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Art et Culture

Théo Ananissoh : "Je veux être l’écrivain qui sublime les lieux du Togo. J’aime beaucoup ce pays"

Publié le vendredi 5 octobre 2018  |  GLOBAL ACTU
Le
© aLome.com par Edem Gadegbeku et Jacques Tchakou
Le 6è roman de Théo ANANISSOH intitulé «Delikatessen» au cœur d’un café littéraire à Lomé
Lomé, le 11 août 2018. Centre culturel Level. Le 6ème roman de Théo ANANISSOH intitulé «Delikatessen» au cœur d’un café littéraire. «Delikatessen», le dernier roman en date du Togolais Theo ANANISSOH, édité aux éditions Gallimard et paru en 2017, a été au centre d’un café littéraire. Enseignants-chercheurs, auteurs et ceux qui s’intéressent à la littérature et aux livres ont pu échanger avec l`auteur au sujet de son dernier roman.
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Parue le 05 octobre 2017 aux éditions Gallimard, Delikatessen, le sixième roman du Togolais Théo Ananissoh met en scène une jeune femme, Sonia, 32 ans, journaliste et vedette des médias nationaux, en instance de divorce suite à des violences conjugales.

En dehors de cette intrigue teintée de féminisme, l’auteur dénonce le fait que le pays est confisqué par des élites incultes et brutales sous le régime duquel les femmes ne semblent avoir aucune alternative que d’être humiliées à tout bout de champ.

De plus, dans le souci de présenter la fresque culturelle que représentent les villes du Togo, l’auteur fait une peinture alléchante des paysages pour redessiner la carte de son pays, «la source de son humanité». Bref, intelligence et sensibilité restent les choses les mieux partagées dans Delikatessen.


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Globalactu: Présentez-vous à nos lecteurs

Theo Ananissoh : Écrivain et essayiste togolais, je suis né en 1962 en Centrafrique. J’ai vécu aussi bien dans ce pays d’Afrique centrale qu’au Togo. J’ai fait des études de littérature en France. Je vis en Allemagne depuis 1994.

Pourquoi le titre Delikatessen, un mot allemand pour une œuvre écrite en français?

Oui, Delikatessen est un mot de la langue allemande. C’est une façon de rappeler que mon travail d’écrivain doit aussi beaucoup à l’Allemagne. Matériellement, ce pays est ma base, mon appui. Il en faut, quand on est originaire d’un pays d’Afrique dit francophone.

Vos personnages sont si attachants même s’ils ne sont pas tous sympathiques. Sur quelle base les avez-vous choisis?

Je ne crois pas les avoir choisis. Ce n’est pas si simple, en fait. Ils se sont développés au fur et à mesure du récit. J’ai commencé par imaginer une femme flamboyante comme Sonia Sika, puis il y a eu une dynamique dans la mise en relation de ce personnage avec d’autres, en particulier masculins.

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire dans un lexique clair?

Je voulais écrire un roman qui se lise… bien. Que le lecteur, quand il commence, ait envie d’aller au bout sans aucune phase d’ennui. La narration est sans cesse sur les personnages et leurs faits et gestes. L’idée ou plutôt l’envie au départ était d’écrire une sorte de polar. D’où cette clarté que vous relevez, qui doit aussi beaucoup au choix d’une narration au présent de l’indicatif. C’est plus vivant.

Les descriptions que vous faites des villes parcourues par vos personnages amènent le lecteur à découvrir un aspect sublime mais caché de ces villes. Pourquoi ?

Je veux être l’écrivain qui sublime les lieux du Togo. J’ai la chance de bien connaître la totalité géographique du Togo. J’ai passé mes années de lycée dans la région des Savanes, à Dapaong et j’ai beaucoup sillonné le pays du nord au sud et de l’est à l’ouest depuis cette période de ma vie. Le Togo a de très beaux morceaux de paysage ! J’aime beaucoup ce pays. Il est ma référence essentielle. Mon premier roman intitulé Lisahohé traite de la savane de l’extrême nord. Là, dans Delikatessen, je décris la côte, notre petite côte maritime et son océan atlantique. Lomé, Agbodrafo et Aného sont les lieux d’existence peut-être de la majorité des Togolais ; il convient de les mettre dans des livres, des œuvres de fiction littéraires. C’est ennoblissant pour nous.

A la lecture de l’œuvre, nous découvrons une autre image de la femme en général et celle togolaise en particulier. Voudriez-vous amener les femmes à découvrir une autre façon de s’émanciper?

J’ai voulu rendre hommage à la femme togolaise ou africaine en général. Éclairer un bout de son sort, de ce qu’est sa condition dans les temps actuels. La situation est plutôt conflictuelle pour elles, et pour les hommes aussi, logiquement. Situation difficile, pénible, vraiment. Lors de mon séjour à Lomé en juillet, août et septembre 2018, j’ai pu converser avec des femmes qui ont lu Delikatessen ; elles ont confirmé mon sentiment que la situation est très dure pour elles dans nos sociétés. Il y a un vrai travail d’éducation à mener sur ce plan qui, en réalité, contient tous les autres aspects de la vie sociale et humaine.

Oui, cela me plairait beaucoup que les femmes découvrent, à l’occasion de la lecture de mon roman, des inspirations pour mieux faire face à la réalité sociale actuelle.

Comment êtes-vous arrivé à percer le mystère de la femme dans sa globalité par le biais des personnages féminins Sonia en l’occurrence?

Avant de me mettre à écrire Delikatessen, je suis rentré au Togo ; j’ai interrogé et beaucoup conversé avec les femmes, jeunes et moins jeunes. Leurs propos m’ont aidé à mieux voir et sentir la réalité des rapports entre les sexes chez nous. On sous-estime la violence qui a cours ! Et le désarroi des femmes. J’ai inventé une histoire ou des histoires dans ce roman, mais les composantes sont vraies et tirées de la réalité des vies.

Vous faites une description particulière et très assortie de certaines parties du corps de la femme. Quel est le rôle que jouent ces créatures dans votre vie?

Dans ma vie personnelle ? J’admire la femme comme être de beauté et de tendresse. Elles le sont toutes, j’allais dire essentiellement. C’est le propre de la femme d’être fine. Je ne parle pas des caractères individuels, mais de la féminité en tant que telle. Et puis, c’est notre origine à tous. Donc hommage !


Seriez-vous en train de migrer vers l’écriture des romans féministes ?

Possible ! Vraiment. Votre question est très juste. Je suis en train de changer de trajectoire dans mon parcours d’écrivain. Je crois que je vais encore écrire quelque chose en hommage aux femmes d’Afrique. C’est plus politique que la… politique au sens commun.

Existeraient-ils des similitudes entre le personnage Enéas et vous?

Enéas, ce n’est pas moi. Je lui prête quelques éléments de mes expériences personnelles – le fait qu’il soit un littéraire par exemple, mais c’est un personnage à part entière, distinct de moi. Certes, il est d’Aného comme moi, mais je ne suis pas à confondre avec lui. Je n’ai pas vécu ce qui lui arrive, même pas un peu.


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