Par Marwane Ben Yahmed
Marwane Ben Yahmed est directeur de publication de Jeune Afrique.
L’Afrique est l'avenir de la Francophonie. Le continent rassemble plus de la moitié des États membres de l’OIF et la majorité de la population concernée. C'est donc une évidence : le poste de secrétaire général doit revenir à un Africain.
C’est la dernière ligne droite. Dans quelques jours (le 12 octobre), la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) sera élue par les cinquante-quatre chefs d’État ou de gouvernement des pays membres de l’institution réunis, curieusement, à Erevan, en Arménie. Ils ont le choix entre reconduire la Canadienne Michaëlle Jean dans les fonctions qu’elle occupe depuis 2014 et élire la Rwandaise Louise Mushikiwabo. Un duel de femmes, donc, ce qui est suffisamment rare pour être souligné.
Tout le monde accorde beaucoup d’importance à la personnalité de celle qui s’apprête à prendre les rênes de l’OIF. Sûrement trop. Au-delà du charisme, des compétences réelles ou supposées, du curriculum vitae, de la visibilité et de la faculté à impulser une réelle dynamique à l’organisation de l’avenue Bosquet – ce qui n’est tout de même pas négligeable –, le nœud du problème réside dans l’utilité d’une institution surannée, dépourvue de véritables moyens financiers, de cap et de stratégie. Le bât ne blesse pas au secrétariat général – ceux qui moquent le bilan de Michaëlle Jean sont de mauvaise foi – mais à la tête des États membres.
Il faut savoir ce que l’on veut. Soit une organisation influente, qui promeut la croissance, l’esprit de communauté et les règles qui vont avec. Soit un « machin » servant d’abord à recaser les cadres francophones en disgrâce dans leur pays. Reste que l’élection de la (ou du) « SG » demeure un grand moment médiatique et politique.
Il y a quatre ans, tout était simple : Michaëlle Jean l’emporta sans considération des qualités propres à chaque candidat, mais parce que François Hollande, qui dirigeait alors la France, en avait décidé ainsi et était parvenu à convaincre ses homologues africains, Macky Sall (hôte du sommet) en tête, du bien-fondé de son choix. À l’époque, l’Afrique s’avançait en ordre dispersé et présentait pas moins de quatre candidats face à Michaëlle Jean.
En revanche, la position de JA était la même qu’aujourd’hui : le poste de secrétaire général de l’OIF doit échoir à un Africain. D’abord en raison du poids de notre continent dans l’organisation, mais aussi de son histoire. Sur les vingt et un pays qui, en mars 1970, à Niamey, portèrent sur les fonts baptismaux son ancêtre, l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), quinze étaient africains. Quant aux pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle, ils s’appelaient Léopold Sédar Senghor, Habib Bourguiba et Hamani Diori (avec Norodom Sihanouk).
Quatre décennies plus tard, l’Afrique représente plus de la moitié (29 sur 54) des membres de l’OIF et la majorité de la population concernée (900 millions de personnes, dont environ 284 millions de locuteurs). Compte tenu de sa démographie, on peut même dire qu’elle est l’avenir de la Francophonie.
La grande nouveauté est qu’elle parle enfin d’une même voix, qu’elle soutient unanimement la ministre rwandaise des Affaires étrangères.... suite de l'article sur Jeune Afrique