, son état de santé est jugé préoccupant. Après s’être montré un temps favorable à une sortie de l’opposant du territoire pour des raisons médicales, le gouvernement togolais l’a finalement bloqué à la frontière. On évoque un problème "d’autorisation de sortie". D’autres sources indiquent que le gouvernement s’est plaint de ne pas avoir été averti pa le Ghana avant de dépêcher à Lomé un avion pour transporter l’opposant.

Face à cette situation, l’opposante Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la C14 (Coalition des 14 partis de l’opposition) se demande "s’il n’y a pas une volonté délibérée de tuer".

"C’est criminel l’attitude du gouvernement. Et nous sommes franchement déçus" ajoute l’opposante.

Nicodème Habia en mauvaise santé

Le Président du parti « Les Démocrates », un petit parti de l’opposition, a cessé de s’alimenter et n’est maintenu en vie qu’en consommant du liquide. L’homme a perdu une dizaine de kilos, confient ses médecins. Professeur David Dosseh, un des médecins traitant témoigne qu’il y avait "des stigmates au plan biologique. Manifestement, il ne buvait pas assez. Il était en hypernatrémie et nous avons des craintes par rapport à sa fonction rénale. Après deux semaines de grève de la faim, je crois qu’il est important de l’accompagner pour qu’il n’y ait pas de séquelles qui s’installent".

Dimanche (30.09.18), un avion militaire affrété par Accra pour prendre en charge l’opposant a été refusé par Lomé. Joint par la Deutche Welle, le ministre togolais de la Sécurité et de la protection civile, le Général Yark Damehame qui n’a pas souhaité réagir à notre sollicitation, dénonce une "comédie" de l’opposant.

Dans un message (ci-dessus) en anglais posté sur un compte Twitter portant son nom, l’opposant affirme comprendre les appels à la cessation de sa grève de la faim. Il invite aussi le public à ne pas s’inquiéter pour lui car il ne fait que jouer sa partition. "Sans douleur, nous n’atteindrons rien au Togo", lit-on dans ce tweet. Dans un message précédent, il affirme aussi imaginer ce qui se passe avec les opposants encore en prison, pour avoir été lui-même torturé en détention sous Gnassingbé père.

Une quarantaine de personnes croupissent toujours dans les prisons togolaises après avoir été arrêtées lors des manifestations organisées ces derniers mois par la coalition de l’opposition. L’objectif principal de ces manifestations étaient la démission du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 13 ans et qui succède à 38 ans de règne de son père. Sachez aussi que le mouvement citoyen "Togo Debout", qui rassemble de nombreuses organisations de la société civile, a annoncé une nouvelle marche contre le pouvoir ce 5 octobre.

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