Par Elhadj As Sy
Elhadj As Sy est secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
En 2017, 2 673 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'Europe. Ils sont près de 1 800 depuis le début 2018. Il est temps que les gouvernements africains prennent le drame à bras-le-corps, plaide Elhadj As Sy, de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge.
Chaque semaine, je reçois des messages désespérés de mon continent, où des familles et des amis sont sans nouvelles d’êtres chers partis pour l’Europe. «Monsieur, vous êtes mon dernier recours. Aidez-nous à retrouver mon frère ! Sa femme ne sait pas si elle doit continuer à l’attendre ou commencer son deuil », dit un message WhatsApp sur mon téléphone.
«Oncle, je vous en prie, ne nous laissez pas ici ! Emmenez-nous avec vous ! » m’a supplié un jeune en wolof alors qu’il débarquait de l’Aquarius à Valence, en juin dernier. «Durant notre odyssée, 75 amis sont morts, et nous avons dû jeter leurs corps à la mer. Comment pourrais-je regarder leurs parents en face ? Comment me réjouir d’avoir survécu ? » m’a dit un autre Sénégalais un mois plus tard, à Dakar, dans un long monologue entrecoupé de sanglots.